A Istanbul, l'ancien orphelinat arménien de Kamp Armen détruit par les bulldozers
Istanbul, 8 mai 2015 (Apic) Alors que viennent à peine de s’achever les cérémonies officielles du centenaire du génocide arménien de 1915, les bulldozers ont entrepris la destruction de Kamp Armen, un ancien orphelinat arménien situé dans le district métropolitain de Tuzla, à Istanbul.
L’orphelinat arménien, cher au cœur de la diaspora arménienne mais également à la petite communauté restée en Turquie, «a été exproprié après le coup d’Etat militaire de 1980», rapporte l’agence vaticane Fides. Il va être remplacé par des résidences de luxe, malgré l’opposition de l’Eglise protestante arménienne de Gedikpaşa et de juristes. Ces derniers ont lancé une campagne pour la restitution de l’orphelinat – qui aurait dû être détruit seulement à la fin mai – ou pour la compensation des pertes.
Devoir de mémoire
La communauté arménienne relève que le Kamp Armen fait partie des symboles de grande importance pour elle et pour la conservation de la mémoire historique. En effet, après les massacres et les déportations qui ont vidé l’Anatolie de sa population arménienne durant la Première guerre mondiale et ont privé les survivants de leurs écoles arméniennes, les orphelins et les enfants appauvris réfugiés à Istanbul y ont reçu leur éducation.
Le camp a accueilli par le passé près de 1’500 enfants, y compris le journaliste et écrivain turc d’origine arménienne Hrant Dink, fondateur de la revue bilingue Agos, assassiné par un nationaliste turc en 2007, son épouse Rakel ou encore l’homme politique issu de la communauté chrétienne syriaque orthodoxe Erol Dora.
Toutes les actions légales ont échoué
Au cours de ses années d’activité, l’institution a aidé les enfants accueillis à grandir dans un environnement modelé par la spiritualité et la culture propres au christianisme arménien. L’Etat turc avait exproprié l’orphelinat en 1987. Toutes les actions légales tentées par la communauté arménienne protestante pour réacquérir le contrôle de l’édifice ont échoué.
Rappelons qu’en 2011, le gouvernement turc avait adopté un décret pour restituer toutes les propriétés immobilières confisquées, appartenant aux Fondations des minorités en Turquie, c’est-à-dire aux non-musulmans. Ainsi les Fondations des minorités devraient pouvoir réclamer les biens immobiliers qu’elles avaient déclarés en 1936. Tous les biens immobiliers, les cimetières et les fontaines devaient être restitués à leurs propriétaires légitimes. Des dédommagements pour les