Ouganda: Le pape François prend des airs de prédicateur évangélique

Face aux difficultés, il est toujours possible «d’ouvrir des horizons» et «de les ouvrir avec la porte qu’est Jésus». C’est notamment ce qu’a affirmé le pape François aux jeunes Ougandais, le 28 novembre 2015 à Kampala. Après avoir écouté les témoignages bouleversants de deux jeunes, le chef de l’Eglise a pris la parole devant des dizaines de milliers de jeunes enthousiastes, échangeant avec eux à la manière d’un prédicateur américain.

A son arrivée au Kololo Air Strip, un aérodrome désaffecté transformé en parc, le pape a été accueilli par de nombreux danseurs traditionnels aux vêtements colorés, et par des dizaines de milliers de jeunes réellement déchaînés. Avant de prendre la parole, le pape a écouté deux témoignages poignants. Winnie Nansumba, 24 ans, séropositive, a appelé chacun à changer de comportement et à «jouer son rôle» pour combattre le virus: «les jeunes qui vivent avec le SIDA ont besoin de soutien, d’amour au lieu de pitié et de rejet».

Emmanuel Odokonyero, ancien séminariste, a ensuite raconté au pape comment il avait été enlevé avec 41 autres jeunes séminaristes, en mai 2003, par l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), organisation terroriste extrémiste se présentant comme chrétienne. Torturé, il est parvenu à s’échapper trois mois plus tard. «Ce ne fut pas mes propres pouvoirs mais Dieu miséricordieux qui me guida dans ces moments éprouvants», a témoigné le jeune homme, expliquant avoir pardonné à ses bourreaux. Grâce au soutien de proches, il a pu retourner à l’université et être diplômé.

Transformer le négatif en positif

Pour s’exprimer, le pape François a de nouveau préféré laisser de côté son texte pour improviser dans sa langue maternelle, en espagnol. Prenant l’exemple des témoignages à peine entendu, il a expliqué que «face à des expériences si négatives – et beaucoup d’entre nous ici ont de mauvaises expériences – il y a toujours la possibilité d’ouvrir des horizons, et de les ouvrir avec la porte qu’est Jésus». Jésus, a-t-il poursuivi, «a vécu la pire expérience de l’histoire. Il a été insulté, rejeté, assassiné. Mais par le pouvoir de Dieu, il est ressuscité. Il peut faire en chacun de nous la même chose».

Tel un véritable prédicateur évangéliste, le pape a alors maintes fois pris à partie la foule à travers une série de questions: «Etes-vous prêts à transformer toutes les choses négatives en choses positives? Etes-vous prêts à transformer la haine en amour? Etes-vous prêts à transformer la guerre en paix?». Et la foule enthousiaste de répondre à chaque question, en chœur: «Oui !».

Le témoignage des martyrs

Le pape a aussi encouragé la jeunesse de l’Ouganda à puiser sa foi dans le témoignage des jeunes martyrs du pays, assassinés à la fin du 19e siècle: «Ayez conscience que vous êtes un peuple de martyrs. Dans vos veines, coule le sang de ces martyrs. C’est pour cela que vous avez une foi si forte maintenant». Ce n’est pas pour rien que l’Ouganda est surnommé la «perle de l’Afrique», a ajouté le pape, suscitant des tonnerres d’applaudissements.

Il a ensuite encouragé à ne jamais se lasser de prier, car la prière est la seule «baguette magique» pour «laisser entrer Jésus». A la fin de la rencontre, le pontife a aussi conseillé de prier la Vierge Marie: «Lorsque l’on a un problème, le mieux que l’on puisse faire est de prier Marie notre mère». Après avoir récité avec les jeunes un Je vous salue Marie, le pape a lancé son fameux «Priez pour moi, j’en ai besoin», en anglais cette fois.

Dans la foule, Clara est venue recevoir «les bénédictions» du pape et assure que sa parole est essentielle car «beaucoup de gens ne savent pas comment aller à la rencontre de Dieu». Deogratias, quant à lui, a voulu voir et écouter le pape car «il croit en la jeunesse et il aime les jeunes».

Plus prosaïque, ce jeune Ougandais rappelle aussi que le pays connaîtra des élections présidentielles en 2016, soit 30 ans après l’arrivée du président Museveni. «Le plus gros problème du pays, confie alors Deogratias, c’est la corruption». Comme d’autres Ougandais, il a eu vent de ce que le pape François avait dit la veille à l’intention des jeunes Kenyans, invités à ne pas «prendre goût à cette chose sucrée qui s’appelle corruption». (cath.ch-apic/imedia/ami/bl/rz)

Le pape François en «prédicateur évangélique», à Kampala, en Ouganda
28 novembre 2015 | 16:58
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
Jeunes (243), Ouganda (62), Voyages du pape (545)
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