L’abbé Godel accueilli à Lausanne en «enfant du pays»
Lausanne, 10.09.2015 (cath.ch-apic) L’installation du nouveau vicaire épiscopal du canton de Vaud, l’abbé Christophe Godel a eu lieu le 9 septembre en la basilique Notre-Dame de Lausanne. Une messe très suivie et riche en déclarations d’encouragement pour le successeur de l’abbé Marc Donzé.
Une basilique Notre-Dame bondée, une cinquantaine de prêtres et de diacres et l’évêque du diocèse, Mgr Morerod, un chœur de jeunes, des gardes suisses, des délégations des autres Eglises et de la communauté israélite: l’installation de l’abbé Christophe Godel, nouveau vicaire épiscopal du canton de Vaud, s’est vécue dans une ambiance festive et décontractée, au soir du 9 septembre, à la basilique Notre-Dame de Lausanne.
Des applaudissements nourris ont salué les propos du nouveau vicaire épiscopal, à la fin de la célébration: «Ma première impression, c’est que je ne suis pas à la hauteur de la tâche, a affirmé, sans ambages, l’abbé Godel. J’ai accepté parce que l’évêque me l’a demandé et que des personnes m’ont dit qu’elles me verraient bien à ce poste. Je ferai de mon mieux avec l’aide de tous».
«Christophe, Vaudois»
Dans son homélie, l’évêque diocésain, Mgr Charles Morerod, a commenté le texte des Béatitudes: «Quel programme! Et quel changement de perspective nous offre le Christ. En regardant vers Jésus, on ne regarde plus les statistiques de fréquentation des églises…» Et interpellant le vicaire vaudois, «Christophe, je sais que ce que tu veux, c’est faire percevoir celui que tu aimes, le Christ».
La présence des trois précédents vicaires épiscopaux, le chanoine Jean-Robert Allaz, Mgr Rémy Berchier et l’abbé Marc Donzé, a montré la continuité de la charge qui attend l’abbé Godel. Il aura notamment la responsabilité des quelque 80 prêtres et 130 agents pastoraux du canton. Mgr Morerod a également saisi l’occasion de remercier Marc Donzé pour son investissement dans la fonction qu’il a quittée fin août.
Du côté des autorités cantonales, la conseillère d’Etat Béatrice Métraux, retenue, a chargé Marie-Denise Schaller, présidente de la Fédération des paroisses catholiques du canton (FEDEC), du message de bienvenue à «Christophe, Vaudois, enfant du pays». Elle a retracé le cheminement du vicaire épiscopal, d’Avenches où il est né, au Nord vaudois où il a fait ses études, à Lausanne où il fut vicaire, avant de devenir curé à Vallorbe, puis à Echallens.
Œcuménisme
L’Eglise évangélique réforme du canton de Vaud a délégué le président du conseil synodal, le pasteur Xavier Paillard, également porte-voix de la communauté israélite et des autres Eglises chrétiennes. Ce dernier a indiqué à l’abbé Godel que «dans la patrie de frère Roger, l’œcuménisme n’est pas une matière à option». Le canton de Vaud accordant une légitimité institutionnelle aux deux plus grandes Eglises chrétiennes, le pasteur a souhaité que l’Eglise catholique reconnaisse «une égale légitimité apostolique» à l’Eglise réformée. Peut-être à l’occasion des 500 ans de la Réforme, en 2017?
Dans son message, l’abbé Godel a indiqué son attachement aux relations œcuméniques qu’il a pratiquées dans les paroisses où il a œuvré. De même qu’il tient à la vie consacrée (»Il n’est pas impossible que Dieu appelle des Vaudoises et des Vaudois») et qu’il prie pour les forces politiques au service du canton. Comme ancien garde suisse, Christophe Godel a eu un mot de sympathie envers les trois gardes en uniforme présents et ceux qui étaient dans l’assemblée.
Et, comme cadeau à l’assemblée, le vicaire épiscopal a fait distribuer, à la sortie de la basilique, un petit livret: Convictions et attitudes pastorales du pape François. Un programme en 16 points dans la ligne du souverain pontife et de son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (La joie de l’Evangile). Une joie perceptible également sur le parvis de la basilique lors de l’apéritif offert par la FEDEC. (apic/bl)
Encadré
Christophe Godel: «Le mot clé c’est ›discernement’»
Propos recueillis par Bernard Hallet
Lausanne, 10.09.2015 (cath.ch-apic) L’abbé Christophe Godel est depuis le 1er septembre vicaire épiscopal de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud. Comment envisage-t-il ce nouveau ministère? «Le mot clé, c’est ›discernement’ a-t-il confié à cath.ch. le jour de son installation à Lausanne.
