Burkina Faso: Le président des évêques appelle les leaders chrétiens à descendre dans l’arène politique

Ouagadougou, 29.09.2015 (cath.ch-apic) Mgr Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo-Dioulasso et Président de la Conférence épiscopale Burkina/Niger (CEBN) a lancé un appel aux intellectuels et cadres chrétiens de son pays. Il les invite à se lancer dans la politique pour porter haut le message de l’Eglise.

Dans une interview publiée sur le site de l’Eglise du burkina: www.egliseduburkina.org, Mgr Ouédraogo les invite à s’engager en politique pour rendre service surtout aux plus démunis, aux plus vulnérables. «Ceux qui en ont le charisme doivent donc descendre dans l’arène politique, mais toujours pour respecter ce qui est fondamental (pour l’Eglise): la vérité, la justice, le pardon et surtout une gouvernance économique, sociale, politique, environnementale qui fait le développement intégral de nos peuples», a-t-il souligné.

«Nous invitons spécialement les chrétiens à prendre leur responsabilité comme chrétiens, en leur donnant également des repères», a-t-il poursuivi, rappelant qu’en politique, il faut avoir «le courage de la vérité, le courage de la justice, le courage de la paix».

Pour le président de la CEBN, puisque «le cœur humain est compliqué et malade, il aura toujours besoin de conversion. C’est ce que le chrétien, en politique doit comprendre et rechercher au quotidien». «L’autorité, a-t-il encore fait observer, c’est d’abord le service. Elle n’est pas une question de puissance économique ou de richesse, et Jésus-Christ compte sur tous ses disciples pour qu’ils conçoivent leur autorité comme étant un service au bénéfice de leurs frères et sœurs». «Mais, parce que quelquefois les intérêts individuels ou de groupe viennent s’interposer, les chrétiens ont tendance à étouffer la parole de Dieu qui leur demande d’aller sur les chemins de l’amour fraternel».

«Si le chrétien attend que le domaine politique soit assaini avant de s’y engager, sur qui compte-t-il pour cet assainissement?», s’est-il interrogé, en conclusion.

Pardon à l’égard des putschistes

Mgr Ouédraogo est aussi le président de la Commission nationale de la réconciliation, mise en place par les autorités de la transition, au lendemain du renversement du régime de Blaise Compaoré, en octobre 2014, par une révolte populaire. Il a ainsi pris part à toutes les négociations entre les putschistes et la communauté internationale pour restaurer le processus de transition. Le 17 septembre, une junte militaire, dirigée par le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit du président déchu, s’était brièvement emparé du pouvoir au Burkina Faso, par un coup d’Etat. Le pouvoir de transitoire a été restauré par la suite, après une forte pression de la communauté internationale et des populations. Le putsch a fait une quinzaine de mort. Le président de la CEBN a plaidé pour le pardon à l’égard des pustchistes et la réconciliation.

«La gouvernance en Afrique a beaucoup de blessures. Que ce soit la gouvernance politique, sociale, économique, institutionnelle et environnementale, il y a beaucoup de problèmes, et l’Afrique, a des progrès à faire». (apic/ibc/mp)

29 septembre 2015 | 13:49
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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