Genève: La paroisse Saint-Paul de Cologny fête ses 100 ans
Genève, 25 mars 2015 (Apic) La paroisse Saint Paul à Cologny célèbre les 100 ans de sa fondation. Dans un article paru dans le Courrier pastoral de Genève, Antoine Casanova, architecte, et Frédéric Monnin, secrétaire de paroisse, reviennent sur l’histoire de cette église, qui est le premier bâtiment religieux du 20ème siècle à avoir été classé à Genève.
En 1911, les autorités ecclésiastiques catholiques de Genève, vu la forte augmentation de la population de confession catholique romaine, décidèrent de mandater un jeune prêtre, l’abbé Francis Jacquet, pour fonder une paroisse à Grange-Canal.
Homme de culture, aux goûts artistiques sûrs et bon théologien, l’abbé Jacquet a voulu dès le départ que son église fût une œuvre de beauté, où tout soit création. Ceci en s’éloignant de la routine qu’on retrouvait dans certaines églises de l’époque. C’est peut-être là le secret de la réussite de ce lieu de culte, devenu un véritable manifeste du renouveau de l’art religieux au début du 20ème siècle. A cet égard, le Conseil d’État a classé l’église Saint-Paul monument historique le 22 décembre 1986, après d’importants travaux de restauration. C’est le premier bâtiment religieux du 20ème siècle à avoir été classé à Genève. Pour réaliser cet édifice, l’abbé Francis Jacquet a fait appel à un jeune architecte, Adolphe Guyonnet qui, réalisant là sa première œuvre, s’y est investi totalement, après avoir compris le message de son mandant. Le programme consistait à construire une église pouvant accueillir 600 personnes, communiquant directement avec la cure et complétée par une grande salle de réunion bien éclairée en sous-sol.
Style roman avec plan d’inspiration paléochrétienne
Saint-Paul est un édifice de style roman, avec un plan général d’inspiration paléochrétienne. L’architecte s’est donc tourné vers l’Église primitive, la plus authentique selon lui, nous laissant une église avec une grande simplicité de lignes et de volumes. Mais Guyonnet nous dit aussi :»En traçant les plans de Saint Paul, ce que j’ai cherché en tout premier lieu, c’est de créer de l’unité et de l’harmonie, soit extérieurement en liant l’architecture de l’église à celle de la cure, soit intérieurement en étudiant dans un même esprit la décoration, la sculpture ainsi que les éléments d’architecture intérieure tels que les autels, les confessionnaux, la chaire, l’ameublement…» Cette explication nous permet de comprendre pourquoi l’église Saint-Paul a été classée.
Pour cela, l’abbé Jacquet a su réunir autour de lui un groupe de jeunes artistes de la région qui, avec Maurice Denis et l’architecte, imaginèrent puis créèrent la décoration de l’église. Si, en tant que maître d’œuvre, l’abbé Jacquet imposa un programme iconographique à chaque artiste, ces derniers purent le réaliser en exprimant leur talent novateur, créant ainsi le premier ensemble décoratif dans un esprit d’art total. Le chantier de Saint Paul a été ouvert le 1er octobre 1913, et l’inauguration eu lieu le 28 novembre 1915. Mais l’œuvre décorative ne fut réellement terminée qu’en 1926, malgré le décès de l’abbé Jacquet le 7 janvier 1919. C’est son frère Antoine qui reprit la direction des travaux, en respectant l’esprit voulu par l’abbé.
La décoration intérieure de l’église a été réalisée au moyen de différentes techniques: peinture à l’huile sur toile marouflée, peinture à l’œuf sur support en plâtre, peinture sur bois, vitaux, sculpture en ronde bosse ou en bas-relief, soit en pierre naturelle, soit en plâtre, ébénisterie, stuc, fer forgé, mosaïque.
Représentation de la vie et des actes de saint Paul
Maurice Denis, peintre français déjà de notoriété internationale, a peint en 1916 la grande toile marouflée de l’abside, représentant la vie et les actes de saint Paul, patron de l’église. Il a de plus préparé les cartons pour les vitraux éclairant le haut de la nef centrale, consacrés aux saints et saintes de la région, ainsi que pour le vitrail dans la série des fenêtres des bas-côtés, en hommage à l’abbé Jacquet décédé peu avant. Pour terminer, Maurice Denis prépara aussi le carton de la mosaïque du baptistère, illustrant magistralement la symbolique biblique du sacrement du baptême. L’œuvre de Maurice Denis est d’un très grand niveau, tant théologique qu’artistique.
Article en entier:
http://www.cath-ge.ch/fichiers/ECR_/Courrier_pastoral/CP_2015/COURRIER_PASTORAL_MARS_2015.pdf
Encadré:
«Chemin de Croix» du Frère Jean-Daniel Balet.
Parmi les manifestations de son centenaire, la paroisse Saint Paul invite la population dimanche 29 mars à 17h à un concert du chœur «Cantus laetus» de Genève. Recréation et enregistrement public du «Chemin de Croix» composé par Fr. Jean-Daniel Balet. Entrée libre, collecte à la sortie.
(apic/com/bb)