Le jubilé de la paroisse St-Paul, à Genève, a renforcé le sentiment de communauté (Photo:Jean-Claude Gadmer)
Suisse

Paroisse St-Paul de Genève: Le centenaire a renforcé le sentiment de communauté

Genève, 17 juin 2015 (Apic) «Les célébrations du centenaire ont renforcé le sentiment de communauté dans la paroisse St-Paul», assure Frédéric Monnin, secrétaire de la paroisse genevoise et coordinateur des manifestations. Les célébrations culmineront le 21 juin, avec une messe célébrée dans l’église de Cologny par Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), ordonné prêtre en ce lieu, en 1988.

Les divers événements de commémorations qui émaillent cette année de centenaire sont l’occasion de remercier les paroissiens de St-Paul, confie à cath.ch Frédéric Monnin. Il se réjouit de voir des fidèles fiers de leurs paroisse et emplis de générosité, pas uniquement dans les quêtes, mais également dans leur présence et leur engagement. Le responsable paroissial note que les célébrations de ce jubilé ont redonné une certaine vigueur à un lien communautaire qui s’était quelque peu essouflé. Une harmonie également intergénérationnelle qui se reflétera au cours de la messe du 21 juin à l’église St-Paul, connue pour avoir été le premier bâtiment religieux du 20ème siècle classé monument historique à Genève. Les organisateurs ont en effet tenu à ce que des représentants de toutes les générations, des plus jeunes aux plus âgés, aient un rôle à jouer dans la liturgie.

Jumelage avec le Congo

La cérémonie sera l’un des points d’orgue d’un jubilé qui propose notamment des conférences, des concerts, des visites guidées et des cérémonies religieuses. La messe sera l’occasion pour Mgr Morerod de retrouver les lieux où il a été ordonné prêtre en 1988. Frédéric Monnin assure que l’évêque revient volontiers dans la paroisse, où il a encore de nombreux amis, ou au couvent dominicain qu’il a habité avant son ordination presbytérale. L’évêque de LGF sera accompagné de Mgr Cyprien Mbuka, évêque de Boma, en République démocratique du Congo. Les prélats seront ainsi les témoins d’une démarche de jumelage entre la paroisse du Christ-Roi de Boma et la paroisse St-Paul, qui entretiennent depuis des années des relations étroites.

Le chant, à travers un répertoire très varié, sera à l’honneur lors de la cérémonie, assure Frédéric Monin, également directeur de la chorale depuis 2003. Des gardes suisses ont en outre été invités pour encadrer l’évêque.

Hommage à Jean-Daniel Balet

L’apothéose des célébrations se concrétisera par la messe de minuit, le 24 décembre, qui commémorera également les 100 ans de la chorale, créée peu après la paroisse.

Parmi les événements qui ont pour l’instant marqué la démarche, Frédéric Monnin note le concert donné le dimanche des Rameaux. A cette occasion a été interprété un oratorio intitulé ” Un Chemin de croix», composé par Jean-Daniel Balet, défunt curé et directeur de la chorale de St-Paul. Le prêtre, très apprécié, est décédé en 2013 à l’âge de 48 ans, après 10 ans d’une lutte qui l’a amené à vivre lui-même son propre chemin de croix, relève Frédéric Monnin. «Personne n’avait les yeux secs à la fin de la cérémonie», assure le responsable paroissial. Une association portant le nom du prêtre dominicain, destinée à encourager la formation musicale des enfants et des jeunes de moins de 25 ans, a vu le jour en mai dernier.


Encadré

Histoire de l’église St-Paul

En 1911, les autorités ecclésiastiques catholiques de Genève, vu la forte augmentation de la population de confession catholique romaine, décidèrent de mandater un jeune prêtre, l’abbé Francis Jacquet, pour fonder une paroisse à Grange-Canal, indiquent Antoine Casanova et Frédéric Monnin dans un article paru en mars 2015 dans le Courrier pastoral de Genève.

Homme de culture, aux goûts artistiques sûrs et bon théologien, l’abbé Jacquet a voulu dès le départ que son église fût une œuvre de beauté, où tout soit création. Ceci en s’éloignant de la routine qu’on retrouvait dans certaines églises de l’époque. C’est peut-être là le secret de la réussite de ce lieu de culte, devenu un véritable manifeste du renouveau de l’art religieux au début du 20ème siècle. A cet égard, le Conseil d’État a classé l’église Saint-Paul monument historique le 22 décembre 1986, après d’importants travaux de restauration. C’est le premier bâtiment religieux du 20ème siècle à avoir été classé à Genève. Pour réaliser cet édifice, l’abbé Francis Jacquet a fait appel à un jeune architecte, Adolphe Guyonnet qui, réalisant là sa première œuvre, s’y est investi totalement, après avoir compris le message de son mandant. Le programme consistait à construire une église pouvant accueillir 600 personnes, communiquant directement avec la cure et complétée par une grande salle de réunion bien éclairée en sous-sol.

Style roman avec plan d’inspiration paléochrétienne

Saint-Paul est un édifice de style roman, avec un plan général d’inspiration paléochrétienne. L’architecte s’est donc tourné vers l’Église primitive, la plus authentique selon lui, nous laissant une église avec une grande simplicité de lignes et de volumes.

Pour cela, l’abbé Jacquet a su réunir autour de lui un groupe de jeunes artistes de la région qui, avec Maurice Denis et l’architecte, imaginèrent puis créèrent la décoration de l’église. Si, en tant que maître d’œuvre, l’abbé Jacquet imposa un programme iconographique à chaque artiste, ces derniers purent le réaliser en exprimant leur talent novateur, créant ainsi le premier ensemble décoratif dans un esprit d’art total. Le chantier de Saint Paul a été ouvert le 1er octobre 1913, et l’inauguration eu lieu le 28 novembre 1915. Mais l’œuvre décorative ne fut réellement terminée qu’en 1926.

Représentation de la vie et des actes de saint Paul

Maurice Denis, peintre français déjà de notoriété internationale, a peint en 1916 la grande toile marouflée de l’abside, représentant la vie et les actes de saint Paul, patron de l’église. Il a de plus préparé les cartons pour les vitraux éclairant le haut de la nef centrale, consacrés aux saints et saintes de la région, ainsi que pour le vitrail dans la série des fenêtres des bas-côtés, en hommage à l’abbé Jacquet décédé peu avant. Pour terminer, Maurice Denis prépara aussi le carton de la mosaïque du baptistère, illustrant magistralement la symbolique biblique du sacrement du baptême.

(apic/arch/rz)

Le jubilé de la paroisse St-Paul, à Genève, a renforcé le sentiment de communauté
20 juin 2015 | 08:04
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 4  min.
Charles Morerod (273), Genève (410), Jubilé (79)
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