Le pape François devant l'assemblée générale de l'ONU à New York, le 25 septembre 2015 (photo Keystone)
Vatican

Le pape défend le droit des exclus et l'environnement à l'ONU

New York, 25.09.2015 (cath.ch-apic) Le pape François a appelé la communauté internationale à «affirmer avec force» les droits de l’environnement et des exclus, le 25 septembre 2015. Lors d’un discours au siège des NationsUnies, à new York. Le pape a également plaidé pour plus d’équité au sein du Conseil de sécurité, vis-à-vis des pays en développement.

Dans un discours très attendu devant l’Organisation des Nations unies, réunie en Assemblée générale, le pape a résumé le message principal de son Encyclique Laudato Si, à savoir une écologie intégrale qui ne peut prétendre protéger la nature sans prendre en compte le développement humain. Déplorant l’existence de grands secteurs démunis, tels que l’environnement naturel ainsi que le vaste monde de femmes et d’hommes exclus, il a appelé à affirmer avec force leurs droits, en renforçant la protection de l’environnement et en mettant un terme à l’exclusion. Deux droits, celui de l’environnement et des exclus, que le pape François a opposé, sans pour autant les nommer, à de faux droits.

Le pape a appelé à «des solutions urgentes et efficaces» lors de l’adoption de l’Agenda 2030 pour le développement durable, au cours du sommet spécial de l’ONU (25-27 septembre), mais aussi lors de la Conférence de Paris sur le changement climatique COP21, en décembre. «Les engagements exprimés solennellement ne suffisent pas», a-t-il prévenu devant plus de 150 chefs d’Etat et de gouvernement. «Le monde réclame des pas concrets et des mesures immédiates», a-t-il ajouté. Le pontife a rappelé le minimum absolu pour assurer une dignité à tous, «toit, travail, et terre», ainsi que la liberté religieuse et le droit à l’éducation.

«L’expérience de ces 70 années, au-delà de tous les acquis, montre que la réforme et l’adaptation aux temps est toujours nécessaire», a poursuivi le pape. Il a plaidé pour une plus grande équité au sein de l’organisation au niveau du Conseil de Sécurité et des organismes financiers, afin de limiter les abus, en particulier au détriment des pays en voie de développement.

Pour l’instant, seuls cinq Etats membres sont permanents au Conseil de sécurité de l’ONU et disposent d’un droit de veto : la Chine, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie. Une réforme en vue d’un élargissement du Conseil de sécurité, afin de mieux représenter les pays en développement, fait l’objet de débats depuis des décennies. Cette réforme doit d’ailleurs être discutée lors de la 70e session de l’Assemblée générale. Les pays candidats au siège permanent sont l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon.

Défense de la vie et de la famille

Pour le pape, l’écologie intégrale comprend aussi les questions liées à la vie et à la famille. D’où son appel sans équivoque au respect de la sacralité de chaque vie humaine, de chaque homme et de chaque femme. Le souverain pontife en a appelé au respect absolu de la vie à toutes ses étapes. En termes explicites, le chef de l’Eglise catholique a exprimé son opposition aux études de gender, souhaitant la reconnaissance d’une loi morale inscrite dans la nature humaine elle-même, qui comprend la distinction naturelle entre homme et femme. «Sans cette reconnaissance,  l’idéal de la Charte des Nations unies court le risque de promouvoir une colonisation idéologique à travers l’imposition de modèles et de styles de vie anormaux, étrangers à l’identité des peuples et irresponsables», a-t-il mis en garde. En Afrique, par exemple, l’Eglise locale a longtemps dénoncé le chantage moral de certaines organisations internationales qui proposent leur aide humanitaire en échange de l’adoption de programmes contraceptifs.

Dans un plaidoyer pour le droit à l’éducation, dont sont exclues les filles dans certaines régions, le pape François a critiqué la diffusion des études de gender dans les écoles. Il a appelé au respect du droit primordial de la famille à éduquer, et au droit des Eglises à collaborer avec les familles dans la formation de leurs enfants.

Nucléaire: «Nations unies par la peur»?

Dans la ligne du discours de Paul VI à la même tribune en 1965, qu’il a cité à plusieurs reprises, le pape François a appelé à poursuivre inlassablement l’effort pour éviter la guerre entre les nations, par le recours inlassable à la négociation. Il a dénoncé à ce propos «la tendance toujours actuelle à la prolifération des armes, spécialement les armes de destruction massive comme les armes nucléaires». «Une éthique et un droit fondés sur la menace de destruction mutuelle sont contradictoires et constituent une manipulation de toute la construction des Nations unies, qui finiraient par être ›Nations unies par la peur et la méfiance», a-t-il prévenu. «Il faut œuvrer pour un monde sans armes nucléaires», a insisté le pape en saluant le récent accord sur la question nucléaire en Iran.

Chrétiens persécutés, narcotrafic, trafic d’armes

Le pape a également réitéré ses appels incessants pour les chrétiens, avec d’autres groupes culturels ou ethniques, persécutés au Moyen Orient et en Afrique. «Dans chaque situation de conflit, comme en Ukraine, en Syrie, en Irak, en Libye, au Sud Soudan et dans la région des Grands Lacs, avant les intérêts partisans, aussi légitimes soient-ils, il y a des visages concrets», a-t-il rappelé.

Le pontife a fustigé le phénomène du narcotrafic «qui, en silence, provoque la mort de millions de personnes». «Un phénomène souvent lié au trafic d’armes et à l’exploitation des enfants», a-t-il regretté.

En conclusion, le chef de l’Eglise catholique a exhorté les représentants du monde à laisser de côté des intérêts sectoriels et idéologiques, et à chercher sincèrement le service du bien commun. Il les avait appelés auparavant à éviter toute tentation de tomber dans un nominalisme de déclarations à effet tranquillisant sur les consciences. Au terme d’un discours d’une cinquantaine de minutes, le pape a été acclamé par une standing ovation.

Un peu auparavant, le pape François avait rencontré le personnel de l’ONU, qui l’avait acclamé avec enthousiasme. Il avait invité le staff onusien à se respecter mutuellement et «à donner corps à l’idéal de cette organisation d’une famille humaine unie, travaillant non seulement pour la paix, mais dans la paix ; travaillant non seulement pour la justice, mais dans un esprit de justice». (apic/imedia/bh)

Le pape François devant l'assemblée générale de l'ONU à New York, le 25 septembre 2015 (photo Keystone)
25 septembre 2015 | 17:56
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 4  min.
ONU (187), pape françois (2303), pauvres (103)
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