Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire (Photo:Keystone)
Suisse

Les déclarations de Mgr Huonder sur l'homosexualité seront discutées au sein de la CES

Coire/Fribourg, 09.08.2015 (cath.ch-apic) La polémique concernant les récentes déclarations de Mgr Huonder sur l’homosexualité sera discutée au sein de la Conférence des évêques suisses (CES). Mgr Markus Büchel, évêque de St-Gall, a estimé pour sa part que, concernant l’homosexualité, «l’amour du prochain est la clé d’interprétation de la Bible».

«Une conduite sexuelle responsable est plus importante pour le bien de la personne que son orientation homo ou hétéro», a jugé Mgr Büchel dans une lettre du 7 août, adressée aux agents pastoraux de son diocèse. Mgr Huonder avait cité fin juillet, lors d’un congrès en Allemagne, un passage du Lévitique selon lequel: «Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable, ils seront punis de mort: leur sang retombera sur eux» (Lévitique 20:13). Les milieux homosexuels, mais aussi nombre de catholiques avaient immédiatement fustigé ses déclarations. «Nous nous réjouissons de chaque relation dans laquelle les partenaires s’acceptent mutuellement en tant qu’enfants aimés de Dieu, dans l’égalité et la valeur, et respectent la dignité de l’autre!», écrit en outre le prélat saint-gallois.

L’amour du prochain: le code de la Bible

Concernant cet aspect de dignité, «une personne et ses relations ne doivent pas être réduites à sa sexualité», affirme-t-il. Au cœur du message de Jésus, se trouve l’amour du prochain. Pour l’évêque, ces principes constituent ainsi la clé d’interprétation des passages bibliques pour notre époque. «Nos connaissances actuelles sur l’homosexualité en tant qu’investissement affectif et orientation sexuelle non librement choisie étaient inconnues à l’époque biblique», note Mgr Büchel. Il considère comme le devoir de l’Eglise d’accompagner les personnes sur leur chemin de vie. «Un chemin dans lequel ils peuvent intégrer leur forme particulière de relations et leur sexualité en tant que don de Dieu dans leur vie», note l’évêque saint-gallois. L’Eglise devrait, selon lui, se rendre consciente des fardeaux historiques dans le domaine de l’homosexualité «et trouver un nouveau langage, approprié aux situations et aux personnes».

Les évêques du pays devraient quoiqu’il en soit débattre de ce sujet entre eux, selon une information diffusée le 9 août par l’hebdomadaire zurichois «Sonntagszeitung» et confirmée par la CES. Walter Müller, porte-parole de la Conférence épiscopale a indiqué que la CES avait reçu «relativement beaucoup» de réactions concernant les déclarations de l’évêque grison.

Plainte pénale contre Mgr Huonder

L’organisation de défense des gays et lesbiennes suisse «Pink Cross» a annoncé qu’elle déposerait une plainte pénale le 10 août contre Mgr Huonder, pour incitation publique au crime ou à la violence. L’organisation a précisé que son action était dirigée directement contre le prélat et non contre l’institution de l’Eglise. «Pink Cross» a indiqué dans un communiqué être consciente du fait que la plupart des représentants et des membres des Eglises n’étaient pas du tout homophobes.

Les associations suisses «C+H» et «Vogay-Chrétiens», qui se réclament aussi bien du christianisme que de l’homosexualité, se sont également élevées publiquement, le 8 août, contre les déclarations du prélat grison. Les associations en appellent à l’Eglise catholique romaine afin qu’elle «transmette un message d’ouverture et d’amour- à l’image de Jésus-Christ- dans toutes ses pensées, ses écrits, ses paroles et ses actes».

Le diocèse de Coire a fait part de son intention de communiquer la semaine prochaine sur les déclarations de son évêque. (apic/ag/rz)

Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire
9 août 2015 | 17:20
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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