L'épiscopat européen souhaite un meilleur accueil des migrants
La Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE) salue, dans un communiqué, les conclusions du Conseil européen du 17 décembre 2015, qui fixe les prochaines étapes pour faire face à la crise des migrants. La COMECE a exhorté les Etats membres à en faire davantage pour l’accueil des migrants dans un document remis aux décideurs européens, en amont du sommet, par son président, Mgr Reinhard Marx.
En amont du Sommet européen, le Président de la COMECE, le Cardinal Reinhard Marx, a écrit aux décideurs européens une lettre d’analyse et de réflexion sur la situation des réfugiés, la migration et l’intégration. Ses réflexions sont tirées d’un document préparé par Mgr Zsifkovics, évêque coordinateur de la COMECE pour les réfugiés, la migration et la politique d’intégration.
Dans cette lettre, Mgr Zsifkovics constate que «la fuite vers l’Europe d’un nombre si important de personnes, en si peu de temps, a suscité des réactions très diverses – et, parmi elles, une émouvante générosité». «Mais, poursuit le prélat, elle a également donné lieu à un questionnement légitime et une inquiétude compréhensible: comment, au vu des circonstances, réussir l’intégration de ces personnes, tout en maintenant la stabilité sociale, le respect de l’Etat de droit et l’inviolabilité des ›ethos’ (habitudes) sociaux et culturels des sociétés européennes?».
Une mission de «vérité» pour l’Eglise
S’il estime que l’Eglise «n’a pas à s’immiscer dans la politique des Etats», Mgr Zsifkovics, citant Benoît XVI, insiste toutefois sur «la mission de vérité de l’Eglise à remplir, en tout temps et en toutes circonstances, en faveur d’une société à la mesure de l’homme, de sa dignité et de sa vocation». Cette mission de l’Eglise trouve son expression dans la «Doctrine sociale de l’Eglise» et ses principes de recherche de solutions qui sont indissociables de la dignité transcendante de la personne humaine et des exigences du bien commun.
Par ailleurs, souligne Mgr Zsifkovics, «L’Eglise catholique, de par sa propre conception, son histoire, sa tradition et sa mission, soutient les personnes qui se voient contraintes de quitter leur patrie à la recherche d’un nouveau pays». «Cependant, indique-t-il, l’enseignement de l’Eglise reconnaît également aux Etats souverains le droit et la responsabilité de défendre leurs frontières et de réguler les questions d’immigration avec justice, miséricorde et dans le respect du bien commun».
Rappelant la mission d’aide aux plus pauvres et aux plus démunis, le prélat exhorte la communauté internationale et les Etats, y compris les Etats membres de l’Union européenne, «à mettre en place une réponse responsable et commune à la crise actuelle des réfugiés et des migrants».
Changer les styles de vie
Enfin, conclut Mgr Zsifkovics, «l’Eglise catholique est prête – conformément à sa mission – à apporter aide et assistance à tous ceux qui arrivent et en particulier aux plus nécessiteux». L’Eglise s’engage à collaborer avec les autorités pour leur intégration dans les sociétés. «Cependant, ajoute-t-il, cela ne suffit pas: les besoins des réfugiés et des migrants, qui sont nos prochains, invitent nos sociétés et chacun d’entre nous à changer «les styles de vie, les modèles de production et de consommation, les structures de pouvoir établies qui régissent aujourd’hui les sociétés».
La COMECE planifie, pour début 2016, une rencontre entre les évêques des pays d’origine (Moyen-Orient), de transit et de destination des réfugiés et des migrants. L’objectif de cette rencontre, qui devrait se tenir à Vienne, est la concertation et la coordination de mesures qui pourraient être prises en matière d’accompagnement des réfugiés et de leur intégration.
Dans cette perspective, le cardinal Marx, dans une lettre adressée à ses confrères, a appelé les évêques d’Europe à plus d’engagement: «Nous devons encourager les autorités publiques, la société civile et les fidèles dans nos pays respectifs à renforcer leur solidarité envers les personnes dans le besoin, y compris les migrants et les réfugiés qui traversent ou qui s’établissent dans nos pays. Le jubilé extraordinaire de la miséricorde de 2016 nous invite à nous rappeler qu’accueillir l’autre, c’est accueillir Dieu en personne!». (cath.ch-apic/com/bh)