Afrique, fondamentalisme, ›Vatileaks 2’, etc. : la conférence de presse du pape François   

Entre la République centrafricaine et Rome, comme le veut la tradition, le pape François s’est prêté au jeu des questions-réponses avec les 74 journalistes qui l’accompagnent à bord du vol papal, le 30 novembre 2015. Outre l’urgence des travaux de la COP21 et la perplexité de l’Eglise catholique quant à l’usage du préservatif dans la prévention du Sida, le pape a abordé de multiples autres sujets.

Il est bien sûr revenu sur son séjour en Afrique, il a évoqué aussi le fondamentalisme présent dans «toutes les religions», ou encore l’affaire ›Vatileaks 2’. Le pape François a aussi assuré que son prédécesseur Benoît XVI avait été le premier à dénoncer la corruption au Vatican. Voici les extraits les plus significatifs de cette conférence de presse (les intertitres sont de la rédaction).

Que retient le pape de son premier séjour en Afrique?

«Les moments (…) avec la foule, la joie, la capacité à faire la fête, à faire la fête avec l’estomac vide. Mais pour moi l’Afrique a été une surprise. Je pensais ›Dieu nous surprend’, mais l’Afrique nous surprend aussi. (Les Africains) ont un sens de l’accueil très grand. J’ai vu dans les trois pays qu’ils avaient un grand sens de l’accueil car ils étaient heureux qu’on leur rende visite.

Fondamentalisme religieux

«Le fondamentalisme est une maladie que l’on trouve dans toutes les religions. Nous, les catholiques, nous en avons quelques-uns – non pas quelques-uns, beaucoup – qui croient détenir la vérité absolue et qui avancent en salissant les autres avec la calomnie, la diffamation et qui font du mal. Et je dis cela parce que c’est mon Eglise. Donc nous aussi, tous. Nous devons combattre cela. Le fondamentalisme religieux n’est pas religieux, car il y manque Dieu. C’est une idolâtrie, comme celle de l’argent».

Benoît XVI a entamé la lutte contre la corruption au Vatican

«13 jours avant la mort de saint Jean Paul II, pendant le chemin de croix qu’il conduisait, le cardinal Ratzinger a parlé des ›saletés’ de l’Eglise. C’est lui qui a dénoncé cela le premier. Puis le pape Jean Paul II meurt dans l’octave de Pâques et Ratzinger devient pape. Mais, durant la messe Pro eligendo pontifice, il était doyen… non il était camerlingue ou doyen?… Il a parlé du même thème. Et nous l’avons élu pour cette liberté de dire les choses. C’est depuis ce moment-là que l’on entend parler de corruption au Vatican».

Sur la liberté de la presse, en lien avec le jugement au Vatican de deux journalistes dans l’affaire ›Vatileaks 2’

«La presse peut être laïque ou confessionnelle, mais l’important est que les journalistes soient professionnels, que les informations ne soient pas manipulées. Selon moi c’est important car la dénonciation des injustices, des corruptions, c’est un beau travail (…) La presse professionnelle doit tout dire. Sans tomber dans les trois péchés les plus communs: la désinformation (…), la calomnie (…) et la diffamation».

Le pape a-t-il fait une erreur en choisissant Mgr Vallejo Balda et Francesca Chaouqui, actuellement jugés au vatican dans le cadre de l’affaire ›Vatileaks 2’?

«Je crois qu’une erreur a été commise. Mgr Vallejo Balda est entré (à la Commission pontificale d’étude sur l’organisation des structures économico-administratives du Saint-Siège, COSEA, ndlr) en raison de sa charge. Il était secrétaire de la Préfecture des affaires économiques. Et puis elle (Francesca Chaouqui, ndlr), comment est-elle entrée? Je n’en suis pas sûr mais je crois ne pas me tromper si je dis que c’est lui qui a présenté une femme qui connaissait le monde des rapports commerciaux, etc. Ils ont travaillé, et lorsque le travail a été terminé des membres de cette commission, la COSEA, sont restés dans certains postes au Vatican, dont Vallejo Balda. Madame Chaouqui n’est pas restée au Vatican, elle était entrée pour la commission et puis n’est pas restée. On m’a dit qu’elle s’était fâchée. Mais les juges nous dirons la vérité, sur leurs intentions, ce qu’ils ont fait. Pour moi, cela n’a été pas une surprise, cela ne m’a pas empêché de dormir, parce qu’ils ont montré le travail que nous avions commencé, avec la commission des cardinaux, avec le C9, pour rechercher la corruption et ce qui ne va pas».

Répartition des richesses

«Je ne sais pas si c’est exact, mais j’ai entendu que 80 % de la richesse mondiale est entre les mains de 17% de la population. (…) C’est un système économique au centre duquel il y a l’argent, le dieu argent. Un jour j’ai rencontré un grand ambassadeur, il parlait français, il n’était pas catholique, et il m’a dit: Nous sommes tombés dans l’idolâtrie de l’argent (en français dans le texte, ndlr). Si les choses continuent ainsi, le monde continuera ainsi». (cath.ch-apic/imedia/ami/rz)

Visite du pape François en Ouganda Novembre 2015
1 décembre 2015 | 08:31
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
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