Des fermiers bengalis chassés de leurs terres par des militaires proches du pouvoir
Bangladesh, 08.07.2015 (cath.ch-apic) Des hommes armés ont forcés plus d’une dizaine de fermiers hindous à quitter leurs villages le 3 juillet 2015 dans le district de Thakurgaon au nord du Bangladesh. Les attaquants seraient affiliés au parti politique au pouvoir. Une attaque de plus contre cette minorité religieuse fortement discriminée.
Au moins dix habitants de quatre villages ont été blessés et hospitalisés. Plusieurs d’entre eux ont raconté que 50 hommes armés, qui seraient liés à la Ligue Awami au pouvoir, les ont agressés. Ces attaques auraient pour but de les forcer à quitter leurs terres. Selon les victimes la société immobilière Ranbag Islami Tea, appartenant à la police militaire, cherche à s’emparer de leurs champs.
«La police militaire veut s’emparer de nos terres pour sa société de thé. Ces hommes nous ont déjà menacé de nous expulser de nos maisons si nous ne voulions pas partir volontairement», a déclaré Ketu Singh, fermier de 40 ans, à l’agence de presse ucanews. «S’ils nous proposaient un bon prix pour nos propriétés, nous pourrions accepter. Mais nous ne pouvons les leur offrir gratuitement et nous retrouver sans le sou». Un autre fermier affirme que la police a refusé de remplir une plainte contre les attaquants parce que ceux-ci auraient le soutien du parti au pouvoir.
La police locale affirme de son côté n’avoir reçu aucun dépôt de plainte. Et du côté de la police militaire, Dabirul Islam, un politicien local, parlementaire et membre de la Ligue Awani, nie ces allégations et parle d’une tentative visant à le discréditer.
Une forme de purification ethnique
Dans ce pays majoritairement musulman, la minorité hindoue souffre d’une discrimination constante dans l’accès à l’éducation, à l’emploi et aux postes à responsabilité. Beaucoup de temples hindous ont été victimes d’actes de vandalisme ces dernières années. Des même des incarcérations pour des motifs fictifs, des récits de conversion sous contrainte, des enlèvements, viols et mariages forcées sont régulièrement rapportés dans les médias. En 1947, lors de la partition de l’Inde, un tiers de la population était hindoue. En 1971 à la création de l’Etat du Bangladesh les hindous ne représentaient déjà plus qu’un cinquième de la population. Aujourd’hui ils seraient moins de 8%. Un avocat et un chercheur bengalis, Anirban Choudhury Arup et Priyanka Bose Kanta, parlent même de purification ethnique concernant la minorité hindoue du Bangladesh. (cath.ch-apic/ucanews/ce)