Togo: Plusieurs pasteurs de sectes chrétiennes poursuivis pour escroquerie
Lomé, 27 février (Apic) Plusieurs pasteurs de nouvelles Eglises au Togo sont poursuivis pour escroquerie, rapporte «Focus Infos», citant le Procureur de la République. Le bimensuel togolais a publié dans son édition du 25 février une grande enquête sur la prolifération des nouvelles sectes chrétiennes.
S’ils sont reconnus coupables, ces pasteurs encourent des peines de six mois à trois ans d’emprisonnement et une amende de 20’000 à 100’000 francs CFA (32 à 164 frs). En cas d’attentat à la pudeur, ils risquent jusqu’à dix ans de prison, selon l’âge de la victime et en cas de menaces ou d’utilisation de la violence.
Selon de nombreux témoignages de victimes, rapportés par le journal, c’est par des manœuvres frauduleuses qu’ils abusent de la crédulité de leurs fidèles, auxquels ils réussissent à soutirer des sommes d’argent ou des biens de valeurs.
La prière, un appât pour gruger les victimes
Pour la juriste Victorine Ati, «les nouvelles Eglises font plus de ravages économiques que les structures illégales de placement d’argent». «Elles poussent comme des champignons et à chaque occasion, amassent de l’argent sans pour autant verser des intérêts». Elle incite la population à la méfiance face aux séminaires de prières sur la délivrance, la richesse, la guérison, bref tout ce qui est incitatif. «C’est un appât pour gruger ceux qui s’y rendront et qui, à coup sûr, paieront des quêtes, des dîmes ou achèteront des objets dits bénits», affirme-t-elle.
Emilia Mensah, une commerçante au marché centrale de Lomé, la capitale, a décrit comment elle s’est fait ruiner par deux pasteurs. Prétextant de séances de «prière, d’adoration et de dons pour les pauvres», ils ont réussi à lui retirer plusieurs dizaines de millions de francs CFA (des milliers de frs). «J’étais catholique avant, sans être pour autant assidue à la messe. Un jour, un monsieur m’a appelé au téléphone. Après s’être présenté comme pasteur, il m’a dit avoir eu une vision dans laquelle mon nom et mes contacts sont apparus. Il m’a donné des détails de ma vie qui m’ont surpris. Petit à petit, avec son compagnon, ils me demandaient des sommes de plus en plus importantes pour faire des prières et des dons à Dieu.»
Arrestation des deux pasteurs pour escroquerie
«J’ai commencé à m’endetter, alors que mes affaires ne marchaient plus. Mais, ils me rassuraient tous les deux, disant que le Seigneur me faisait traverser ces épreuves pour éprouver ma foi. Ils vivaient à mes crochets». Comme elle ne parvenait plus à honorer ses dettes, ses créanciers ont porté plainte contre elle, alors que les deux pasteurs avaient disparu. En se rendant chez le juge au sujet de sa dette, elle croise les deux pasteurs menottés. «J’ai appris qu’une dame a porté plainte contre eux pour escroquerie. Son histoire était exactement la même que la mienne. J’ai aussi porté plainte», a-t-elle indiqué.
Elle apprend par la suite qu’une bande organisée de Togolais et de Béninois arnaquaient des commerçantes. Dans son cas, une de ses cousines les aidait en leur fournissant des renseignements sur elle, moyennant 1,5 million de francs CFA (2’465 frs).
Liquidation d’une maison «hantée»
«Focus Infos» a rapporté un autre cas d’arnaque d’un pasteur. Très proche d’une famille dont il était le «guide spirituel», il avait annoncé à des orphelins qui avaient perdu subitement leurs deux parents que leur maison familiale était hantée. Il leur a facturé des séances «de prières spécifiques», plusieurs millions de francs CFA. Puis il a prétendu que la maison devrait être revendue, selon «la volonté de Jésus-Christ», et que dans sa vision, le Seigneur a exigé qu’elle soit vendue pour une modique somme, «sinon la malédiction continuera de planer sur les enfants héritiers». Elle a été cédée 1 million de francs CFA (1’646 CHF) à un inconnu. Puis les orphelins ont découvert que l’acquéreur officiel n’était qu’un prête-nom. Le véritable acheteur n’était personne d’autre que leur pasteur. Le tribunal l’a condamné à rembourser le prix de la transaction et à verser des intérêts aux héritiers. (apic/ibc/bb)