Mgr Bernard Genoud, «enciellé» depuis cinq ans
Fribourg, 20.09.2015 (cath.ch-apic) Le lundi 21 septembre 2015, une messe solennelle à la cathédrale de Fribourg marquera les cinq ans du décès de Mgr Bernard Genoud. Retour sur l’itinéraire d’un homme de conviction et d’un évêque de contact, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg de 1999 à 2010.
Mars 1999. Au séminaire diocésain, la presse est convoquée pour la présentation du nouvel évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Surprise des non-fribourgeois, venus à la rencontre du directeur du séminaire, l’abbé Bernard Genoud. Le futur prélat «n’a pas la langue dans sa poche». En deux ou trois formules bien senties («Un prêtre ne doit pas avoir un profil de fer à souder tombé du 10e étage»), la presse est conquise par ce «personnage coloré, rubicond, enthousiaste». Proche, familier, il tranche avec le très diplomate Amédée Grab.
Dans les cafés
Un évêque est né. Son ordination, le 24 mai 1999 à la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg, est une fête populaire. Le nouvel évêque va chanter, après la célébration, avec les Armaillis de la Gruyère au centre Forum Fribourg. Direct et chaleureux, Mgr Genoud sillonne son diocèse. Il va discuter dans les cafés, rencontrant la population à Fribourg, Lausanne, Genève et Neuchâtel. Le mensuel Générations titre: «Un évêque populaire».
Populaire, mais sans effets de manches. Dans ses homélies, ses formules font mouche. Théologien et philosophe, il s’appuie sur une solide expérience humaine acquise au fil de ses rencontres, notamment avec les jeunes à qui il a enseigné la philosophie au Collège du Sud à Bulle. Mélange de théologie pointue et de réflexion approfondie, ses sermons révèlent un homme «sage» qui sait parler au cœur. Les enterrements deviennent des «enciellements» dans sa bouche.
«Ma grâce te suffit»
Pourtant, les combats d’un évêque sont multiples. L’affaire Bürcher, du nom de l’évêque auxiliaire en poste à Lausanne, déplacé en Islande, lui pèse. Bernard Genoud manque de temps, ne trouve plus le temps de sortir sa flûte ou d’aller au concert. Et quand il ordonne prêtre son adjoint Nicolas Betticher, puis le nomme vicaire général du diocèse, les critiques fusent. Mgr Genoud fait le dos rond, mais encaisse les coups.
Fumeur invétéré, il est atteint dans sa santé. Un premier cancer en 2007, puis un autre en 2009. L’évêque ne cache pas son état, mais lutte, fidèle à sa devise «Ma grâce te suffit». Poursuivant sa mission, il fait front avec courage et sérénité: affaire de pédophilie (un religieux capucin dont il n’a pas la charge directe), soutien aux étrangers, débats télévisés (il se déclare disposé à accompagner une personne qui aurait choisi le suicide assisté. Mais petit à petit, Bernard Genoud doit restreindre ses activités. La maladie le gagne.
En août 2010, il donne une dernière interview au Matin Dimanche: «Si je ferme les yeux, je Le vois», confie-t-il en évoquant le Christ. Il avoue ne pas craindre la mort: «Si on sait qu’il y a quelque chose après, on ne meurt pas». Bernard Genoud est décédé le 20 septembre 2010 à Fribourg. (apic/bl/mp)