Morgarten: La Suisse glorifie ses mythes fondateurs
Sattel, 26 janvier 2015 (Apic) La Suisse fêtera cette année solennellement le 700e anniversaire de la bataille de Morgarten, un des mythes fondateurs de son histoire. Les Eglises catholiques et réformée seront de la partie le 21 juin prochain dans la vallée où les Waldstätten furent les vainqueurs du duc d’Autriche le 15 novembre 1315 au bord du lac d’Aegeri.
La commémoration de la bataille de Morgarten a lieu en principe le 15 novembre, mais pour marquer le 700e anniversaire, les organisateurs ont choisi d’étaler la fête populaires et les cérémonies sur pas moins de trois jours du 19 au 21 juin. Ce qui ne supprimera d’ailleurs pas la célébration traditionnelle de novembre.
Après un show de la patrouille aérienne suisse et avant même le discours du Conseiller fédéral Ueli Maurer, le responsable de la communauté catholique, le diacre Hans-Peter Schuler et son homologue protestant Jürg Rother auront une dizaine de minutes pour inviter au recueillement.
Les Eglises catholique et protestante sont de la partie
Pour Hans-Peter Schuler, cette célébration a la tradition pour elle. Depuis au moins 50 ans, elle est une occasion de réunir l’Eglise et l’Etat dans une démarche commune. Autrefois on disait la messe, aujourd’hui on se contente d’une célébration de la parole. Il ne s’agit pas de glorifier une bataille, mais plutôt d’honorer la mémoire des morts de ce combat. La plupart du temps, il donne lecture de la «Schlachtbrief», un document antique qui mentionne les noms des soldats suisses morts au combat. Dans sa prédication, le diacre n’hésite pas à évoquer les situations présentes comme la Palestine. D’autres que lui peuvent s’interroger sur l’historicité des faits. Il s’agit plutôt d’interpeller les participants sur ce qui se passe aujourd’hui. Il refuse dans ce sens de plaider pour l’abolition de cette commémoration pour des raisons idéologiques. «C’est important pour les gens», relève-t-il.
«Une célébration religieuse appartient à une commémoration fédérale, car le christianisme constitue nos racines», renchérit Pirmin Moser, secrétaire de la commune de Sattel et membre du comité d’organisation.
Morgarten, un mythe fondateur de la Suisse
Le 15 novembre 1315, le duc d’Autriche Léopold de Habsbourg avançait avec une armée de cavaliers et de fantassins à travers la vallée d’Aegeri en direction de Sattel. A l’extrémité sud du lac d’Aegeri, à Morgarten précisément, il fut attaqué et défait par une troupe de Schwytzois dans un combat sanglant.
Cette bataille considérée plus tard comme une lutte de libération contre l’oppresseur étranger était plus vraisemblablement liée à un conflit sur l’héritage du comte de Rapperswil, admettent les archives du canton de Zoug, sur le site spécialement créé pour la circonstance.
C’est surtout à partir de 1891, moment où la Suisse moderne fixe la date de sa fondation en 1291 et le jour de sa fête nationale au 1er août, que Morgarten devient un mythe fondateur comme la première bataille des Confédérés pour leur liberté qui scelle le destin de leur alliance. En 1941, le film de Leopold Lindtberg, ‘Le landamman Stauffacher’ qui racontait les événements avant le déclenchement de la bataille, contribua à la propagande de la défense spirituelle du pays durant la 2e guerre mondiale.
La bataille elle-même pose de nombreuses questions qui ont fait l’objet de débats abondants et parfois de controverses. La discussion sur le site exact de la rencontre a entraîné, au début du XXe siècle, une querelle entre Schwytz et Zoug quant à l’emplacement du monument commémoratif. On a beaucoup parlé des effectifs en présence et du nombre de morts. Les Autrichiens devaient être quelques milliers, et non plusieurs dizaines de milliers, et les Waldstätten sans doute environ mille, pour la plupart Schwytzois. Les recherches récentes indiquent quelques centaines de morts, cavaliers et fantassins, du côté autrichien, alors que les Waldstätten n’auraient perdu que quelques hommes. (apic/rp/mp)