Chiamatemi Francesco, un film pour comprendre Jorge Mario Bergoglio
«A mon âge, les gens prennent leur retraite». Sur une terrasse, face à la basilique Saint-Pierre au soleil couchant, le cardinal Jorge Mario Bergoglio se demande ce qu’il fait à Rome. C’est à la veille du conclave de mars 2013 qui verra l’élection de l’archevêque argentin que commence Chiamatemi Francesco (Appelez-moi François), un film sorti au cinéma en Italie le 3 décembre 2015 et qui permet de mieux comprendre le pontife argentin.
L’archevêque de Buenos Aires, monté étendre du linge sur une terrasse à la veille du conclave, repense alors à son passé et à ce qui l’a mené jusque-là: son expérience de laborantin et le rapide baiser échangé avec une jeune femme; son choix d’entrer à la Compagnie de Jésus à 21 ans alors que certains, autour de lui, l’en dissuadent; son désir d’être missionnaire au Japon étouffé par ses supérieurs religieux. On regrettera cependant que son appel à suivre le Christ, dans une église de Buenos Aires, si souvent raconté par le pape lui-même, soit trop brièvement mis en scène.
Les années de plomb en Argentine
Le film fait ensuite très longuement le récit des années au cours desquelles le Père Bergoglio, provincial des jésuites en Argentine, s’emploie à sauver la vie de personnes pourchassées par les hommes du général Videla, durant les premières années de la dictature (1976-1983). Le spectateur n’est pas épargné de quelques images violentes. Le film court le risque d’un récit hagiographique et le religieux prend des airs d’Oskar Schindler, l’industriel allemand qui parvint à sauver 1’200 juifs durant la Shoah. On comprend bien cependant, que l’action de Jorge Mario Bergoglio répond à l’exigence de l’Evangile et que le religieux refuse obstinément de se situer politiquement.
On retrouve ensuite le Père Bergoglio à Cordoba, loin de Buenos Aires, au début des années 1990. La pellicule fait ainsi l’économie de son passage comme recteur à la faculté de théologie et de philosophie de San Miguel, et de son bref séjour en Allemagne pour un doctorat en théologie jamais achevé. Un saut de plus de six ans.
Dans les périphéries
C’est à Cordoba, en 1992, que le cardinal Antonio Quaraccino va chercher «l’ancien provincial qui confesse au milieu des poules et des cochons» pour en faire son évêque auxiliaire à Buenos Aires. Evêque en charge des périphéries, Mgr Bergoglio prend la défense des habitants d’un bidonville de la capitale argentine.
Une nouvelle fois, le film fait l’économie de ses années d’archevêque, de 1998 à 2013. Il n’empêche que l’œuvre permettra à beaucoup de comprendre d’où vient le pape François, en particulier son combat permanent pour les pauvres, les exclus, les périphéries.
Le film a été projeté en avant-première dans la salle Paul VI au Vatican, le 2 décembre. Dans la salle comble, quelques milliers de personnes en difficulté, des sans-abri ou des réfugiés avaient été invités à occuper les premiers rangs. Nombre d’entre eux sont repartis avec un panier-repas offert par le pape François, avec l’aide de l’Ordre de Malte.
«C’est un film pour ceux qui se demandent d’où vient le pape François et pourquoi il est ainsi aujourd’hui», confie à I.MEDIA le réalisateur italien Daniele Luchetti. «J’ai voulu comprendre, poursuit-il, pourquoi cet homme est sorti de nulle part, avec sa capacité à communiquer, son style, sa profondeur».
Après sa sortie dans 700 salles de cinéma en Italie Chiamatemi Francesco devrait être diffusé dans une quarantaine de pays. Une version longue en quatre épisodes pour la télévision devrait sortir en 2016. (cath.ch-apic/imedia/ami/mp)