Suisse: La RKZ se penche sur l'action du pape François depuis 2 ans
Emmetten, 31 mars 2015, (Apic) L’action du pape François à la tête de l’Eglise catholique depuis deux ans a été au cœur de l’assemblée plénière de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ). Elle était réunie les 20 et 21 mars 2015 à Emmetten, dans le canton de Nidwald. Les questions matérielles et financières n’ont pour autant pas été négligées.
Reprenant des propos d’Alois Glück, président du Comité central des catholiques allemands, Hans Wüst, président de la RKZ, a expliqué qu’»au cours des deux années écoulées, le pape François a initié bien des choses. Il a suscité de grands espoirs et conquis les cœurs des hommes et des femmes. Surtout, il a commencé à faire évoluer les consciences en profondeur dans l’Eglise.» Mais «nous ne saurions nous borner à attendre et à regarder du côté de Rome. Nous devrions travailler concrètement, là où nous sommes, à l’avènement d’une Eglise animée par la charité et tournée radicalement vers ceux qui, au sein de la société et de la communauté ecclésiale, sont relégués dans la marge, comme l’appelle de ses vœux le pape François. C’est là le meilleur soutien que nous pouvons lui apporter. Dans notre Eglise, nous sommes à même de contribuer à ce que la main secourable remplace le doigt accusateur, au sens où l’entend le pape.»
Dialogue sur pied d’égalité
Dans son exposé sur le pape François, le Frère capucin Niklaus Kuster a choisi comme fil rouge le dialogue d’égal à égal. Ce familier de la spiritualité franciscaine et auteur de plusieurs publications consacrées au souverain pontife a passé en revue ses gestes symboliques et leur dimension profonde. Lorsqu’il se trouve face à une personne, qu’il s’agisse d’un chef d’Etat, d’un mendiant, d’un malade, d’un membre du Parlement européen, d’un cardinal ou d’un réfugié, l’échange a toujours lieu sur pied d’égalité. Cette manière d’être était aussi le propre de François d’Assise.
De cette attitude fondamentale consistant à rencontrer autrui comme un alter ego, il y a lieu de tirer des conséquences pour l’Eglise et sa mission dans la société. Elle est appelé à être «une Eglise pauvre au service des pauvres». Et si l’on veut que, concrètement, la fraternité et la charité soient le propre de la vie communautaire dans l’Eglise, des réformes s’imposent. Une Eglise qui diffuse son enseignement de haut en bas doit se muer en un lieu de dialogue en quête de vérité. Cela sans craindre les divergences, voire les affrontements, comme l’a montré le Synode sur la famille.
Karin Kaiser, conseillère d’Etat du canton de Nidwald en charge des relations avec les Eglises, a souligné dans son message de salutations que ce serait une perte pour l’Etat comme pour l’Eglise s’ils cessaient de coopérer dans un esprit de confiance mutuelle où chacun est prêt à écouter l’autre et se soucie de donner une voix aux faibles.
Pour le respect d’une péréquation financière équitable
Après les exposés sur l’action du pape François, le mode de répartition des charges financières au sein de la Conférence centrale a été l’objet qui a suscité les débats les plus intenses. Le régime en vigueur est le suivant. Les 50% des montants à couvrir sont divisés entre l’ensemble des membres de la RKZ en fonction du chiffre de leur population catholique.
Pour l’autre moitié, le principe de solidarité prévaut. La capacité contributive du canton et la capacité financière de l’Eglise sont prises en considération pour l’établissement du calcul de péréquation. Malgré ce système, certaines corporations ecclésiastiques membres de la RKZ ne versent pas intégralement leur dû.
Diverses interventions ont mis en évidence que le versement de l’entier de la contribution attendue pose des problèmes dans les cantons où la corporation ecclésiastique cantonale ou le diocèse n’ont pas la possibilité de faire monter suffisamment de fonds du niveau local des paroisses à l’échelon supérieur cantonal ou diocésain. Faire évoluer de telles situations exige une authentique volonté politique afin de se doter des bases juridiques indispensables.
Si rien n’est entrepris, l’ensemble de l’édifice de la solidarité est menacé, car son fonctionnement suppose que chacun consente des efforts et que personne ne se comporte en «resquilleur». Le risque existe en effet que des membres de la Conférence centrale jouissant d’une situation financière favorable soient tentés, eux aussi, de ne verser qu’une partie de leur contribution, surtout s’ils sont placés devant la nécessité de faire des économies.
D’égal à égal avec les évêques
La collaboration entre la Conférence centrale et la Conférence des évêques suisses a été un autre sujet à l’ordre du jour. Du côté de la RKZ on souhaite qu’elle repose de manière générale sur une convention et revête une forme plus contraignante. En outre, elle ne saurait se limiter au domaine financier.
Le président de la Conférence centrale, Hans Wüst, n’a pas manqué de citer les propos de l’ancien nonce apostolique en Suisse, Mgr Karl-Josef Rauber, qui vient d’être élevé à la dignité cardinalice, selon lesquels «le Saint-Père a sans aucun doute une grande compréhension pour certains particularismes de l’Eglise suisse et qui pourraient aussi indiquer la direction à suivre dans des domaines bien plus étendus.»»
Pour le secrétaire de la RKZ, Daniel Kosch, de telles déclarations prouvent que la thèse soutenue haut et fort par certains (dans le diocèse de Coire en particulier, ndr) selon laquelle les corporations ecclésiastiques cantonales sont incompatibles avec la conception que l’Eglise a d’elle-même et devraient dès lors disparaître ne correspond pas à la position du pape. Elles ne peuvent qu’encourager la Conférence centrale à défendre avec énergie, en dialogue avec la Conférence des évêques suisses, le principe d’une collaboration d’égal à égal, conclut-il. (apic/com/mp)