La Fabrique de Saint-Pierre a la charge de préserver les réalisations artistiques et architecturales de la basilique (Photo:Jacques Berset)
Vatican

Le Vatican méconnu: la Fabrique de Saint-Pierre

Rome, 25.008.2015 (cath.ch-apic) Pour terminer cette série sur le Vatican méconnu, il faut s’attacher à une institution très discrète, mais pourtant omniprésente et indispensable au petit Etat. La Fabrique de Saint-Pierre, dont les origines remontent au 16e siècle, a la charge de préserver les réalisations artistiques et architecturales de la basilique, et de les rénover. Au sein de la Fabrique, l’Académie de mosaïque est une entité importante qui fournit depuis plus de cinq siècles de précieux chefs d’œuvre.

Les origines de la Fabrique de Saint-Pierre remontent au 16e siècle, lorsqu’en 1506, Jules II (1503-1513) fait commencer la construction de la nouvelle basilique Saint-Pierre. Il confie alors à Bramante, Michel-Ange ou encore Raphaël le soin de concevoir, décorer, réaliser des fresques, des peintures ou autres au Vatican. En 1523, Clément VII (1523-1534) nomme une commission chargée de la construction et de l’administration de la basilique. En 1589, Sixte V (1585-1590) place cette commission sous l’autorité de l’archiprêtre de la basilique, puis sous Clément VIII (1592-1605), elle est remplacée par la Congrégation de la Révérende Fabrique de Saint-Pierre, qui à partir de 1863, se consacre uniquement à l’entretien des œuvres de la basilique.

Les sanpietrini, les ouvriers de la basilique

Dans les faits, la Fabrique de Saint-Pierre est une véritable armée d’ouvriers, appelés les sanpietrini, chargés de préserver les réalisations artistiques et architecturales de la basilique Saint-Pierre. Le terme de sanpietrini désigne aussi les pavés qui se trouvent dans le centre historique de Rome. Peintres, menuisiers, maçons, forgerons, plâtriers, marbriers, décorateurs, électriciens, éclairagistes, plombiers, ouvriers spécialisés dans l’édification d’échafaudages, ils sont environ 120 à exercer pour la beauté de l’édifice. Une véritable fierté, de s’occuper de ce lieu saint, de participer ainsi à la grandeur de l’Eglise et du pape, les habite.

Les travaux de la Fabrique peuvent aller du changement d’une simple petite pièce à l’installation de statues de plusieurs mètres de haut, en passant par le nettoyage régulier du baldaquin du Bernin, ou encore la mise en place des estrades ou armoiries pontificales sur la loggia extérieure pour les grandes cérémonies. Par la constitution apostolique Pastor Bonus en 1988, Jean Paul II établit que «la Fabrique de Saint-Pierre continuera à s’occuper de tout ce qui concerne la basilique du Prince des apôtres, soit pour la conservation et la beauté de l’édifice, soit pour la discipline interne des gardiens et des pèlerins qui entrent pour la visiter, selon ses lois propres». En effet, les sanpietrini s’occupent aussi de la sécurité du lieu, et réalisent donc chaque jour une inspection attentive de la basilique, de la coupole jusqu’aux grottes vaticanes et à la nécropole.

L’entité de l’Académie de mosaïque remonte quant à elle au pontificat de Grégoire XIII (1572-1585) mais fut officialisée en 1727. Toute une pièce de l’atelier, le magasin des couleurs, recueille dans des petits tiroirs les quelques 26’000 couleurs différentes de tesselles, donc certaines datent du 16e siècle, pour entretenir les 10’000 mètres carrés de mosaïques de la basilique. En effet, depuis cette date, presque toutes les peintures, abîmées par la flamme des bougies et par l’humidité du lieu ont peu à peu été refaites en mosaïques. L’atelier est aussi chargé des médaillons des papes dans la basilique de Saint-Paul-hors-les-murs et prend également des commandes extérieures, profanes ou sacrées. Il arrive également que lors de ses déplacements à l’étranger, le pape offre une mosaïque provenant de l’atelier. La Fabrique est également en charge de la gestion des visites des fouilles de Saint-Pierre.

Bureaux et ateliers

Les bureaux de la Fabrique se trouvent au sud du Vatican, dans le complexe rassemblant la sacristie, le palais du Chapitre des chanoines de la basilique et le palais de l’archiprêtre qui sont en fait ses appartements. En effet, la Fabrique de Saint-Pierre est toujours sous la responsabilité de l’archiprêtre, qui est également à la tête du chapitre des chanoines chargés de la liturgie. Ainsi, la fonction est liée en même temps au maintien du climat de recueillement dans la basilique, mais aussi à sa préservation matérielle. Quant aux ateliers de mosaïques ils sont un peu plus à l’ouest, derrière l’église de Saint-Etienne-des-Abyssins et le palais du Tribunal et de la gendarmerie.

Petite anecdote italienne, à Rome, l’expression «c’est une Fabrique de Saint-Pierre» désigne des travaux qui ne finissent jamais, et effectivement, le travail quotidien des sanpietrini est sans fin, très discret, très humble, pour les millions de pèlerins qui viennent contempler la beauté de la basilique Saint-Pierre dans la ville éternelle.


Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins. Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2’800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri. Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie. Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013), ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)

La Fabrique de Saint-Pierre a la charge de préserver les réalisations artistiques et architecturales de la basilique
25 août 2015 | 14:20
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 4  min.
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