Les terroristes qui ont attaqué Charlie Hebdo sont «les pires ennemis de l'islam», affirme Hafid Ouardiri
Genève, 8 janvier 2015 (Apic) «Il n’y a pas de pires ennemis pour l’islam et les musulmans que les criminels» qui ont attaqué, le 7 janvier 2015, l’hebdomadaire français Charlie Hebdo. L’intellectuel musulman genevois Hafid Ouardiri, interrogé par Cath-Info, a condamné avec des mots très durs les terroristes islamistes. Il a également soutenu auprès que les pays qui soutiennent l’islam radical devraient être dénoncés et sanctionnés.
Hafid Ouardiri a répété son indignation face à la tragédie de Charlie Hebdo. Il a souligné que «le terrorisme n’a pas de religion» et que les musulmans en sont doublement victimes. Le directeur de la Fondation de l’entre-connaissance, à Genève – qui a notamment pour but de tisser des liens entre la civilisation islamique et le reste du monde – a confié à Cath-Info avoir été, comme jamais auparavant, interpellé, notamment dans la rue, par des personnes le rendant responsable du terrorisme islamiste.
Il a relevé la nécessité d’une véritable éducation et information dans la société à propos de l’islam. Pour l’intellectuel genevois, chaque musulman a le devoir d’apprendre et d’enseigner les ‘points cardinaux’ de l’islam, que l’on trouve dans le Coran, qui indiquent quel comportement adopter au sein d’une société. Ces principes sont notamment de cultiver la foi, la patience et le partage. Il est important de ne pas réduire l’islam à des actes tels que celui qui s’est produit à Paris, rappelle-t-il.
Les actions constructives du pape François
Pour Hafid Ouardiri, il faudrait également avoir le courage de dénoncer et de sanctionner les pays qui soutiennent la radicalisation de l’islam, notamment l’Arabie saoudite et le Qatar. Pour l’intellectuel, les Etats occidentaux ont aussi en cela leur part de responsabilité. «Au nom de l’argent, de la politique et du pouvoir, les grandes puissances se sont rendues coupables d’un laisser-aller dont on paie aujourd’hui le prix», affirme-t-il.
Hafid Ouardiri a rappelé à Cath-Info que la préservation du «vivre ensemble» était de la responsabilité de tous. Il a souligné l’importance de la coopération et de l’échange entre les divers acteurs de la société, notamment entre les religions, pour consolider la coexistence pacifique. Dans ce domaine, il loue l’action du pape François, qu’il qualifie de «pèlerin de la paix». L’intellectuel musulman affirme apprécier les démarches du pontife en faveur du rapprochement interreligieux.
Ne pas se refermer sur soi
«Ces criminels n’ont pas d’autres buts que de créer la division, la terreur, et c’est ensemble que l’on peut combattre ces gens-là», a martelé Hafid Ouardiri le 8 janvier sur RTS la Première. Le directeur de la Fondation de l’entre-connaissance a estimé néanmoins que dans un tel moment, «il ne faut pas se refermer sur soi, considérer l’autre comme un ennemi».
Même s’il a admis que le travail de Charlie Hebdo était sur certains aspects critiquable, Hafid Ouardiri a rappelé qu’il était «abominable» de tuer, au nom de l’islam, des gens ayant comme métier de diffuser des idées. «C’est une malédiction, il n’y as pas pires ennemis de l’islam et des musulmans que ces criminels», a répété l’intellectuel musulman à l’égard des terroristes qui ont assassiné quatre caricaturistes de Charlie Hebdo, dont Wolinski, qu’Hafid Ouardiri connaissait personnellement.
Le directeur de la Fondation de l’entre-connaissance a insisté sur le fait qu’il faut soutenir la laïcité et les personnes qui assurent la sécurité publique, mais tout cela sans excès. (apic/rts/rz)