Syrie: «L'évêque est presque devenu le maire»

Syrie, 22.07.2015 (cath.ch-apic) Dans la ville d’Hassaké, au nord-est de la Syrie, les urgences sanitaires et alimentaires qui frappent la population civile ont poussé l’archevêque syro-catholique Jacques Behnan Hindo à assumer des responsabilités publiques.

«Je suis devenu responsable du nettoyage, de l’urgence représentée par les ordures, des désinfestations et de tous les services qui sont en relation avec la santé publique», raconte Mgr Hindo à l’agence d’information vaticane Fides. «Le conflit – ajoute l’archevêque – expose davantage la population également au risque d’épidémies. Tout devient encore plus compliqué avec la chaleur de l’été. J’ai pris en charge ces besoins parce que je voyais que personne ne le faisait et je coordonne actuellement une équipe de 130 opérateurs – dont près de 100 sont musulmans – qui travaillent dans des quartiers où habitent 400’000 personnes sans demander pour moi aucune récompense. Les gens disent: «l’évêque est presque devenu le maire de la ville». Nous aurions besoin de camions pour la collecte des ordures, mais maintenant nous ne saurions vraiment pas où les trouver».

Une ville située dans un endroit stratégique

Ville chef-lieu d’une province frontalière de la Turquie et de l’Irak, Hassaké a été le théâtre de conflits intensifs fin juin entre le groupe terroriste Etat Islamique (EI) d’un côté et les forces kurdes et l’armée syrienne de l’autre. Le contrôle de cette région est essentiel pour les deux camps parce qu’elle se trouve entre des territoires tenus par l’EI en Syrie et en Irak près de la frontière turque.

En quelques semaines le salaire d’une vie

Pour Mgr Hindo «l’EI est fils de l’idéologie wahhabite et des ressources financières de l’Arabie saoudite qui veut mettre la main sur tout. La grande partie des sunnites n’a rien à voir avec les hommes de Daech. Dans leur grande majorité ce sont des tribus qui, jusqu’à une date récente, ne connaissaient pas une seule sourate du coran. Des familles, avec de nombreux enfants, maintenant s’enrôlent dans les rangs du Daech et gagnent de la sorte en quelques semaines seulement des sommes qu’elles n’ont jamais vu au cours de toute leur vie. Il s’agit de gens habitués à s’allier avec ceux qui paient et ont le pouvoir. Si en fin de compte devait prévaloir l’armée d’Assad, ils seront prêts à crier à nouveau «Vive Bashar !»«. (cath.ch-apic/fides/ce)

L'église syro-orthodoxe dans le centre ville d'Hassaké
22 juillet 2015 | 11:13
par Catherine Erard
Temps de lecture : env. 2  min.
Etat islamique (138), Syrie (437)
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