Synode sur la famille: le cardinal Cottier oppose la «brutalité» du rigorisme à la «délicatesse» de la miséricorde
Rome, 31.07.2015 (cath.ch-apic) La miséricorde constitue «le cœur de la doctrine chrétienne», affirme le cardinal suisse Georges Cottier. Dans une interview au dernier numéro de la revue jésuite Civiltà Cattolica, il qualifie aussi le «rigorisme» de «brutalité (…) contraire à la délicatesse» de Dieu. Le cardinal genevois offre une longue réflexion sur la miséricorde, en vue du synode sur la famille d’octobre 2015 et du jubilé consacré à ce thème.
«La miséricorde (…) est le cœur de la doctrine chrétienne. Seulement une mentalité restreinte peut défendre le légalisme et imaginer doctrine et miséricorde comme deux choses distinctes». C’est ce qu’a affirmé le cardinal suisse Georges Cottier dans une interview au Père Antonio Spadaro, directeur de la revue jésuite Civiltà Cattolica, datée du 8 au 22 août 2015. «Une brutalité contraire à la délicatesse avec laquelle Dieu guide chaque personne est inhérente au rigorisme», a également estimé ce dominicain et théologien de renom, nommé théologien de la maison pontificale par Jean Paul II, puis confirmé à cette fonction par Benoît XVI.
L’Eglise doit «rester attentive» aux changements des mentalités
Sur la question des personnes divorcées remariées, le cardinal Cottier a développé l’idée d’un «jugement de prudence» que pourrait émettre un évêque. «Je le dis non sans hésitations et doutes, compte tenu de la division des évêques», a-t-il ajouté. Ce jugement s’appliquerait surtout à des situations de «sérieuse probabilité de nullité du premier mariage, a-t-il précisé, mais pour laquelle il est difficile de fournir des preuves canoniques». Pour le théologien, la qualification de «divorcés remariés» est une «généralisation simplificatrice», qui a mis entre parenthèses la diversité des situations.
D’une manière générale, a encore estimé le cardinal Cottier, «l’Eglise doit toujours rester attentive aux changements historiques et à l’évolution des mentalités. Certainement pas pour s’y soumettre, mais pour dépasser les obstacles qui peuvent s’opposer à l’accueil de ses conseils et de ses directives». Le Jubilé de la miséricorde, qui s’ouvrira le 8 décembre prochain, «illuminera les travaux du synode de 2015 et en empruntera le style», a estimé le prélat. «Il y a des personnes (…) qui, à cause d’un jugement négatif émis de façon impersonnelle (…), a-t-il encore regretté, se sont senties éloignées, rejetées de manière grave. Ici, la responsabilité des confesseurs est grande.»
La souffrance des enfants du divorce
Le théologien émérite de la maison pontificale est aussi revenu sur le synode sur la famille d’octobre 2014, regrettant que rien n’ait été fait pour «actualiser une nouvelle pastorale de préparation au sacrement du mariage». La pratique actuelle, a-t-il regretté, «a plus l’apparence d’une formalité que d’une éducation à un engagement qui dure toute la vie». Le dominicain a aussi regretté que la souffrance des enfants de parents divorcés «ait si peu retenu l’attention du synode de 2014, du moins dans la manière dont en ont parlé les médias». Ces enfants, a-t-il déploré, souffrent pour toute la vie du divorce de leurs parents, et sont parfois sujets à une inégalité économique et éducative. (apic/imedia/bl/rz)