Les films exagèrent les pouvoirs de Satan, souligne un exorciste

La façon dont le cinéma présente les pratiques d’exorcisme est «décevante et inacceptable», affirme le Père Francesco Bamonte, président de l’Association internationale des exorcistes. Dans un article paru début janvier 2016 dans le quotidien du Vatican L’Osservatore Romano, le prêtre admet néanmoins que ces fictions peuvent «promouvoir une conscience plus aiguë» de la foi catholique.

Les films représentant des exorcismes peuvent être importants pour montrer comment Dieu triomphe toujours du mal, assure le Père Bamonte. Mais au lieu de cela, ils donnent souvent «une image déformée de la foi et exagèrent les pouvoirs humains et sataniques face à Dieu.»

La télévision et le cinéma ont habitué les gens à reconnaître la présence et les actes extraordinaires des démons dans les vies des personnes et le combat que l’Eglise mène contre eux. Les oeuvres de fiction dissimulent ou ignorent cependant «la merveilleuse, prodigieuse présence de Dieu et son travail». Les films négligent également le rôle de la Vierge Marie dans la lutte contre le mal, explique le prêtre.

Satan n’est pas omniscient

Les exorcistes comprennent à travers leur expérience, qu’en réalité, le démon est forcé d’affirmer la vérité et la foi catholique. «Par exemple, note le Père Bamonte, quand de l’eau bénite ou une relique sacrée est utilisée dans un exorcisme, les démons réagissent – souvent violemment – parce qu’ils sont forcés de chaque fois se soumettre au pouvoir de Dieu». L’exorciste explique que lorsque le démon entend une prière à la Vierge, il montre toute la haine qu’il Lui porte. Il est forcé de confirmer que Marie est la mère de Dieu et qu’elle intercède pour l’humanité.

Si les films fourmillent d’inexactitudes sur la foi, leur erreur la plus grave consiste à présenter la vie comme une bataille entre deux principes ou divinités de valeur égale: la lumière contre l’obscurité, le bien contre le mal…, affirme le prêtre. «Satan n’est pas le dieu du mal qui combattrait le Dieu du bien. Il est un être créé par Dieu qui, avec d’autres anges également créés par Dieu, est devenu mauvais parce qu’il a rejeté Dieu et son Royaume, de par son libre arbitre». L’exorciste assure ainsi que Satan et les esprits à son service ne sont pas omnipotents, qu’ils ne peuvent pas accomplir de miracles, qu’ils ne sont pas omniprésents et qu’ils ne peuvent pas connaître nos pensées ni l’avenir.

Les personnes de foi sont plus fortes que le diable

Contrairement à ce que montrent certains films, il est en outre faux de penser que le salut vient de personnes ayant accès à un quelconque secret ou à une connaissance supérieure. Pour le Père Bamonte, de telles représentations ne font pas que d’éloigner les gens de l’Eglise, mais créent l’illusion de l’existence d’une «classe d’êtres supérieurs». Les personnes qui vivent dans la confiance et l’abandon à Dieu sont plus fortes que le diable et que tous ses suppôts, affirme l’exorciste. «Ces vérités n’apparaissent pas dans les films».

L’article du Père Bamonte est paru dans le journal du Vatican accompagné d’une critique expliquant comment les films «d’exorcisme» ont été un genre particulièrement prolifique dans la catégorie des «séries B». Pour découvrir les meilleures œuvres de fiction sur le sujet, le critique cinématographique de L’Osservatore Romano, Emilio Ranzato, conseille de s’éloigner des films destinés au «grand public». (cath.ch-apic/cns/or/rz)