Le président iranien Hassan Rohani bientôt reçu par le pape
Le président modéré Hassan Rohani sera reçu par le pape François le 26 janvier 2016, 17 ans après la première et unique visite officielle d’un chef d’Etat iranien au Vatican. Une rencontre qui a lieu alors que la République islamique revient peu à peu dans le concert des nations grâce à un accord sur le nucléaire.
Cette première visite au Vatican du président Hassan Rohani, élu à la tête du pays en juin 2013, a lieu dans le cadre d’une tournée européenne en Italie, au Vatican et en France. Une première après le retour en grâce de l’Iran sur la scène internationale avec la levée des sanctions prononcée suite à l’accord sur le nucléaire du 14 juillet 2015. Le Saint-Siège, dont les relations avec Téhéran demeurent intactes depuis plus de 60 ans, avait d’ailleurs salué cet accord signé au terme de 12 ans de négociations entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Chine, la Russie, l’Allemagne et l’Iran.
Pratique de la liberté religieuse difficile
Bien que la liberté de culte soit garantie au sein de la République islamique iranienne, des rapports des Nations unies font état de violations des libertés religieuses vis-à-vis des minorités, notamment des catholiques qui représentent une partie ultra-minoritaire de la population (0,008 %), selon les statistiques officielles de l’Eglise catholique. Ainsi, si les conversions ne sont pas proscrites, explique l’Aide à l’Eglise en détresse (AED), il est difficile d’abandonner l’islam pour une autre religion, comme le montre une loi de 2010 interdisant aux chrétiens de célébrer dans la langue nationale, le farsi, afin de décourager l’évangélisation.
Après son élection, le religieux modéré Hassan Rohani avait défendu la liberté religieuse à la tribune de l’ONU à New York. Contrairement à son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, qui niait la Shoah, le président Rohani a condamné les crimes commis par les nazis contre les juifs. Mais ses déclarations, jugées insuffisantes par l’Etat d’Israël, n’ont fait qu’alimenter la polémique opposant de longue date Israël et Téhéran, allié de l’Etat de Palestine. En novembre dernier, dans un entretien accordé à des médias français, Hassan Rohani avait contesté la légitimité de l’Etat d’Israël actuel, souhaitant la création d’un seul Etat avec la Palestine. Tel Aviv aurait d’ailleurs exprimé son opposition au voyage du président iranien en Europe.
Relations diplomatiques ininterrompues
Le 12 février 2015, le pape François avait rencontré la vice-présidente iranienne, Sahindokt Molaverdi. Mais la seule visite officielle d’un président iranien au Vatican remonte à 1999: l’ancien président Mohammad Khatami y avait rencontré Jean-Paul II . Il était revenu en 2005, pour les obsèques du pape polonais, échangeant alors une poignée de main inattendue avec le président israélien Moshe Katsav. En 2007, deux ans après avoir terminé son mandat, Mohammad Khatami avait en outre rencontré Benoît XVI à titre privé au Vatican.
Quant à l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, à la tête de l’Iran de 2005 à 2013, il n’est jamais venu au Vatican malgré plusieurs visites à Rome pour des sommets de la FAO. En revanche, Benoît XVI et lui ont échangé des courriers, notamment en 2010. Le pontife allemand y plaidait pour le dialogue interreligieux et interculturel. En 2009, le Saint-Siège avait condamné les paroles «extrémistes et offensives» de Mahmoud Ahmadinejad, qui avait qualifié Israël de «gouvernement raciste» lors d’une conférence à l’ONU.
Paul VI est pour l’heure le seul pape à s’être rendu en Iran, lors d’une courte escale à Téhéran en 1970, au cours d’un voyage vers l’Asie et l’Océanie. Il s’était alors entretenu une heure avec le Chah d’Iran. Forts de leurs relations bilatérales ininterrompues malgré la révolution islamique de 1979, Téhéran et le Saint-Siège collaborent notamment aujourd’hui dans le dialogue interreligieux et dans des domaines scientifiques tels l’astronomie. (cath.ch-apic/imedia/ak/bh)