Fribourg : 75e anniversaire de la refondation d’Hauterive
Une fête de l’Assomption particulière
Hauterive, 16 août 2014 (Apic) L’abbaye cistercienne d’Hauterive, près de Fribourg a commémoré, le 15 août, les 75 ans de sa refondation en 1939. Sous la présidence de Dom Anselme van der Linde, abbé-président de l’Abbaye de Wettingen-Mehrerau (Autriche), la communauté, guidée par le Père-Abbé Marc de Pothuau, a rappelé la mémoire des refondateurs et des personnalités fribourgeoises qui ont permis ce retour.
Ce 15 août 2014 a été placé, à l’abbaye fribourgeoise d’Hauterive, sous le signe de la mémoire. Trois quarts de siècle après la refondation du monastère installé dans un méandre de la Sarine, à Posieux, les moines ont honoré leurs prédécesseurs et les personnalités qui ont permis ce retour. Ils ont également invité leur Abbé-Président, Dom Ansem van der Linde, du monastère de Wettingen-Mehrerau, dans le Vorarlberg autrichien, pour présider l’eucharistie de la solennité de l’Assomption.
Lors de cette messe matinale, le Père-Abbé Marc de Pothuau a commenté les textes liturgiques en tissant un parallèle entre la Vierge enceinte de l’Apocalypse, dont le fruit des entrailles est guetté par un dragon, et la refondation de l’Abbaye, en août 1939, au moment où le nazisme fait vaciller l’Europe. L’abbaye de Mehrerau avait, à l’époque, envoyé une délégation vers Fribourg: le 14 août 1939, les vêpres sont chantées dans l’église du monastère. Et le lendemain, le Père Sighard Kleiner et ses compagnons célèbrent l’Assomption.
Une entrée, un mois après
Pour l’Assomption 2014, les moines d’Hauterive ont enrichi l’office de none, en début d’après-midi, d’une prière fervente pour leurs prédécesseurs décédés et les personnes qui ont œuvré à la refondation. Car le retour ne fut pas facile, loin de là. Les moines chassés en 1848 par les lois fédérales d’exception regagnaient, en fait, leur monastère d’origine. Repliés à Mehrerau, ils ont vu les bâtiments monastiques affectés à l’Ecole normale d’instituteurs. Le frère convers Joseph Horner, décédé en 1893, sera le dernier survivant de l’ancienne Hauterive. Il fut même obligé, en restant dans le canton, de porter le costume civil.
Le retour, un siècle plus tard, ne fut pas un simple déménagement (voir encadré). Les cisterciens doivent cohabiter pendant quelques mois avec les enseignants en formation. Les conditions de vie sont spartiates et la Suisse est soumise aux tourments de la guerre mondiale. Pourtant, six semaines après leur installation, un jeune se présente: il s’agit de Bernhard Kaul, qui revêt en octobre 1939, l’habit de novice. Il deviendra plus tard Père-Abbé d’Hauterive…
Encadré:
Un retour contesté
Le retour des moines, au moment où l’Europe s’embrase, s’inscrit dans la longue histoire de l’abbaye fribourgeoise (fondée en 1138). En 1939, l’arrivée de moines autrichiens et allemands, supposés soutenir la cause hitlérienne, provoque émoi et contestation à Fribourg. Il faut alors la ténacité de Mère Marie-Jeanne Comte, abbesse de la Maigrauge, et l’intelligence tactique du conseiller d’Etat Joseph Piller, président du gouvernement fribourgeois, pour vaincre les résistances.
Dès septembre 1938, le Père Sighard Kleiner, futur prieur de la communauté, s’installe à Fribourg, à la rue de la Vignettaz, avec quelques confrères. La prudence est de mise, pour éviter d’indisposer les autorités fédérales. La refondation en août 1939 est annoncée comme la création d’un prieuré. L’abbaye, ce sera pour plus tard.
Durant ces années de guerre, le groupe de 13 moines connaîtra des situations difficiles. Six d’entre eux sont mobilisés sous l’uniforme allemand et trois tués durant la guerre. En 1944, au sortir du conflit, 10 pères et huit frères convers posent sur la photo, devant l’abbaye. La racine cistercienne a repris vie, malgré les vicissitudes de ce temps troublé.
(apic/bl/mp)