En Ouganda, le pape évoquera «l’œcuménisme du sang» des martyrs chrétiens
L’Ouganda, deuxième étape du voyage du pape François en Afrique du 27 au 29 novembre 2015, sera l’occasion de rendre hommage aux martyrs chrétiens du pays. A plusieurs reprises à Kampala, le pape devrait mettre en avant «l’œcuménisme du sang» des catholiques et des anglicans ougandais massacrés il y a 130 ans.
Au cours de l’étape ougandaise de son premier voyage apostolique en Afrique, le pape François rendra ainsi hommage aux chrétiens de ce pays martyrisés dans les années 1880. Cet hommage sera rendu un demi-siècle après la canonisation des martyrs catholiques par Paul VI. Peu après son arrivée en Ouganda, le 27 novembre, le pape se rendra d’abord dans le quartier de Munyonyo, au sud de la capitale Kampala, pour honorer la mémoire des martyrs catholiques qui y furent tués en 1886, parmi lesquels saint André Kaggwa, devenu l’un des saints patrons des catéchistes. Le pape bénira la première pierre d’une nouvelle église en construction au sein du sanctuaire. Cette pierre provient symboliquement du tombeau de saint François d’Assise, en Italie.
Le lendemain matin, 28 novembre le pape François se rendra à Namugongo, haut lieu de l’Eglise ougandaise, où il visitera le sanctuaire anglican des martyrs avant de se rendre dans le sanctuaire dédié aux martyrs catholiques, auprès duquel il célèbrera une messe.
Les débuts du christianisme en Ouganda remontent à 1879 avec l’arrivée des Pères blancs et la création des premières missions catholiques dans cette partie de l’Afrique. Les chrétiens sont alors tolérés par le roi Mutesa I. Les persécutions débutent sous le règne de son successeur, le roi Mwanga II, lorsque ce dernier ordonne le massacre du missionnaire anglican James Hannington et ses compagnons en octobre 1885. Joseph Mukasa, dignitaire de la cour du roi Mwanga II lui reprocha ces faits, ce qui lui valut d’être décapité le 15 novembre 1885, et mena à l’arrestation des catholiques vivant à la cour du roi.
Brulés vifs
A partir de mai 1886, le roi déclara ouvertement une persécution envers les chrétiens, qu’ils soient catholiques ou anglicans. Compte-tenu de l’imminence de leur exécution, Charles Lwanga, chef des pages du roi, baptisa ceux qui suivaient encore le chemin du catéchuménat. Agés de 16 à 24 ans, la plupart d’entre eux furent brûlés vifs le 3 juin 1886. Le dernier martyr de cette persécution fut le saint catholique Jean Marie Muzei, qui fut décapité sur ordre du roi Mwanga II, le 27 janvier 1887.
Saint Charles Lwanga et ses 21 compagnons, premiers martyrs catholiques de l’Afrique noire, furent canonisés par Paul VI à Rome, en 1964. Ils sont fêtés le 3 juin. Charles Lwanga est proclamé patron de la jeunesse noire catholique par Pie XI en 1934. De nombreuses paroisses et écoles africaines portent aujourd’hui le nom, ou font mémoire, de ces 23 anglicans et 22 catholiques, martyrisés pour leur foi.
En juillet 2015, devant des membres du renouveau charismatique, le pape François avait rappelé l’importance de «la recherche de l’unité du corps du Christ», autrement dit la nécessité d’œuvrer à l’unité des chrétiens. Citant l’exemple des 23 Egyptiens coptes qui avaient été égorgés sur une plage de Lybie, quelques mois plus tôt, ou encore le cas de ces jeunes martyrs d’Ouganda, le pape avait mis en avant ce qu’il nomme «l’œcuménisme du sang» des martyrs chrétiens d’aujourd’hui, qui doivent mener selon lui les chrétiens de toutes les Eglises à se rapprocher. (cath.ch-apic/imedia/fdc/mp)