La lettre pastorale sur le rôle des laïcs est juste un «rappel des principes»

Fribourg, 04.11.2015 (cath.ch-apic) La lettre pastorale de la Conférence des évêques suisses (CES) sur la collaboration entre laïcs et clercs, diffusée le 3 novembre 2015, «n’est pas un décret, ni une interdiction, mais un simple rappel des principes». C’est ce qu’explique à cath.ch Bernard Bovigny, collaborateur au service d’information de la CES, à propos de la missive qui rappelle notamment que seuls les prêtres sont habilités à prononcer des homélies.

La lettre ne fait que rappeler le code de droit canonique, qui stipule que, si des laïcs prennent la parole, il s’agira non pas d’une homélie mais d’une autre forme de prédication, par exemple un témoignage, souligne le collaborateur de la CES. «Je relève que la Lettre pastorale ne sonne pas comme une interdiction. Le texte rappelle simplement que l’homélie est du ressort du prêtre», souligne Bernard Bovigny.

Application laissée aux évêques

Il remarque que l’application des orientations données dans la lettre est confiée aux diocèses, dans lesquels, «les traditions, les situations, les habitudes, sont très diverses». Le collaborateur de la CES explique que la lettre répondait à certaines interpellations, soulevées lors de la visite ad limina à Rome des évêques suisses, en décembre 2014. Ces questions sur le rôle des laïcs avaient notamment été lancées par l’»Initiative des paroisses» (Pfarrei Initiative). Cette démarche, lancée en septembre 2012, a été signée par 540 agents pastoraux, en grande majorité de Suisse alémanique, alors que 1’090 autres personnes la soutiennent. Ce mouvement s’engage notamment en faveur des célébrations entre chrétiens de différentes confessions. Elle qualifie de «pratique allant de soi» certaines initiatives menant de fait à une forme de désobéissance, comme la communion aux divorcés remariés, et l’intercommunion. L’initiative est également en faveur du droit de prêcher pour les théologiens laïcs, hommes ou femmes.

La réponse à une demande de Rome

En rapport à cette démarche, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), avait ainsi demandé aux évêques suisses d’effectuer une précision des rôles des acteurs de la pastorale et de le faire savoir, explique Bernard Bovigny. C’est dans cette optique que la lettre pastorale a été rédigée. Le délai entre la demande et la diffusion s’explique par le fait que les évêques ont d’abord dû se mettre d’accord sur une position commune. Le texte a dû ensuite être rédigé, traduit et plusieurs fois corrigé, avant d’être approuvé et accompagné d’un message, explique le collaborateur de la CES, qui précise que c’est une coïncidence qu’il soit publié juste après le synode des évêques sur la famille.

Une question surtout alémanique

Bernard Bovigny confirme que la question touche principalement la Suisse alémanique. «Même si le débat concerne aussi la Suisse romande, la façon d’aborder les rôles entre laïcs et clercs est différente dans les cantons germanophones», assure-t-il, ajoutant qu’en Suisse romande, «le débat est peut-être plus serein». Il souligne que la lettre n’a pas été motivée par la constatation d’abus particuliers, mais que c’est plutôt les interpellations lancées notamment par l’Initiative des paroisses qui ont démarré le processus.

Des limites parfois peu claires

Dans la pratique, la place laissée aux agents pastoraux dépend beaucoup des prêtres, souligne Lucienne Broillet, assistante pastorale dans l’UP St-Protais, dans le canton de Fribourg. Les prêtres définissent, selon les principes déterminés par l’évêque, ce que peuvent faire ou ne pas faire les laïcs. Si Lucienne Broillet prononce parfois des homélies, ce sont toujours des textes préexistants et pour des célébrations sans eucharistie. Elle note que les agents pastoraux essaient en général d’éviter autant que possible la confusion de rôles. L’assistante pastorale remarque tout de même que les limites ne sont pas toujours claires, notamment par rapport à ce qu’il est permis ou non à un laïc de dire pendant une célébration. Mais en fin de compte, les choses se règlent en discussion avec le prêtre.


Encadré

Ce que dit le droit canon:

Can. 766 – Les laïcs peuvent être admis à prêcher dans une église ou un oratoire si le besoin le requiert en certaines circonstances ou si l’utilité le suggère dans des cas particuliers, selon les dispositions de la conférence des évêques et restant sauf le «‡’ can. 767, § 1.

Can. 767 – § 1. Parmi les formes de prédication, l’homélie, qui fait partie de la liturgie elle-même et est réservée au prêtre ou au diacre, tient une place éminente; au cours de l’année liturgique, les mystères de la foi et les règles de la vie chrétienne y seront exposés à partir du texte sacré.

(apic/rz)

Messe de Carême aux heures de midi à l'église de Notre-Dame de la Paix à La Chaux-de-Fonds
4 novembre 2015 | 15:55
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
CES (356), Homélie (48), Laïcs (45)
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