A l’heure où le message de l’Eglise est souvent décrié, n’est-il pas difficile de prendre de nouvelles responsabilités?
Christophe Godel: La demande spirituelle est forte dans la population, mais les gens n’attendent rien de l’Eglise. Je pense qu’ils ont une image de l’Eglise qui ne correspond pas à la réalité. Beaucoup estiment l’Eglise en décalage par rapport à la société. Ils jugent ses idées rétrogrades et pensent qu’elle se borne à interdire. Ce n’est pas vrai. L’Eglise connaît l’être humain et s’y intéresse. La dernière encyclique du pape ‘Laudato si’ sur l’écologie est acceptée par une grande majorité car elle est pertinente. Le défi consiste à convaincre les gens que nous pouvons leur offrir ce qu’ils cherchent. Nous devons nous adapter à ces attentes pour être le plus efficients possible au service de tous. Je pense que l’Eglise est ‘semper reformanda’ toujours à réformer.
Cath.ch: Vous débutez une nouvelle mission, quels sont vos projets?
Ch.G.: Je ne souhaitais pas venir avec des projets prédéfinis, excepté celui du jubilé de la Miséricorde, imposé par l’agenda. Je vais d’abord évaluer la situation pour discerner dans quel sens l’Esprit Saint nous inspire d’aller. Je vais tenir compte de ce que les gens vivent dans leur mission, de ce que l’évêque désire, de la direction dans laquelle l’Eglise veut aller.
Cath.ch: Sur quelle expérience allez-vous vous appuyer?
Ch.G.: Les ministères que j’ai exercés m’ont donné l’occasion d’aborder divers domaines: La vie en paroisse, la catéchèse, les aumôneries, le domaine social, etc. Ce vécu m’aidera à concrétiser des idées. Je vais aussi m’appuyer sur l’expérience et les idées des autres. Plutôt que consensus, le mot clé ’est ›discernement’. Au cours d’une discussion, une idée peut émerger et capter l’attention, nous montrer un chemin, il faut en tenir compte. J’essaie de vivre ce discernement depuis le début de mon sacerdoce, afin que chacun puisse donner le meilleur de lui-même.
Cath.ch: Quelle est votre mission précisément?
Ch.G.: L’évêque est responsable du diocèse mais, pratiquement, il n’arrive pas à être partout dans le diocèse. Je vais donc remplir certaines de ses tâches sur le canton de Vaud pour suivre à la fois la vie de l’Eglise en général, les paroisses, les communautés linguistiques, les communautés religieuses et les personnes qui ont un ministère, prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs
Cath.ch: Que vous a dit Mgr Morerod lorsqu’il vous a proposé cette mission?
Ch.G.: Ma vie et mon parcours sacerdotal passés dans le canton de Vaud ont été un élément important dans la décision. Nous sommes peu avec ce profil. C’était un donc élément … en ma défaveur! (rires). Il paraîtrait également que j’ai beaucoup d’idées et que cela peut-être intéressant pour la suite.
Cath.ch: Et puis c’est un poste qu’on ne refuse pas.
Ch.G.: Non, refuser n’aurait pas été un problème. Il s’agissait de savoir si le choix, au regard de mon expérience et de ma personnalité, était cohérent. Il semble que c’était le cas. En tant que prêtre, j’estime logique aussi de répondre à un appel lorsqu’il se produit.
Cath.ch: Vous avez été choisi en raison de votre profil vaudois. En quoi l‘Eglise dans le canton de Vaud est-elle particulière par rapport aux autres cantons?
Ch.G.: Les liens avec l’Etat et l’œcuménisme sont deux caractéristiques typiques de l’Eglise dans le canton de Vaud. L’Eglise vaudoise est particulière dans les rapports œcuméniques qu’elle entretient avec l’Eglise réformée et les autres Eglises en général. J’ai une expérience de 15 ans dans ce domaine. Elle me sera utile. (apic/bh/mp)