Somalie : La messe de Noël célébrée dans une base militaire de l’aéroport de Mogadiscio
Suite à l’interdiction, par le gouvernement somalien, de célébrer la Nativité et la saint-Sylvestre, officiellement pour des raisons de sécurité, les catholiques de Mogadiscio, en Somalie ont dû célébrer la messe de Noël du 25 décembre à l’aéroport de la capitale somalienne.
La cérémonie s’est déroulée dans une base militaire de Mogadiscio qui abrite les troupes de la Mission de l’Union africaine dans le pays (AMISOM).
Cette initiative de l’administrateur apostolique de Mogadiscio et évêque de Djibouti, Mgr Giorgio Bertin, fait suite à l’interdiction de célébrer Noël en Somalie, pays où 98 % de la population se réclame de l’islam, proclamé religion d’Etat. Le prosélytisme d’une autre religion est strictement interdit. Le gouvernement somalien a justifié cette interdiction par le risque d’attaques des terroristes du groupe al-Shebab, lié à Al Qaeda, mais ce n’est qu’un prétexte.
Volonté des islamistes d’interdire le culte chrétien
Dans les faits, cheikh Mohamed Khayrow, directeur général du ministère des Affaires religieuses, a expliqué à la presse que «tous les évènements liés aux célébrations des fêtes de Noël et du Nouvel An sont contraires à la culture islamique et pourraient nuire à la foi de la communauté musulmane».
Le cheikh Bur Barud Gurhan, responsable du Conseil religieux suprême de Somalie, a indiqué pour sa part que les festivités non-musulmanes pourraient provoquer la colère des islamistes d’al-Shebab. «Nous mettons en garde contre les célébrations de ces fêtes qui n’ont pas de rapport avec les principes de notre religion», a-t-il fait remarquer.
La fête de Noël déjà interdite en 2013
En 2013, déjà, les autorités somaliennes avaient pris une décision similaire, sous le prétexte que leur pays suit le calendrier musulman qui ne reconnaît pas le 1er janvier comme le début de l’année. La petite minorité chrétienne du pays vit dans un climat religieux précaire.
Mgr Giorgio Bertin, administrateur apostolique de Mogadiscio, s’est étonné de la nouvelle interdiction de fêter Noël. «C’est ridicule d’interdire une fête qui n’a jamais été célébrée en tant que telle par la communauté même dans le passé», a-t-il déploré.
«Il y a beaucoup de Somaliens de la diaspora qui sont rentrés et qui sont habitués à partager les célébrations de Noël avec les communautés parmi lesquelles ils vivaient. Ils ont amené avec eux dans leur pays ces célébrations», a-t-il relevé.
Des évêques saluent la coïncidence de Noël et du Maouloud
D’autres pays du continent africains n’obtempèrent pas aux diktats des islamistes et les religions continuent de cohabiter en bonne entente. Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, au Sénégal, a adressé ses salutations fraternelles et «ses vives félicitations» aux musulmans de son pays, qui ont célébré la naissance de Mahomet, leur prophète et fondateur de l’islam, alors que les chrétiens fêtaient Noël.
Au Sénégal et dans de nombreux pays d’Afrique au Sud du Sahara, la fête du Maouloud, (Moulid ou encore Mawlid Ennabaoui), marquant la naissance du prophète Mahomet, a été célébré dans la nuit du mardi 23 au mercredi 24 décembre. L’évènement a été marqué par des rassemblements dans les mosquées et foyers religieux, avec des récitations du Coran, des chants et poèmes. La lutte contre le terrorisme religieux a été au centre des interventions des chefs religieux et représentants de l’Etat au Sénégal.
Pour un monde «débarrassé du radicalisme et du terrorisme religieux»
L’archevêque de Dakar, dans son traditionnel message de Noël à la radio et à la télévision nationales, a plaidé en faveur d’un monde «débarrassé de la haine, de la division, de la guerre, du radicalisme et du terrorisme religieux». «Nous invoquons le Christ, Prince de la paix, pour qu’il soutienne les efforts de tous ceux qui cherchent à promouvoir la paix», a-t-il imploré dans son message.
La proximité des fêtes du Maouloud musulman et du Noël chrétien contribue, selon Mgr Ndiaye, à «une plus grande communion des croyants, dans la prière et l’amour fraternel. Nous en rendons grâce au Dieu de toute miséricorde! ”
Au Burkina Faso, le cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou, a aussi salué la coïncidence, cette année 2015, de la fête de Noël et du Maouloud, estimant que «la simultanéité des deux célébrations est un don de Dieu». «Nous sommes tous les grains d’un même et unique panier. Ce rapprochement des fêtes est un appel fort pour que nous puissions nous rapprocher les uns des autres», a-t-il souligné.
Une «persécution arbitraire» qui pousse les jeunes à fuir
Pour le cardinal Ouédraogo, par ce rapprochement, le Seigneur veut que «nous puissions nous aimer les uns les autres, que nous puissions nous respecter les uns les autres et qu’ensemble nous puissions contribuer à la gloire de Dieu et aussi apporter notre modeste contribution pour le bien du peuple burkinabè».
En Île Maurice, dans l’océan indien, Mgr Maurice Piat, archevêque de Port-Louis, la capitale, a dénoncé «la persécution arbitraire» qui pousse les jeunes à fuir «au péril de leur vie» sur les chemins de l’émigration forcée. Dans son message de Noël, il a dressé un parallèle entre cette situation et celle vécue par Jésus. «Sa famille a été exposée, comme tant d’autres, à l’indifférence. Quand elle avait besoin d’aide, les gérants de l’auberge chez qui ses parents avaient frappé lui ont fermé la porte au nez. Comme tant d’autres, sa famille est restée vulnérable…». (cath.ch-apic/ibc/be)