Le pape fustige les minorités qui concentrent le pouvoir et la richesse

Le pape François a visité le bidonville de Kangemi, à Nairobi, au Kenya, dans la matinée du 27 novembre 2015. Il y a dénoncé avec force les minorités qui concentrent le pouvoir, la richesse et qui gaspillent. De l’un des slums de Nairobi, le pape argentin a vanté des valeurs comme le partage et la solidarité, oubliées par une société opulente, et dénoncé de nouvelles formes de colonialisme.

Première étape de sa troisième et dernière journée au Kenya, le pape a passé plus d’une heure dans le slum de Kangemi, qui abrite plus de 200 000 personnes. Il a rencontré certains des 20 000 catholiques dans la petite paroisse Saint-Joseph, tenue par les jésuites.

Dans son discours, le pape a mis en avant les valeurs issues à ses yeux de la sagesse des quartiers populaires comme la solidarité, le partage, le courage, ou encore le choix de la vie. Des valeurs qui se fondent sur la vérité que chaque être humain est plus important que le dieu argent et ne sont pas cotées en bourse. Des valeurs que la société opulente semble avoir oubliées.

Dès lors, le pontife n’a pas manqué de dénoncer l’atroce injustice de la marginalisation urbaine. A Nairobi, près de 60% de la population vit dans l’un des sept bidonvilles de la cité qui occupent en revanche seulement 5% de la superficie totale de l’agglomération, a rappelé au pape une religieuse des Sœurs de la miséricorde qui travaille au sein du bidonville.

Richesses et périphéries

Sans langue de bois, le pape François a alors évoqué «les blessures provoquées par les minorités qui concentrent le pouvoir, la richesse et gaspillent de façon égoïste tandis que des majorités toujours croissantes sont obligées de se réfugier dans des périphéries abandonnées, contaminées, marginalisées». Au Kenya, plus de 40% de la population est sous le seuil de pauvreté. Parmi les iniquités, le pape a alors mentionné l’injuste distribution de la terre, le manque d’accès aux infrastructures et aux services de base, dont l’eau potable. Concret, le pape a souhaité que toute famille ait un toit digne, ait accès à l’eau potable, ait des toilettes, ait de l’énergie sûre pour s’éclairer, cuisiner, puisse améliorer ses logements.

«Cette situation d’indifférence et d’hostilité que subissent les quartiers populaires, a déploré le pape, s’aggrave lorsque la violence se généralise et que les organisations criminelles, au service d’intérêts économiques ou politiques, utilisent des enfants et des jeunes comme ›chair à canon’ pour leurs affaires entachées de sang». Et le pape François d’évoquer les souffrances des femmes qui luttent héroïquement pour préserver leurs enfants de ces dangers.

Toutes ces injustices, a relevé le pape François dans une allusion aux rapports Nord-Sud et aux organisations internationales, dont l’ONU, sont «une conséquence de nouvelles formes de colonialisme qui veut encore que les pays africains soient les pièces d’un mécanisme, les parties d’un engrenage gigantesque». Le pape a alors dénoncé les pressions pour que soient adoptées des politiques de marginalisation, comme celle de la réduction de la natalité. (cath.ch-apic/imedia/mp)

 

Si le pape a vanté les valeurs qui prospèrent dans les quartiers populaires, la sœur Mary Killeen lui a présenté, outre les dangers de la vie au sein du bidonville, un certain nombre de conséquences graves comme la corruption, les abus sexuels, l’addiction à l’alcool et aux drogues, etc. AMI

Dans la banlieue de Nairobi
27 novembre 2015 | 09:12
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
bidonville (3), Kenya (119), Pauvreté (215), Voyages du pape (545)
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