Egypte: Les enseignantes de l’Université du Caire interdites de niqab
Le Caire, 06.10.2015 (cath.ch-apic) Le recteur de l’Université du Caire, Gaber Nassar, a interdit aux professeures de porter le niqab, le voile noir intégral qui couvre la femme de la tête aux pieds. La mesure a provoqué une forte polémique sur les réseaux sociaux du pays entre partisans et adversaires du port du voile.
Le rectorat a affirmé qu’il s’agissait d’améliorer la qualité de l’enseignement dans la plus prestigieuse université du pays, rapporte le 5 octobre 2015 Radio France internationale (RFI). La direction souhaite faciliter la communication entre professeurs et étudiants. La mesure a reçu le soutien du Grand Mufti d’Egypte, Shawki Allam.
Le niqab reste autorisé dans la quinzaine d’autres universités publiques égyptiennes. Les recteurs préférant apparemment considérer les résultats de la polémique déclenchée par l’interdiction du Caire.
Déchaînement sur le net
Des salafistes partisans du niqab ont réagi sur Twitter,en traitant Gaber Nassar d’ennemi de l’islam. Les Frères musulmans l’ont également accusé d’être «l’instrument du régime putschiste qui cherche à éradiquer l’islam au profit des Nazaréens, des chrétiens, des athées, et des francs-maçons». Une page Facebook intitulée «Les partisans du niqab en Egypte» a même été créée pour l’occasion. La communauté, qui rassemble quelque 300 personnes, explique que «le niqab défend celle qui le porte du feu de l’enfer».
Mais les critiques sont aussi venues de militants des droits humains qui ont considéré que la décision de l’université était une atteinte aux libertés individuelles.
Les partisans de la mesure ont également créé leur page Facebook, forte de plus de 15’000 adhérents. Sur Twitter, certains souhaitent aller au-delà de la décision du recteur et réclament l’interdiction du niqab dans les lieux publics. Les femmes qui craignent pour leur pudeur n’ont qu’à rester chez elles, argumentent ces internautes.
Dans le climat des législatives qui approchent, cette «guerre du niqab» a certainement une dimension électorale. L’Egypte devrait se doter, entre le 17 octobre et le 2 décembre 2015, d’un Parlement, après trois ans d’absence de pouvoir législatif. La bataille s’annonce rude entre les salafistes du parti al-Nour et les formations laïques, nombreuses mais divisées. (apic/rfi/ibc/rz)