Le Vatican méconnu: le Palais du Gouvernorat
Rome, 5 mai 2015 (Apic) Surplombant l’arrière de la basilique Saint-Pierre, le Palais du Gouvernorat fut construit durant le pontificat de Pie XI (1922-1939) par son architecte de confiance Giuseppe Momo, à l’issue des Accords du Latran de 1929. Depuis cette date, la souveraineté temporelle du pape s’exerce sur l’Etat du Vatican.
Le régime politique en place est une monarchie élective et absolue, donnant de fait les pleins pouvoirs au pape. Mais afin de dissocier le gouvernement pastoral du Saint-Siège et celui de l’Etat en lui-même, le pouvoir exécutif est exercé par le Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican. Organisé en neuf Directions et sept Bureaux Généraux, il est donc chargé de gérer toute la vie concrète de ce petit Etat.
La direction des finances de l’Etat prend en charge toute la comptabilité, les écritures liées aux opérations économico-financières, la gestion de la trésorerie, des budgets, ou encore du contrôle des comptes.
La direction des services généraux dirige plusieurs structures: le service de la douane qui supervise la gare ferroviaire du Vatican et les échanges de marchandises, le service des immatriculations qui gère le parc automobile et tient le Registre des véhicules du Vatican (RVV), la Floreria, ou service du mobilier qui pourvoie aux besoins quotidiens des bureaux, des hébergements et des célébrations.
Compte tenu de l’influence mondiale du Vatican, il est nécessaire d’assurer l’ordre public, mais aussi la sécurité de l’information et des personnes. C’est la direction des services de sécurité et de protection civile en collaboration avec la Garde suisse, qui y pourvoie. Elle comprend un corps de gendarmerie, qui fait office de police des frontières, judiciaire mais aussi d’inspection fiscale, et un corps de sapeurs-pompiers.
La direction sanitaire, ayant à sa tête un chirurgien, prend en charge ce qui relève de la santé publique. La Cité possède un service d’urgences, un service de garde, des cabinets spécialisés. Pour couvrir les frais médicaux du personnel et de leur famille, il existe d’ailleurs un Fonds d’assistance sanitaire, de type mutuelle, depuis 1954.
Un des plus beaux patrimoines de l’humanité
Possédant l’un des plus beaux patrimoines de l’humanité, la direction des musées assume la quadruple fonction de protéger, conserver, restaurer et valoriser les monuments et les collections. Elle veille ainsi sur 11 musées, soit cinq galeries et 1’400 salles dans lesquelles passent plus de 5 millions de visiteurs chaque année. Elle supervise aussi le laboratoire de restauration, le cabinet de recherche scientifique ou encore les donations.
La direction des services techniques supervise l’entretien des 44 hectares du Vatican: immobilier, routes et jardins, traitement des déchets. Elle gère aussi les réseaux électriques, hydrauliques ou encore les systèmes de chauffage et de climatisation.
La direction des télécommunications gère quelques 8’000 postes téléphoniques fixes, un nombre moindre de téléphones mobiles et environ 10 millions de communications par an. Elle est aussi chargée du service postal.
Bien que ›plus petit Etat au monde’, le Vatican est doté de ses propres magasins. La direction des services économiques gère les achats de denrées alimentaires et autres produits indispensables à la vie quotidienne (textiles, tabac, carburant, etc.).
Enfin, la direction des villas pontificales est en charge des zones extraterritoriales du Vatican, comme à Castel Gandolfo : édifices, jardins, mais aussi gestion de la ferme qui s’y trouve.
Les bureaux généraux
Le bureau juridique travaille sur toutes les questions à caractère légal de l’Etat du Vatican. Sa langue d’écriture est le latin. Le bureau de l’état civil et du notariat rédige les actes de nature publique ou privée. Les archives d’Etat enregistrent toute la correspondance du Gouvernorat. Toutes les questions relatives aux ressources humaines sont administrées par le bureau du personnel. On trouve également le bureau des systèmes informatiques.
Dans un tout autre domaine, le bureau philatélique et numismatique a la responsabilité de la frappe des monnaies et de l’émission des timbres, en lien avec les institutions italiennes. Les tirages de timbres sont limités à moins de 500 000 exemplaires, ce qui en fait principalement un objet de collection pour amateurs et philatélistes. Ils assurent d’ailleurs une partie des revenus de la cité. Depuis l’adhésion du Vatican à l’euro en 2000, l’Etat a le droit de mettre sa monnaie en circulation. Mais le Vatican se limite, afin de consacrer la majeure partie de ses émissions en pièces commémoratives, très recherchés par les numismates. Procédé qui irrite la Banque centrale européenne. Ce bureau gère également le musée qui collectionne chaque timbre et monnaie du Vatican depuis 1929. Enfin, le bureau des pèlerins et des touristes, situé sur la place Saint-Pierre, joue le rôle d’office du tourisme et d’assistance aux pèlerins venus du monde entier.
Blason du pape, Fontaine Saint-Joseph et ancienne chapelle Sainte-Marthe
Aux pieds du Palais du Gouvernorat se trouve un grand escalier, et surtout le blason du pape qui s’étend sur un parterre de fleurs. Trois semaines sont nécessaires aux jardiniers pour le confectionner à la suite d’une élection. Le choix des fleurs, la taille, l’entretien demandent un grand soin pour reproduire avec exactitude les couleurs, les proportions du blason et pour qu’il soit visible quelle que soit la saison. En effet, il sera admiré toute l’année par les visiteurs, du haut de la coupole de Saint-Pierre.
A droite de la façade du palais, on peut voir la fontaine Saint-Joseph, inaugurée par Benoît XVI (2005-2013) en juillet 2010, offerte par le Gouvernorat en hommage à son saint patron et réalisée par le sculpteur Franco Murer. C’est la centième fontaine du Vatican. Sobre et moderne, composée de deux bassins superposés et ornée de six bas-reliefs en bronze, elle rappelle, selon les propos du pape émérite, «la simplicité et l’humilité de qui accomplit chaque jour la volonté de Dieu».
La chapelle Sainte-Marie-Reine-de-la-famille est située derrière le palais du Gouvernorat. Erigée également par Giuseppe Momo, de style néobaroque, sa construction a débuté dès 1926 à la demande de Pie XI. Elle porta d’abord le nom de Sainte-Marthe, afin de remplacer la chapelle homonyme démolie l’année précédente. Après les Accords du Latran et la création du Gouvernorat, elle en devint la chapelle attitrée. Elle fut rebaptisée en 2007, suite à une visite de Benoît XVI durant laquelle il bénit une image de la Vierge vénérée comme Mère de la Famille. Elle fut solennellement consacrée en septembre de la même année par le cardinal Tarcisio Bertone. L’une des portes de la chapelle communique directement avec le palais du gouverneur.
Encadré
Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’
On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.
Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.
Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.
Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)