Le «témoignage» des martyrs ougandais est toujours actuel
Le pape François a mis en avant l’exemple de foi des martyrs de l’Ouganda, lors d’une grande messe célébrée le 28 novembre 2015 au sanctuaire de Namugongo, près de Kampala. Ni «les plaisirs mondains» ni «le pouvoir terrestre» ne donnent satisfaction, a prévenu le pape, prônant au contraire la fidélité à Dieu, l’honnêteté et l’intégrité de la vie, ainsi que la «préoccupation pour le bien des autres». Le pontife a assuré que les martyrs ougandais, 22 catholiques et 23 anglicans, rendaient témoignage «à l’œcuménisme du sang».
A Namugongo, haut lieu de l’Eglise ougandaise près de Kampala, le pape François a été accueilli dans un enthousiasme incroyable par des dizaines de milliers de fidèles catholiques, en présence aussi de nombreux militaires et policiers. Il a célébré la messe en plein air sur le lieu où furent tués – parfois brûlés vifs – nombre des 45 martyrs de l’Ouganda à la fin du 19e siècle, catholiques et anglicans.
«Les martyrs de l’Ouganda nous indiquent la voie», a soutenu le pape dans son homélie, assurant que leur héritage ne peut être «un souvenir de circonstance» ou conservé dans un musée comme un joyau précieux. «Leur foi, a-t-il insisté, est devenue témoignage: aujourd’hui, vénérés comme martyrs, leur exemple continue d’inspirer beaucoup de personnes dans le monde».
«Le témoignage des martyrs montre à tous ceux qui ont écouté leur histoire, à l’époque et aujourd’hui, que les plaisirs mondains et le pouvoir terrestre ne donnent pas une joie et une paix durables», a expliqué le pape. Au contraire, a-t-il poursuivi, «c’est plutôt la fidélité à Dieu, l’honnêteté et l’intégrité de la vie et l’authentique préoccupation pour le bien des autres qui nous apportent cette paix que le monde ne peut offrir».
L’œcuménisme du sang
La mort pour le Christ des martyrs anglicans rend témoignage à l’œcuménisme du sang, a aussi affirmé le pape qui, peu avant la messe, avait visité le sanctuaire particulièrement dédié aux 23 martyrs de l’Eglise anglicane. Au moment de quitter le sanctuaire, dans un geste d’unité, le chef de l’Eglise catholique a demandé au primat anglican de bénir avec lui les fidèles présents. L’unité des chrétiens, a déjà affirmé plusieurs fois le pape, commence dans leur martyre: comme en Ouganda par le passé, mais également aujourd’hui en Syrie, en Irak ou en Egypte.
Les débuts du christianisme en Ouganda remontent à 1879, avec l’arrivée des premiers missionnaires. Les persécutions débutèrent sous le règne du roi Mwanga II. A partir de mai 1886, le roi déclara ouvertement une persécution envers les chrétiens, qu’ils soient catholiques ou anglicans. Compte-tenu de l’imminence de leur exécution, Charles Lwanga, chef des pages du roi, baptisa ceux qui suivaient encore le chemin du catéchuménat. Agés de 16 à 24 ans, la plupart d’entre eux furent brûlés vifs le 3 juin 1886. Le dernier martyr de cette persécution fut le saint catholique Jean Marie Muzei, qui fut décapité sur ordre du roi Mwanga II, le 27 janvier 1887. Saint Charles Lwanga et ses 21 compagnons, premiers martyrs catholiques de l’Afrique noire, furent canonisés par Paul VI à Rome, en 1964. (cath.ch-apic/imedia/ami/rz)