Le Vatican méconnu: la Maison Sainte-Marthe

Rome, 28 avril 2015 (Apic) Depuis l’élection du pape François, en 2013, la Maison Sainte-Marthe a pris une dimension nouvelle, au cœur du Vatican. Au lendemain de son élection, le pape a refusé de s’installer dans les appartements pontificaux, au sein du Palais apostolique. Ce geste, parfois sur-interprété par les médias, résulte surtout de la volonté de ne pas s’isoler et de rester au milieu de ses prêtres et de ses évêques.

En effet, historiquement, la Domus Sanctae Marthae a toujours été un lieu d’accueil et d’hébergement. Située dans la partie Sud du Vatican, tenue par les Filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul, la maison a été construite entre 1993 et 1996 à la demande de Jean Paul II  à la place d’un ancien hospice. Le premier bâtiment datait du pontificat de Pie IX (1846-1878), rénové dans les années 1890 par Léon XIII (1878-1903) pour accueillir les malades du quartier. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a servi de refuge aux diplomates des pays ayant rompu avec l’Italie fasciste.

Deux conclaves sur des lits de camps

Aujourd’hui le nouveau bâtiment, en forme de ›H’, accueille évêques et cardinaux de passage, ainsi que des prélats en fonction au Vatican. Jean Paul II, ayant vécu deux conclaves en dormant sur des lits de camps aménagés à la va-vite dans les couloirs du Palais apostolique, avait décidé de bâtir un logement convenable pour accueillir les cardinaux. Passer des jours, parfois des semaines, dans une chaleur étouffante en été, en situation de promiscuité, était une véritable épreuve pour des cardinaux pouvant avoir jusqu’à 80 ans. En promulguant la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis du 22 février 1996, le pape polonais avait ainsi modifié la règle du huis clos absolu édictée par le Conclave de Viterbe en 1271.

Depuis, en période d’élection, tous les résidents de la Domus vont se loger dans Rome pour laisser la place aux cardinaux. La maison est alors minutieusement inspectée pour détecter d’éventuels micros et les moyens de communication sont retirés des chambres et des studios.

Vie quotidienne

La Maison Sainte-Marthe compte 106 studios, 22 chambres et un appartement. Au moment du conclave, les logements sont tirés au sort. De manière générale, ils sont composés d’une chambre, d’une salle de bain, et parfois d’un bureau. Le pape François occupe aujourd’hui l’appartement le plus spacieux, au numéro 201, afin de pouvoir y recevoir quelques visiteurs.

On trouve également dans le bâtiment des bureaux, un réfectoire, des cuisines, un auditorium et plusieurs chapelles. La principale, la chapelle du Saint-Esprit, est imbriquée entre la maison et le mur Léonin, le rempart du Vatican, sans dépasser ni l’un ni l’autre en hauteur. Le pape François y célèbre la messe chaque jour, à 7h du matin, accueillant une poignée de privilégiés. Le parking de la ville de Rome situé juste derrière cette parcelle du mur a été partiellement fermé, par mesure de sécurité.

Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.

Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.

Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.

Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)