Le bienheureux Junipero Serra représenté sur un timbre de l'USAirmail (photo Wikimedia commons)
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Californie: Controverse sur la canonisation du Père Junipero Serra

Los Angeles, 24 janvier 2015 (Apic) La décision du pape François de canoniser le Frère Junipero Serra a suscité la controverse parmi les descendants des peuples indigènes de Californie. Selon eux, le missionnaire espagnol du XVIIIe siècle, considéré comme ‘le père de la Californie’ est responsable de la destruction de leur culture et de la mort prématurée de milliers d’autochtones.

Le bienheureux Junipero Serra sera canonisé en septembre lors du voyage du pape aux États-Unis pour la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie. Le religieux franciscain a introduit le christianisme en Californie, au début du XVIIIe siècle. Il est aussi un héros de la nation américaine. Il est en effet le seul Espagnol à figurer dans la galerie des statues du Capitole, où sont représentées les personnalités les plus célèbres de la nation.

Le christianisme imposé sans aucun choix

Les premières réactions des descendants des peuples indigènes de Californie ont été défavorables à cette canonisation. «J’attendais beaucoup de ce pape connu pour ses positions sur la justice sociale» a déploré Deborah Miranda, professeur de littérature américaine et descendante de la nation indienne Ohlone Costanoan Esselen. Selon elle le christianisme a été imposé sans aucun choix causant des dommages incalculables à toute une culture.» Cette critique n’est pas isolée. Le ‘Los Angeles Times’ a ouvert une page de discussion invitant les lecteurs à commenter la canonisation. «Si Serra est proclamé saint, nous devrons mettre sur la table les plaintes déposées pour le traitement mortel et brutal des Indiens d’Amérique», estime Nicole Lima, directrice du Centre Culturel et du Musée indien de Santa Rosa et membre de l’ethnie Pomo.

Pour Steven Hackel, historien à l’Université de Californie, Serra «était un homme de son temps». Il considérait les peuples indigènes comme incapables de se gouverner eux-mêmes. «Les franciscains pensaient qu’ils étaient obligés de prendre des décisions pour eux».

Des dizaines de milliers de morts d’épidémies

Né à Majorque, Junipero Serra a rejoint l’ordre franciscain en 1730. Professeur de théologie, il a quitté le confort de l’enseignement dans la péninsule pour rejoindre une mission vers le Nouveau Monde. Sa mission a été un succès. Entre 1769 et 1835, plus de 90’000 Indiens ont été baptisés le long de la côte ouest entre San Diego et San Francisco. Mais une fois baptisés, les Indiens convertis étaient pratiquement prisonniers dans les missions. Ceux qui s’échappaient étaient poursuivis par des soldats et ramenés de force.

Les indigènes baptisés furent également contraints d’abandonner leur langue, leur costume traditionnel, leur nourriture, leurs coutumes matrimoniales. Ils furent également exposés à des épidémies importées d’Europe contre lesquelles ils n’étaient pas immunisés et moururent par dizaines de milliers. Sur les quelque 310’000 indigènes vivant en 1769 dans ce qui est aujourd’hui la Californie, il n’est restait qu’un sixième cent ans plus tard. (apic/religion digital/mp)

Le bienheureux Junipero Serra représenté sur un timbre de l'USAirmail (photo Wikimedia commons)
24 janvier 2015 | 15:39
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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