Colloque sur le bien commun à l'Université de Fribourg, dans le sillage du pape François
Lausanne, 21.08.2015 (cath.ch-apic) La notion de bien commun, qui occupe une place centrale dans l’enseignement social chrétien, est plus que jamais d’actualité avec les constantes interpellations du pape François. L’Université de Fribourg y consacre un colloque (*) du 3 au 5 septembre 2015, sous le patronage de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, et de l’archevêque Justin Welby, primat de l’Eglise anglicane, qui fera le déplacement de Fribourg.
Rencontre avec Jean-Claude Huot, membre du comité d’organisation du colloque.
Près d’une centaine de personnes sont attendues à ce colloque international intitulé «Le bien commun: entre passé et avenir». Le colloque traitera du passé, en évoquant l’Union de Fribourg et le contexte de l’encyclique «Rerum novarum» publiée le 15 mai 1891 par le pape Léon XIII). Il abordera ensuite les dimensions théologiques et philosophiques du bien commun, mais aussi ses enjeux politiques et économiques.
Le colloque se greffera sur l’actualité: redéfinition des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en objectifs du développement durable, à savoir «l’après 2015», négociations sur le climat, réalité de la migration. Dans ce contexte, il analysera la dimension interreligieuse et œcuménique du bien commun, notamment sa pertinence pour l’hindouisme, l’apport anglican ou orthodoxe. Des sessions seront aussi consacrées au rôle de l’Etat ou de l’Union européenne pour le bien commun et de ce que peuvent apporter les Eglises et les acteurs privés. Les participants seront également invités à s’interroger sur les destinataires du bien commun (Le bien de tous ? Qu’en est-il dans une société multiculturelle ?).
«Sortir du ghetto catholique»
Ce programme de développement pour «l’après-2015» abordera de nombreuses problématiques: mettre fin à la pauvreté et à la faim, améliorer la santé et l’éducation, bâtir des villes plus durables, combattre les changements climatiques et protéger les océans et les forêts.
Pour l’agent pastoral Jean-Claude Huot, actif dans la Pastorale œcuménique dans le monde du travail de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud, il est très important que les chrétiens travaillent au bien commun avec d’autres. «Il faut surtout sortir du ‘ghetto catholique’, car nous n’avons pas forcément toutes les clefs du bien commun. Il faut nous départir de cette tentation toujours présente de penser que, nous tous seuls, nous avons toutes les réponses. Cette façon de voir les choses est souvent encore dominante dans notre milieu, malgré les coups de boutoir salutaires du pape François».
Incitation à agir sur le terrain
Membre du comité d’organisation, il souhaite que ce colloque aide à voir la pertinence de la notion de bien commun pour réfléchir aux problèmes sociaux concrets et aider à mieux les comprendre, comme la question lancinante des immigrés qui frappent aux portes de l’Europe, ou le problème du réchauffement climatique.
«Le pape François nous demande concrètement de contribuer à résoudre ces problèmes qui affectent gravement ‘notre maison commune’, la terre».
Pour Jean-Claude Huot, il ne faut surtout pas qu’un tel colloque se limite à un discours académique, mais qu’il débouche sur du concret, mais c’est également une occasion de prendre du recul. «Une telle rencontre doit nous aider, nous qui travaillons sur le terrain, à approfondir le sens de notre action. En ce qui me concerne, c’est la pastorale dans le monde du travail, avec aussi la problématique des gens de la rue, la question des migrants et des sans-papiers… Un tel colloque est l’occasion de dynamiser le retour entre l’action et la réflexion». Pour lui, la dimension spirituelle est importante, «afin que l’on ne s’épuise pas dans l’activisme, et que l’on puisse se positionner de façon juste».
Pour le chrétien, pas seulement une interpellation éthique
Dans le monde chrétien, poursuit-il, on considère souvent ces problèmes uniquement comme une interpellation éthique. «Pour nous chrétiens, notre action doit aussi procéder d’une dimension spirituelle, mais cela n’est pas souvent perçu ainsi par la majorité du monde qui nous entoure. D’où l’importance de la création de la plateforme «Dignité et développement» (voir ci-dessous), voulue par notre évêque, Mgr Charles Morerod». JB
(*) La conférence transdisciplinaire internationale «Le bien commun: entre passé et avenir» est organisée par le département de théologie morale de l’Université de Fribourg, l’Association internationale pour l’enseignement social chrétien (AIESC) et la Fondation Caritas in Veritate, Genève, présidée par le nonce apostolique auprès des Nations Unies à Genève.
Encadré
Fondation de la plateforme «Dignité et développement»
Le lancement de la plateforme «Dignité et développement», voulue par Mgr Charles Morerod, aura lieu dans le cadre du colloque «Le bien commun: entre passé et avenir». L’évêque de LGF, suite à la suppression, en 2013, du mandat de la «Commission Tiers Monde de l’Eglise catholique à Genève» (COTMEC), qui avait suscité des remous bien au-delà de la cité de Calvin, a lancé le 1er juin 2015 un appel pour la création au niveau diocésain de la plateforme «Dignité et développement». Pour préparer cet appel, il avait mis sur pied un groupe de travail au début 2014 dans le but de former une plateforme de réflexion sur les réalités d’injustice et de pauvreté, à la lumière de l’enseignement social de l’Eglise. L’assemblée constitutive de cette plateforme se tiendra le 5 septembre 2015 à l’Université de Fribourg. «Nous avons besoin d’un espace de réflexion qui nous permette d’aller au-delà des urgences, de l’aide immédiate pour inscrire les interventions immédiates dans le long terme. Nous avons aussi besoin de situer la diaconie, l’aide sociale menée ici dans le contexte de la mondialisation, donc de penser globalement ce que nous faisons localement», soulignait-il dans son appel. L’évêque de LGF relève l’importance d’approfondir la pensée sociale chrétienne «qui est à la fois le fondement et le fruit de l’engagement pour le bien commun, pour la justice et la paix». Sachant que de nombreuses personnes et institutions travaillaient à ces questions sans se concerter, il lui a semblé utile de favoriser les synergies entre des approches différentes. (apic/be)