Aux origines du Dimanche de la Miséricorde
Plock, 10 avril 2015 (Apic) Ce dimanche 12 avril est célébré dans l’Eglise catholique la miséricorde divine. A l’origine de cette fête, le pape Jean Paul II, qui l’a instituée en suivant les instructions de Soeur Faustine Kowalska. Reportage sur les lieux de la première apparition du Christ miséricordieux, à Plock, en Pologne.
Surprise, le 13 mars dernier: le pape François annonce une Année sainte de la Miséricorde, de décembre 2015 à novembre 2016. Point d’étonnement pour qui connaît l’attachement du pape argentin à la tendresse divine.
De fait, la dévotion ancienne à la miséricorde de Dieu prend des formes nouvelles, ces dernières décennies. De plus en plus, apparaissent des portraits du Christ miséricordieux avec la formule «Jésus, j’ai confiance en toi». D’où vient cette image? Elle reproduit la vision d’une religieuse polonaise, sœur Faustine Kowalska. Une vision du Christ qui eut lieu le 22 février 1931.
«Jésus, j’ai confiance en toi»
Le couvent où s’est passée l’apparition est modeste. Rien ne le distingue des autres immeubles de la place centrale de Plock, ville fluviale sur la Vistule, près de Varsovie. Une chapelle simple et lumineuse accueille le visiteur. Au fond, un portrait du Christ miséricordeux. A droite, un reliquaire contient des restes de la religieuse.
Atmosphère de prière et de recueillement. Le lieu reflète ce que fut sœur Faustine Kowalska. Entrée à 20 ans chez les religieuses de Notre-Dame de la Miséricorde, elle ne vécut que 13 ans dans sa congrégation en remplissant les charges de cuisinière, de jardinière et de portière. A Plock, elle ne fit qu’un séjour limité. C’est pourtant ici qu’elle eut, pour la première fois, l’apparition qui a marqué sa vie.
«J’étais dans ma chambre, écrit-elle dans son journal, et je vis le Seigneur vêtu d’un habit blanc. Une de ses mains était levée pour bénir et la deuxième touchait son habit à la hauteur de la poitrine. De l’ouverture de son vêtement sortaient deux rayons larges, l’un de couleur rouge, l’autre blanc. Après un moment le Seigneur me dit: ›Peins un tableau selon l’image que tu vois avec ces paroles: Jésus j’ai confiance en toi. Je désire que cette image soit honorée d’abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier. Je promets que l’âme qui honorera cette image ne sera pas perdue.»
Une fête de la Miséricorde
Pourquoi ce lieu? Pour sœur Véronique, active au couvent de Plock, «c’est peut-être que le Christ a été touché par notre application de la miséricorde». Les religieuses accueillaient des filles pauvres et leur enseignaient la cuisine, la couture et le repassage.
Pourtant sœur Faustine est familière d’une forme d’union mystique avec le Christ. Issue d’une nombreuse famille rurale, la jeune fille a été rejetée par plusieurs congrégations, alors qu’elle exprimait son désir d’engagement religieux. Finalement admise au couvent, elle transcrira dans son journal les apparitions du Christ et leurs dialogues intimes.
Au cours d’une autre vision, Jésus exprime à Faustine une demande supplémentaire: «Je désire qu’il y ait une fête de la Miséricorde. Je veux que cette image soit solennellement bénie le premier dimanche après Pâques». Cette requête ne sera satisfaite qu’en l’an 2000 par Jean Paul II, le pape polonais.
Une basilique à Plock
Au début, la dévotion au Christ miséricordieux se répand modestement. Car les temps sont durs: la jeune République polonaise est emportée par la tourmente nazie. Et la ville, qui compte une très importante population juive, subit les affres du conflit mondial. Après la guerre, la Pologne passe au communisme et la maison des sœurs à Plock, réquisitionnée, en mains laïques. Les religieuses ne reviendront qu’en 1990.
«A Cracovie, où Faustine a vécu plus longtemps et où elle est morte, le culte à la divine Miséricorde s’est développée rapidement, davantage qu’à Plock, explique sœur Véronique. Mais de nos jours, le couvent de Plock poursuit un projet de développement.
Sœur Véronique montre un large panneau, à l’entrée de la maison: un projet de basilique. «Nous avons commencé à récolter de l’argent dans ce but, mais nous n’y arrivons pas encore. Nous attendons d’avoir assez de réserves pour commencer les travaux. Nous voulons faire de ce lieu un endroit de prière plus accueillant pour les groupes et toutes les personnes». L’espoir des religieuses? Avoir terminé en 2018. «Beaucoup de personnes sont attachées au lieu. Et ce sera un bénéfice pour la ville et le diocèse de Plock».
Reste à convaincre de la richesse de cette dévotion. «Les jeunes prêtres sont plus ouverts que la génération plus âgée. En effet, certains jeunes ont découvert leur vocation en lisant le journal de sœur Faustine». A Plock, l’aventure spirituelle de la modeste religieuse polonaise prend une forme nouvelle. La miséricorde divine, promue par le pape François, ne cesse de se propager sur tous les continents. Avec ce leitmotiv: «Jésus, j’ai confiance en toi» (Jezu, ufam tobie, en polonais).
Encadré
Jean Paul II et la divine miséricorde
Sœur Faustine a été béatifiée le 18 avril 1993, puis canonisée le 30 avril 2000 par Jean Paul II. Et c’est durant l’année 2000 qu’a été instituée la fête de la divine Miséricorde, le dimanche après Pâques.
C’est la veille de cette fête, il y dix ans, le 2 avril 2005, qu’est décédé le pape polonais. Un pape qui a connu la dévotion à la miséricorde durant la guerre, lorsqu’il était ouvrier à Cracovie dans l’entreprise Solvay. Or c’est dans cette ville du sud de la Pologne qu’est décédée peu avant sœur Faustine, en 1938, à l’âge de 33 ans. Et le jeune Wojtyla priait régulièrement dans la chapelle des sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde. D’où son attachement à sœur Faustine.
(apic/bl/bb)