Le curé de Bürglen bientôt de retour à Fribourg?
Fribourg, 10 février 2015 (Apic) Le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) réfléchit actuellement à la nouvelle affectation de Wendelin Bucheli, a indiqué le 10 février 2015 à l’Apic Laure-Christine Grandjean, porte-parole du diocèse. Mgr Morerod, évêque de LGF a de son côté défendu son homologue de Coire, qui a récemment démis de ses fonctions le curé de la paroisse uranaise de Bürglen, pour avoir béni un couple de lesbiennes.
Laure-Christine Grandjean a indiqué que les modalités de la nouvelle affectation de Wendelin Bucheli étaient encore incertaines. Le prêtre étant incardiné à LGF, il serait logique qu’il retourne dans ce diocèse. Mais ses futures fonctions seront décidées après un entretien entre Mgr Morerod et le Père Bucheli, qui doit encore avoir lieu, a souligné la porte-parole. Les autorités du diocèse attendent beaucoup de cette rencontre, qui permettra de clarifier la situation.
«Je n’aurais pas eu d’autre choix que de réagir comme Mgr Huonder», a déclaré Mgr Charles Morerod dans le quotidien fribourgeois «La Liberté» du 9 février 2015. «Ne connaissant pas les circonstances exactes dans lesquelles Wendelin Bucheli a béni ce couple, je ne peux pas me prononcer de manière définitive», a expliqué l’évêque. Ce dernier a estimé que la bénédiction d’un couple homosexuel par un prêtre dans une église pouvait engendrer «une ambiguïté assez forte» avec la célébration d’un mariage. Or, celui-ci, aux yeux de l’Eglise catholique, demeure strictement l’union d’un homme et d’une femme disposés à avoir des enfants ensemble, a rappelé Mgr Morerod.
«Je peux comprendre le désir des personnes homosexuelles d’être bénies par l’Eglise», a assuré Mgr Morerod. «Pour y répondre, toutefois, un prêtre peut prier avec elles, sans aller jusqu’à bénir leur union».
Clivage entre la hiérarchie et la base des fidèles
D’après une enquête d’opinion publiée il y a un an par la Conférence des évêques suisses, près de 60% des catholiques interrogés se disent favorables à la reconnaissance et à la bénédiction des couples homosexuels. Mgr Morerod a admis que sur ce point existait un profond décalage entre la base des fidèles et la hiérarchie de l’Eglise. «Reste que cette question doit être tranchée au niveau de l’Eglise universelle, et pas au niveau local», a relevé l’évêque de LGF.
Encadré
Oppositions à la décision de Mgr Huonder
La décision de Mgr Huonder a soulevé une vague de protestations dans le canton d’Uri et dans le diocèse de Coire. Le collectif d’associations catholiques «Ca suffit!» (Es reicht!) a fustigé, dans un communiqué, la mesure punitive de l’évêque.
Le Conseil de paroisse de Bürglen, qui avait donné son accord à la bénédiction du couple de lesbiennes en octobre dernier, a en outre tenu une réunion extraordinaire pour soutenir son curé, notamment en appelant à un envoi massif de lettres à l’évêché de Coire. Une pétition en ligne de soutien au Père Bucheli a également été lancée, qui réunissait au 10 février près de 3’000 signatures.
Au sein même de la hiérarchie du diocèse de Coire, le renvoi du prêtre provoque une certaine perplexité. Mgr Martin Kopp, vicaire général pour la Suisse centrale, a indiqué le 9 février au média alémanique Kath.ch qu’il n’avait pas été consulté. «J’espère que le dernier mot n’a pas été dit», a-t-il déclaré. Il a parlé du Père Bucheli comme d’un prêtre «exceptionnellement bon, expérimenté et estimé de ses paroissiens». (apic/ag/rz)