Des religieuses cloîtrées en plein Paris, cela existe (200188)

Paris, 20janvier(APIC) Si leur existence est mal connue des chrétiens

parisiens, c’est qu’elles ne veulent pas avoir pignon sur rue. Elles, ce

sont les 130 religieuses qui vivent dans le retrait et la prière en plein

Paris. Il existe en effet cinq monastères et un prieuré dans la capitale

française qui abritent les Petites Soeurs de Bethléem, les Religieuses de

la Visitation Sainte Marie, les Carmélites, les Clarisses et les

Bénédictines du Sacré-Coeur de Montmartre.

La vie de ces moniales, rapporte Françoise Bénard dans le bulletin de

Paris Notre Dame, se construit autour de la prière. Le temps réservé au

travail proprement dit se limite à 4 ou 5 heures par jour. C’est une activité toujours manuelle et simple, qui constitue un gagne-pain pour la communauté : dactylo, offset, layettes-machines montées à la main au Carmel;

icônes collées et reproduction de cassettes au monastère de Bethléem. Cinq

clarisses sont ouvrières à façon à domicile pour les grandes maisons de

couture. Les religieuses de la Visitation fabriquent les hosties et possèdent un atelier de reliure. Elles perçoivent aussi des revenus des

différents foyers qu’elles gèrent.

Elles ont conservé l’habit et le voile

Elles ont toutes conservé l’habit et le voile. «Quand nous sortons dans

Paris, dit Soeur Jeanne Madeleine, Supérieure de la Visitation, il n’est

pas rare qu’on s’approche de nous pour nous en remercier. Certains même

avouent que ça leur permet de nous aborder; d’autres se signent à notre

vue».

Les Petites Soeurs de Bethléem portent un épais manteau de prière en

étoffe gris clair d’aspect rustique avec large capuchon. Le drap est épais

chez les Carmélites, marron foncé, tandis que les Bénédictines en blanc,

les Clarisses en gris beige ou les Soeurs de la Visitation, ont opté pour

des tissus plus légers, d’entretien plus pratique. Les Visitandines sont en

noir à Denfert et en beige rue de Vaugirard, parce que les Soeurs robières,

plus âgées dans le second monastère, s’abimaient les yeux à travailler sur

du noir.

Ou habitent-elles ?

La Visitation occupe, depuis le siècle dernier, deux vastes bâtiments

avec jardins. Deux hectares avenue Denfert-Rochereau, un hectare environ,

rue de Vaugirard. A Denfert, une partie des locaux est louée à une faculté

libre de philosophie et à des étudiants logés en studios. Rue de Vaugirard,

il y a un foyer pour 50 jeunes filles et un lieu de séjour pour retraitantes.

Les Petites Soeurs de Bethléem ont récupéré l’ancienne église de St-Honoré d’Eylau. Le choeur est décoré de grandes icônes, les cellules ont été

aménagées dans les tribunes. Les Bénédictines ont deux prieurés : Ste-Scolastique, réservé à la congrégation, et le prieuré St-Benoît pour l’accueil

des retraitants et les sessions de formation. Elles sont revenues depuis

1984, sur les lieux choisis par leur fondatrice qui a suscité l’adoration

perpétuelle à la Basilique. Les Clarisses, installées Villa de Saxe depuis

1876, vivent dans un bâtiment plus austère : les cellules ne sont pas

chauffées.

Notons encore qu’il y a une douzaine de Carmels dans la région parisienne : celui de Montmartre, construit en 1928, se cache derrière un mur de

pierres blanches. Dans la chapelle, le choeur des religieuses est en

retrait dans un demi-transept. Le jardin n’est pas très grand, mais permet

les cultures potagères et l’élevage de poules. Les cellules ont vue sur

tout Paris. «La clôture n’est pas là pour nous couper de l’extérieur mais

pour nous tourner vers le ciel», disait Ste Thérèse d’Avila. Seuls le Carmel et la Visitation ont conservé dans leurs parloirs une séparation qui

matérialise la clôture.

Cloîtrées mais accueillantes

Elles se retirent du monde, mais ne s’en désintéressent pas. «Paris est

dans nos prières», dit Soeur Dominique. Non seulement leur prière n’est pas

cachée (à la porte de chaque monastère, les horaires des messes et des offices sont nettement affichés), mais elles organisent l’accueil de ceux et

de celles qui recherchent le silence.

Rue de Vaugirard, les Visitandines ont aménagé un lieu de retraite, «Aïn

Karim», au sein même du couvent. Elles offrent dix chambres et une cuisine,

un oratoire et des entretiens spirituels à la demande. Avenue Denfert,

elles accueillent environ une trentaine de femmes par an, qui restent de 1

à 8 jours. Les Bénédictines de Montmartre se sont organisées pour recevoir

des groupes ou des individuels en retraite ou en sessions de formation.

Même au Carmel on peut être reçu pour vivre le désert à Paris, suivre les

offices et rencontrer des religieuses.

Les Clarisses, à proximité de l’UNESCO, accueillent souvent les délégués

chrétiens venus pour des travaux de l’Assemblée. Deux groupes de laïcs du

Tiers-Ordre se réunissent dans leur couvent. Chez les Petites Soeurs de

Bethléem, une soixantaine de laïcs, la fraternité de Bethléem, se

retrouvent régulièrement pour des travaux de groupes. (apic/pnd/be)

20 janvier 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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