L’ombudsman de la SSR tance l’émission ECO de SRF critiquant l'aide au développement
«Les milliards de l’aide au développement ne servent pas à grand-chose», prétend le magazine économique ECO de la télévision alémanique Schweizer Radio und Fernsehen (SRF) dans une émission du 21 septembre. Elle ne donnait la parole qu’aux détracteurs de la coopération au développement.
L’ombudsman de la SSR pour la Suisse alémanique confirme la critique d’Alliance Sud: «En raison des faits et avis transmis, le public n’avait pas assez d’éléments pour se faire une opinion».
Alliance Sud, regroupant six organisations suisses d’entraide – Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas, Entraide protestante suisse (EPER) – estimait que le sujet et le moment de l’émission avaient été «bien choisis». Une semaine avant l’adoption de l’Agenda de l’ONU 2030 pour le développement durable (ODD), ECO s’est interrogé sur l’utilité de l’aide au développement.
Seules l’initiative privée et la croissance économique réduiraient la pauvreté
Mais la rédaction a enquêté seulement dans une direction et avec la thèse que seules l’initiative privée et la croissance économique réduisent la pauvreté. Alliance Sud, l’organisation de politique de développement des œuvres d’entraide suisses, salue explicitement toute confrontation différenciée sur les causes de l’inégalité globale.
Elle a cependant remis en question «le journalisme unilatéral» d’ECO devant l’ombudsman de la SSR pour la Suisse alémanique. Et elle a obtenu gain de cause auprès de son président, Achille Casanova: «L’analyse des quatre contributions (…) confirme sa critique. La façon unilatérale, qui présente ›l’aide au développement classique’ de façon seulement négative, permet à ECO d’étayer sa thèse». Certes, un sujet peut être présenté avec un certain angle, mais seulement «si c’est fait de façon transparente et les faits essentiels peuvent être relatés de façon correcte».
Travail journalistique à prendre plus au sérieux
Comme témoin principal de ses thèses, ECO avait fait appel à un économiste du développement, l’Américano-Britannique Angus Deaton. La Direction du Développement et de la Coopération (DDC) a été citée avec un tableau, les représentants d’une ONG ou d’Alliance Sud n’ont pas pu prendre position. Au contraire, le travail du Swiss Investment Funds for Emerging Markets (Sifem) a été loué sans la moindre critique. «Bien que précisément cet élément de la coopération suisse au développement ait été beaucoup critiqué ces derniers mois en raison de sa pratique opaque d’attribution», souligne d’Alliance Sud dans un communiqué publié le 7 décembre 2015.
Mark Herkenrath, directeur d’Alliance Sud, souligne que «la critique non différenciée de la coopération au développement est simplement du mauvais journalisme. Il serait important que les médias parlent des succès et des problèmes réels. Car la Suisse fait trop peu suivre d’actions ses belles paroles sur le développement durable». Au contraire, affirme-t-il, en 2016 et 2017, les dépenses pour l’aide au développement vont être réduites. «L’objectif fixé par le Parlement d’y allouer 0,5% de notre revenu national brut, va tomber à l’eau au moins jusqu’en 2020».
Alliance Sud renonce à porter plainte pour violation de la concession auprès de l’Autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radio-télévision (AEIB), mais elle espère qu’»à l’avenir la rédaction d’ECO de SRF va prendre son devoir journalistique plus au sérieux». (cath.ch-apic/com/be)