Didier Rance lance à Fribourg un appel à la solidarité avec les chrétiens chassés d'Irak et de Syrie

Fribourg, 05.07.2015 (cath.ch-apic) La fin des totalitarismes athées du XXe siècle a fait croire que la persécution des chrétiens appartenait au passé, a déclaré l’écrivain français Didier Rance, de passage les 4 et 5 juillet 2015 dans les paroisses de Sainte-Thérèse et de Saint-Pierre, à Fribourg.

Mais la chute de l’empire soviétique a permis de redécouvrir d’autres persécutions, notamment en milieu musulman, hindou ou bouddhiste.

Didier Rance, ancien directeur national de l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED) en France, est diacre catholique pour le diocèse de Metz depuis 30 ans, et, à ce titre, il se définit comme «le serviteur inutile, et heureux de l’être». Il prêche pendant cinq jours, à l’Abbaye de la Maigrauge, en basse-ville de Fribourg, la retraite annuelle des candidats au diaconat de Suisse romande (*).

Minorités religieuses dans le collimateur des fanatiques musulmans, hindous ou bouddhistes

Avant de parler de la tragédie des chrétiens du Moyen-Orient – en particulier en Irak et en Syrie – Didier Rance tient à mentionner la situation des chrétiens en Chine, pour lesquels l’année 2014 a été la pire depuis la disparition de Mao Tsé-toung. Les attaques contre les chrétiens ont triplé en Inde depuis l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement nationaliste hindou, tandis que les minorités religieuses sont la cible de fanatiques musulmans au Pakistan ou de bouddhistes ultranationalistes au Sri Lanka ou en Birmanie.

Depuis l’apparition des djihadistes en Irak et en Syrie, la situation des chrétiens, présents sur ces terres depuis les premiers siècles du christianisme, est désespérée, assure Didier Rance. Il connaît le pays: s’étant rendu pour la première fois en Irak en 1969, il assiste le 27 janvier de cette année-là à la pendaison en public, sur ordre du général Ahmed Hassan al-Bakr, de quatorze Irakiens – dont neuf juifs – accusés d’espionnage au profit d’Israël.

Les chrétiens attaqués bien avant l’arrivée de Daech

Déjà avant cette période, la situation des chrétiens minoritaires dans cette région était précaire, confie-t-il à cath.ch. Et de mentionner le sort des Assyro-Chaldéens de Haute-Mésopotamie, parlant l’araméen, la langue du Christ, qui avaient été chassés du sud-est de la Turquie lors du génocide des Arméniens en 1915.

Bien avant l’Etat islamique, les chrétiens d’Irak étaient déjà sujets à des vexations et des violences de la part des autorités sous l’Empire ottoman puis sous la monarchie, souligne l’ancien directeur d’AED France. En août 1933, dans le nord de l’Irak, l’armée irakienne, soutenue par des tribus arabes et kurdes, massacre des centaines d’Assyro-Chaldéens à Simele, dans le nord du pays.

Massacres postés sur YouTube par les jihadistes de Daech

Didier Rance mentionne encore des meurtres de masse les visant en 1950. «Mais aujourd’hui, avance-t-il, ces massacres sont mis en scène par les jihadistes de Daech, l’Etat islamique, et postés sur YouTube, comme moyen de propagande et de recrutement et aussi pour terroriser. Les chrétiens en ont vraiment marre, ils critiquent de plus en plus leur hiérarchie, qui leur demande de rester. Ils n’en peuvent plus et savent qu’à deux heures d’avion de chez eux, ils peuvent vivre libres… Ceux qui sont formés partent les premiers, ou sont déjà loin, fragilisant ainsi ceux qui restent».

A ses yeux, l’exode des chrétiens du Moyen-Orient semble inéluctable. «A vue humaine, c’est la fin des chrétiens parlant l’araméen, une présence dans cette région qui remonte à près de 2’000 ans… Les chrétiens d’Irak et de Syrie nous demandent de ne pas faire comme s’ils n’existaient pas!»

(*) Didier Rance est à Fribourg à l’invitation de Bertrand et Françoise Georges, chargés du discernement et de la formation des futurs diacres de Suisse romande. Cette année, le Lorrain s’adresse à 8 candidats et à leur épouse, dont un couple vient du diocèse de Sion et les autres du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Au service de la liturgie et des plus pauvres, les diacres permanents, des hommes, mariés ou célibataires, sont ordonnés pour se consacrer au service de la charité. Ils assistent également le prêtre durant l’Eucharistie, proclament l’Evangile, prêchent, célèbrent baptêmes et mariages. (apic/be)