Les riches orgueilleux sont les «plus pauvres des pauvres», assure le pape
Le «plus pauvre des pauvres» est le riche ou le puissant qui n’accepte pas de se reconnaître «pauvre mendiant», assure le pape François dans son Message pour le Carême 2016, publié le 26 janvier. Dans ce message sans concession, le pape fustige le «délire orgueilleux de toute-puissance» de l’humanité qui refuse Dieu et il encourage les œuvres de miséricorde durant l’année sainte extraordinaire.
Dans ce message signé le 4 octobre dernier, fête de saint François d’Assise, le pape rappelle que la foi se traduit par des actes concrets et quotidiens que sont les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Des œuvres, ajoute-t-il, qui ne doivent jamais être séparées. Il explique ainsi la particularité de chacune: «Si à travers les œuvres corporelles nous touchons la chair du Christ dans nos frères et nos sœurs qui ont besoin d’être nourris, vêtus, hébergés, visités, les œuvres spirituelles, quant à elles, – conseiller, enseigner, pardonner, avertir, prier – touchent plus directement notre condition de pécheurs».
Rien d’autre qu’un pauvre mendiant
Face aux plus démunis, l’homme est appelé à prendre conscience de n’être lui-même «rien d’autre qu’un pauvre mendiant», ajoute le pape pour qui les personnes nécessiteuses sont «une opportunité de nous convertir». A ce titre, «le pauvre le plus misérable est celui qui n’accepte pas de se reconnaître comme tel, assène le pape François. Il croit être riche mais, en réalité, il est le plus pauvre des pauvres» car il est «esclave du péché». Et le pontife de mettre en garde contre l’utilisation de la richesse et du pouvoir non pas pour servir Dieu et les autres, mais pour «étouffer» cette conviction d’être un mendiant.
Un délire orgueilleux
Une nouvelle fois, le pape François renouvelle sa critique du modèle erroné de développement fondé sur l’idolâtrie de l’argent, qui rend les personnes et les sociétés les plus riches indifférentes au destin des pauvres, refusant même de les voir. Le pontife argentin fustige alors l’aveuglement et l’aliénation existentielle de l’humanité qui refuse Dieu, ainsi que le «délire orgueilleux de toute-puissance, dans lequel résonne, de manière sinistre, ce démoniaque ›vous serez comme des dieux’ (Gn 3,5)». Il condamne également «les idéologies de la pensée unique et celles de la technoscience qui prétendent réduire Dieu à l’insignifiance et les hommes à des masses qu’on peut manipuler».
Sombre, l’évêque de Rome pointe du doigt le danger que les hommes au cœur superbe, les riches et les puissants finissent par se condamner eux-mêmes à sombrer dans cet abîme éternel de solitude qu’est l’enfer. Mais le pape donne aussi la réponse: l’amour de Dieu, qui seul peut rassasier cette soif de bonheur et d’amour infinis que l’homme croit à tort pouvoir combler au moyen des idoles du savoir, du pouvoir et de l’avoir. «Ne laissons pas passer en vain ce temps de Carême favorable à la conversion!», plaide-t-il en conclusion du message intitulé «C’est la miséricorde que je veux, et non les sacrifices» (Mt 9,13). Cette année, le temps du Carême s’ouvrira avec le mercredi des Cendres le 10 février. (cath.ch-apic/imedia/ak/rz)