Haute-Savoie: Les Sœurs de Bethléem sous le coup d’une visite canonique

Annecy, 9 juin 2015 (Apic) Une visite canonique mandatée par Rome vient de commencer au sein de la communauté des Sœurs de Bethléem, au monastère des Monts-Voirons, en Haute-Savoie. L’enquête, qui intervient à la demande des religieuses elles-mêmes, tente de faire la lumière sur les allégations d’anciens membres concernant notamment une pression dans le discernement, une rupture excessive avec l’extérieur, ou encore une culture de culpabilité, rapporte le 9 juin 2015 le site internet du quotidien français «La Croix».

La communauté monastique de Bethléem compte plus de 700 moniales et 50 moines qui cherchent à vivre le dialogue avec Dieu dans le silence et la solitude, de manière radicale, à l’école des Pères du désert et des chartreux.

La visite canonique a commencé fin mai. Le Père Jean Quris, curé de Saumur, dans le Maine-et-Loire, et ancien secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France (CEF), ainsi que la religieuse bénédictine Geneviève Barrière ont été mandatés par Rome pour rencontrer les moniales. La visite a été demandée par les Petites Sœurs de Bethléem elles-mêmes, en réponse aux critiques d’anciens membres publiées en novembre sur internet. Des témoignages qui font état de graves dysfonctionnements et que la CEF comme le Vatican, dont dépend cette communauté de droit pontifical, prennent «très au sérieux».

Centralisation du pouvoir?

Qu’ils aient publié leur témoignage sur internet ou qu’ils l’aient envoyé directement à Rome, la plupart des anciens membres interrogés pointent une pression dans le discernement, une rupture excessive avec l’extérieur, une culture de culpabilité, une centralisation des pouvoirs dans les mains de la prieure générale, l’absence de réelles élections au niveau local et une pensée unique qui n’autorise aucun recul… «Progressivement, il devient très difficile de penser autrement car ce serait manquer à l’unité», écrit l’une d’elles. La plupart des griefs concernent un contrôle excessif de la pensée, ainsi que des faits et gestes. Les Sœurs étaient par exemple invitée à retranscrire leurs pensées dans un «cahier de confessions à la Vierge» qu’elles remettaient à une prieure faisant à la fois office de supérieure et de directrice spirituelle. Des religieuses expliquent avoir eu le sentiment de perdre leur personnalité et le contact avec le monde extérieur. Une certaine «culture du secret» a aussi été dénoncée, notamment dans le cadre du suicide d’une Sœur polonaise, en 1998. D’autres religieuses auraient attiré l’attention en vain sur les risques de passage à l’acte.

Plusieurs sons de cloches

Aux Monts-Voirons, ces témoignages accablants suscitent étonnement et incompréhension, rapporte «La Croix». Le fossé semble immense entre ce qui est reproché à la communauté et la sérénité rayonnante que manifestent les Petites Sœurs, note le journal. La prieure incriminée, Sœur Anne-Bruna, exprime des regrets. «Si je le pouvais, je demanderais pardon à chacune des anciennes, affirme-t-elle. Dans une famille, il y a toujours des erreurs… Que l’Eglise nous dise s’il y a quelque chose à reprendre». Elle assure également que Bethléem a beaucoup changé ces dernières années, et justifie le fonctionnement de la communauté par la tradition orientale dont elle s’inspire. Des religieuses des Voirons interrogées par «La Croix» affirment par ailleurs qu’elles se sentent très libres. D’autres, qui sont sorties de la communauté démentent également les accusations portées contre la hiérarchie du monastère et un collectif de proches de la Famille de Bethléem a publié un blog, pour défendre l’honneur de la communauté. (apic/cx/rz)

Le monastère des Monts-Voirons, en Haute-Savoie
9 juin 2015 | 09:00
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
France (521), Religieuses (121), Vie consacrée (82)
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