Bhoutan: Un pasteur protestant accusé de prosélytisme libéré de prison

Thimphou, 9 février 2015 (Apic) Le pasteur protestant Tendin Wangyal, emprisonné au Bhoutan depuis mars 2014 pour avoir organisé un rassemblement religieux sans la permission des autorités, vient d’être remis en liberté, rapporte l’agence d’information des missions étrangères de Paris «Eglises d’Asie».

C’est en échange du paiement d’une caution importante équivalent à 1’400 euros que le pasteur évangélique, père de trois enfants, a été relâché le 19 janvier dernier. Les juges ont également annoncé avoir levé toutes les charges contre lui.

Le pasteur et un de ses confrères avaient été arrêtés le 5 mars 2014, dans le village de Khapdani, dans le district de Samtse, au sud-ouest du pays. Les autorités les avaient alors emprisonnés pour avoir voulu organiser un rassemblement religieux sans autorisation préalable», prévu de diffuser un film sans le certificat d’approbation officiel du ministère agréé et collecté illégalement des fonds.

Après plusieurs audiences, le 10 septembre dernier, la cour de Dorokha avait condamné à quatre ans de prison ferme Tendin Wangyal pour avoir collecter des fonds pour des activités exercées sans l’autorisation préalable des autorités. Son confrère Mon. B Thapa a écopé de deux ans et quatre mois d’emprisonnement, pour complicité dans l’organisation d’une réunion sans autorisation.

Après appel, Tendin Wangyal a vu sa peine réduite à deux ans et quatre mois, suite à l’abandon de l’accusation de pratiquer des conversions forcées. L’affaire avait été discutée au plus haut niveau de l’Etat. Le ministre de l’Intérieur et des Affaires culturelles, Damcho Dorji, avait justifié les arrestations des deux chrétiens en conférence de presse en affirmant qu’ils avaient tenté de pratiquer des activités prosélytes sans autorisation des autorités et en violation complète de la législation du Bhoutan.

La liberté religieuse inscrite dans la Constitution depuis 2008

Si le Bhoutan a inscrit la liberté religieuse dans sa Constitution, depuis 2008, tout prosélytisme venant d’une religion étrangère est formellement interdit dans le pays, dont la religion d’Etat est le bouddhisme vajrayana. Les chrétiens, considérés comme l’avant-garde de l’Occident, sont perçus comme une menace pour l’identité nationale bhoutanaise, laquelle ne fait qu’une avec le bouddhisme. Un Bhoutanais qui se convertit au christianisme court le risque de perdre sa citoyenneté. Le prosélytisme, la publication de bibles, la construction d’églises, d’écoles ou d’autres institutions chrétiennes sont prohibés. L’entrée des missionnaires sur le territoire est interdite et le culte chrétien doit être pratiqué au sein de la sphère privée. Depuis 2010, une loi anti-conversion, visant particulièrement la communauté chrétienne, punit de trois ans de prison ferme, toute tentative de conversion par la force ou par quelque moyen frauduleux que ce soit.

Selon les statistiques officielles, 75% des quelque 700 000 Bhoutanais sont bouddhistes, 22% hindous, la plupart d’origine népalaise, le reste de la population se partageant entre chrétiens et autres confessions. Des sources locales, essentiellement protestantes, annoncent un nombre d’environ 20’000 chrétiens, parmi lesquels se trouveraient quelques centaines de catholiques. (apic/eda/mp)

 

9 février 2015 | 11:08
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Bhoutan (4), Pasteur (19), prison (109), Prosélytisme (12)
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