Une douzaine de cardinaux critiquent la nouvelle méthodologie du synode
Rome, 12.10.2015 (cath.ch-apic) Des «nouvelles procédures» qui manquent «de collégialité authentique», et un processus qui semblerait «configuré pour faciliter des résultats prédéterminés». Ce sont les préoccupations – voire les accusations – que font une douzaine de cardinaux dans une lettre envoyée au pape François à l’ouverture du second synode sur la famille, le 5 octobre 2015, et rendue publique le 12 octobre. Ces cardinaux, tous de tendance plutôt «conservatrice», remettent en cause l’importance donnée aux discussions en Circoli minores (groupes linguistiques), et contestent également la neutralité de la commission nommée par le pape et chargée de rédiger le document final.
Le contenu de cette lettre en anglais a été publiée, traduite en italien, sur le site du vaticaniste Sandro Magister. Parmi les signataires, figurent notamment le cardinal italien Carlo Caffarra, archevêque de Bologne, le cardinal hongrois Peter Erdö, archevêque de Esztergom-Budapest, le cardinal australien George Pell, préfet du Secrétariat pour l’économie, le cardinal allemand Gerhard L. Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal guinéen Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin. En revanche, d’abord cités parmi les signataires, le cardinal italien Angelo Scola, archevêque de Milan, et le cardinal français André Vingt-Trois, archevêque de Paris, ont démenti, le 12 octobre, avoir signé cette lettre.
Lors d’un briefing le même jour, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le Père Federico Lombardi, n’a pas souhaité commenter le contenu de la lettre. Dans leur missive, les cardinaux critiquent tout d’abord le document de travail du synode, l’Instrumentum Laboris, qui, selon eux, comporte des sections qui mériteraient «une réflexion substantielle» et «une nouvelle élaboration». L’Instrumentum Laboris, estiment-ils, ne peut «servir de manière adéquate de texte de base d’un document final».
Faciliter des résultats prédéterminés?
«Les nouvelles procédures qui guident le synode, poursuivent-t-ils, semblent assurer une influence excessive sur les délibérations du synode et sur le document synodal final». Ces nouvelles procédures sont vues «dans certains milieux comme manquant d’ouverture et de collégialité authentique», soulignent encore les cardinaux contestataires. Ils regrettent notamment «l’absence de propositions et des relatives discussions et votes», qui «semble décourager un débat ouvert et confiner la discussion aux Circuli minores». Et les cardinaux de demander fermement «que la rédaction de propositions à voter par le synode tout entier soit rétablie».
Les cardinaux critiquent également clairement la composition de la commission nommée par le pape et chargée de rédiger le document final du synode : «le manque de participation des pères synodaux à la composition de la commission de rédaction a créé un malaise notable. Ses membres ont été nommés, non élus, sans consultation (…) On ne comprend pas pourquoi ces changements de procédure sont nécessaires», insistent-ils. Pour un certain nombre de pères synodaux, affirment même les hauts prélats, «le nouveau processus semble configuré pour faciliter des résultats prédéterminés sur d’importantes questions controversées».
Enfin, les cardinaux assurent que plusieurs pères synodaux craignent que le synode soit «dominé par le problème théologico-doctrinal de la communion pour les divorcés remariés civilement». Comme une réponse à cette lettre, le pape François avait fait une inhabituelle mise au point, le 6 octobre, pour assurer que le synode ne se résumait pas à la seule question des divorcés-remariés et que la doctrine de l’Eglise sur le mariage n’était pas remise en question. Le 8 octobre, il avait en outre demandé aux pères synodaux de ne pas céder à «l’herméneutique de la conspiration». (apic/imedia/bl/rz)