«Ayez pitié du peuple de Dieu !» lance le pape à des prêtres du monde entier

Rome, 13 juin 2015 (Apic) Le pape François a demandé aux prêtres d’être toujours «miséricordieux» avec leurs fidèles, affirmant une nouvelle fois que «le baptême ne se refuse pas», dans l’après-midi du 12 juin 2015. Pendant deux heures, le pape a distillé des conseils à quelques centaines de prêtres du monde entier, dans la basilique romaine de Saint-Jean-de-Latran, répondant aussi à leurs questions et confiant à cette occasion son intention de se rendre en Afrique en novembre prochain, en République centrafricaine et en Ouganda.

En espagnol, devant quelques centaines de participants à la 3e retraite mondiale des prêtres, le pape François a fortement souhaité des «pasteurs proches du peuple de Dieu». «Une Eglise sans Jésus et sans miséricorde, non !» s’est exclamé le pape en souhaitant que les prêtres et les évêques soient toujours «au service du peuple de Dieu».

«Ne soyez pas hypocrites, soyez miséricordieux», a demandé le pontife, souhaitant que cette miséricorde s’exprime en particulier dans le sacrement de la pénitence. «La grâce ne s’achète pas», a-t-il encore soutenu, invitant les clercs à s’interroger de la sorte lorsqu’ils sont face à une question difficile: «Que ferait Jésus à ma place ?»

«Le baptême ne se refuse pas»

«Cela me fait beaucoup de peine, a ainsi confié le pape, quand par exemple un curé ne baptise pas un nouveau-né parce que c’est l’enfant d’une mère célibataire ou de parents remariés». «Il n’a pas le droit ! (…) le baptême ne se refuse pas» a alors lancé le pape, avant de prendre encore l’exemple d’une jeune fille-mère venue par le passé lui demander pourquoi son curé refusait de baptiser son enfant. «Que sommes nous ? Sommes-nous puritains ?», a alors lancé le pape, dénonçant une «hypocrisie».

Aux prêtres, le pape a également donné quelques conseils pour écrire leurs homélies. «S’il vous plait, ayez pitié du peuple de Dieu!» leur a-t-il lancé en souhaitant que leurs prédications soient «priées» et puissent parler du Christ sans être pour autant «d’excellentes conférences» ou des «leçons de théologie». Les homélies doivent avoir un «langage positif» et non «prohibitif», a-t-il également insisté.

Une Eglise «mère» et non «matrone»

«Priez toujours, même si vous êtes fatigués. N’ayez pas peur de vous endormir devant le tabernacle. Cela peut être ennuyeux, ce n’est pas la télévision mais là, il y a l’amour». Ce sont d’autres conseils distillés par le pape qui a souhaité que l’Eglise ne fasse pas l’économie des débats: «Il est bon qu’il y ait une discussion car, là où il n’y en a pas, l’Eglise est morte. Il n’y a que dans les cimetières que l’on ne discute pas!»

«Lorsque le prêtre se transforme en bureaucrate, l’Eglise qui est mère se transforme en matrone», a encore relevé l’évêque de Rome, souhaitant que le prêtre ne soit pas «un fonctionnaire avec des horaires fixes ou une personne attachée à la loi», mais plutôt «un amoureux de Jésus». «L’appel au sacerdoce est avant tout un appel d’amour», a soutenu le pape qui a également prêché pour une véritable proximité entre le prêtre et son évêque : «Si un prêtre a un problème avec son évêque, qu’il soit capable de lui dire en face».

Répondant aux questions de quelques prêtres, le pape a soutenu une nouvelle fois que les pauvres étaient «la richesse de l’Eglise», mettant en garde cependant devant toute «idéologie». S’il doit y avoir une «lutte des classes», c’est celle de «l’Evangile», a-t-il plaisanté. Ainsi, les pauvres ne doivent pas être des instruments de «propagande» ou de «prosélytisme», a-t-il recommandé.

Interpellé sur l’œcuménisme et la Russie, le pape François a espéré que le synode panorthodoxe soit une réussite, confiant aussi qu’il avait consacré plusieurs paragraphes de sa prochaine encyclique sur l’écologie humaine au patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée.

Interpellé par un prêtre africain, le pape François a en outre confirmé son intention de se rendre en République centrafricaine et en Ouganda en novembre prochain, confiant qu’il aurait souhaité se rendre au Kenya, mais que rien n’était sûr en raison de «problèmes d’organisation». (apic/imedia/ami/bl/pp)