Honduras: Le lobby des OGM s'attaque à l'agriculture biologique
Tegucigalpa, 15.07.15 (cath.ch-apic) Au Honduras, une nouvelle loi veut interdire aux familles paysannes de cultiver par elles-mêmes leurs semences, les obligeant à acheter auprès d’entreprises étrangères des semences coûteuses, et le plus souvent génétiquement modifiées. L’œuvre d’entraide protestante suisse Pain pour le prochain (PPP) soutient l’association nationale de promotion de l’agriculture biologique (ANAFAE) qui lutte contre ce projet de loi.
«Cette loi est scandaleuse et met en péril la sécurité alimentaire de tout un pays!», lance PPP dans un communiqué du 15 juillet 2015. L’œuvre d’entraide souligne que sous le régime de la nouvelle loi dite «Monsanto» – du nom de la multinationale américaine active dans l’agrobusiness -, les familles réfractaires seront sanctionnées. Cela poussera des centaines de milliers de paysannes et paysans dans la dépendance.
Contrairement à ANAFAE, le gouvernement du Honduras ne se soucie guère de la population rurale, affirme PPP. «Le gouvernement fait primer les droits des entreprises sur ceux des personnes», déplore Octavio Sanchez, directeur d’ANAFAE. La loi «Monsanto», actuellement à l’étude, est l’un des exemples les plus préoccupants de l’influence croissante des intérêts de l’agrobusiness sur la politique hondurienne. La loi veut imposer une protection stricte des variétés. Si elle entre en vigueur, les multinationales de l’agriculture s’arrogeront des droits exclusifs sur les semences protégées. Ainsi, les paysans ne pourraient plus sélectionner, réutiliser, vendre ou échanger des semences – comme ils le font actuellement – et seraient contraints de les acheter chaque année, un facteur de pauvreté et d’endettement qui accablerait des gens déjà très pauvres.
Pour des produits sains et frais
Pour écarter ce danger, ANAFAE travaille à l’élaboration d’un projet de loi différent. Elle aide aussi les familles paysannes à produire et à réutiliser des semences à partir de variétés locales et adaptées. Pour ce faire, elle soutient la création de banques de semences et organise des foires, un espace d’échange de semences et de connaissances agricoles. De surcroît, ANAFAE forme les cultivateurs aux techniques durables. Une approche couronnée de succès, selon PPP, puisque les familles bénéficiaires assurent leur subsistance et écoulent leurs excédents de produits sains sur les marchés locaux, comme à Tegucigalpa, la capitale du Honduras. (apic/com/rz)