Rome: Les funérailles de la FSSPX à un criminel nazi annulées
Le Vatican a refusé de lui accorder une cérémonie catholique
Rome, 16 octobre 2013 (Apic) Des catholiques traditionalistes de la Fraternité sacerdotale St-Pie X (FSSPX), séparée de Rome depuis 1988, ont tenté de donner, le 15 octobre 2013, des funérailles au criminel de guerre nazi Erich Priebke. L’ancien SS est responsable du massacre de 335 civils, dont plusieurs dizaines de juifs, dans les Fosses Ardéatines, à Rome, en 1944. Il est mort le 11 octobre à l’âge de 100 ans, dans la capitale italienne. A cause de La présence de manifestants néonazis, la police a finalement annulé la cérémonie. Après débat, le Vatican a refusé d’accorder à l’ancien SS des funérailles catholiques.
Le début de la cérémonie s’était déroulé en présence de quelques néo-nazis et au milieu de protestations de centaines de manifestants anti-fascistes, rapporte l’AFP. «Assassin», «Emmenez-le à la décharge», criaient les quelques 400 personnes rassemblées devant le séminaire de l’Institut Pie X, siège italien de la communauté fondée par Mgr Marcel Lefebvre.
Certains protestataires ont donné des coups de poing et de pied au passage du corbillard. Selon les médias, un prêtre du séminaire a été bousculé par la foule.
Une trentaine de militants d’extrême droite ont fait des saluts nazis et entonné des chants fascistes. La police, craignant que l’événement «se transforme en meeting néo-nazi» a annulé la cérémonie.
Le lieu de sépulture reste indéterminé alors que ni l’Allemagne, son pays natal, ni l’Argentine où il a vécu caché pendant plus de 40 ans, ni Rome où il a habité ces dernières années, ne veulent du corps de l’ex-capitaine SS.
Un homme sans remords
L’ex-officier SS vivait depuis près de 15 ans dans la capitale italienne, assigné au domicile de l’un de ses avocats, après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité. La cérémonie funéraire avortée a eu lieu à une vingtaine de kilomètres du lieu du massacre des fosses Ardéatines. L’opération avait été menée en représailles à la mort de 33 soldats allemands tués par un attentat en plein coeur de Rome. Erich Priebke a admis avoir tué de sa propre main deux des prisonniers et supervisé l’exécution des autres. Il n’a jamais émis de remords à propos de ces actes et a laissé un testament niant la réalité de l’holocauste.
Interrogé dans une émission de «Radio 24», un prêtre italien lefebvriste, le Père Floriano Abrahamowicz, a pris la défense d’Erich Priebke, assurant être son ami. «Je le considère comme un chrétien catholique, un soldat fidèle, un innocent derrière les barreaux», a-t-il déclaré.
La FSSPX a défendu sa décision d’organiser les obsèques d’Erich Priebke en affirmant que tout chrétien avait droit à des funérailles.
Faut-il offrir des funérailles aux pécheurs non repentis?
Suite à sa mort, les autorités vaticanes se sont trouvées devant un dilemme. Apparaissant que Priebke s’identifiait comme un catholique, bien que rien ne montre qu’il ait réellement pratiqué sa foi, l’Eglise devait-elle lui accorder une cérémonie funéraire?
Le lendemain de la mort du SS, le vicariat de Rome a publié un communiqué indiquant qu’aucune église catholique ne serait mise à disposition pour les funérailles de l’ancien officier nazi, a rapporté le 13 octobre le «National Catholic Reporter» (NCR). La décision a été justifiée sur la base de l’article 1184 du code de droit canonique qui stipule que «Doivent être privés de funérailles ecclésiastiques, à moins qu’ils n’aient donné quelque signe de pénitence avant leur mort:…les autres pécheurs manifestes, auxquels les funérailles ecclésiastiques ne peuvent être accordées sans scandale public des fidèles».
Riccardo Pacifici, le président de la communauté juive de Rome, a salué le refus, précisant qu’il allait dans le sens de la récente déclaration du pape François selon laquelle «on ne peut pas être à la fois chrétien et antisémite».
Mais au sein de l’Eglise catholique, certaines personnalités ont exprimé à ce sujet un point de vue différent. C’est le cas du cardinal suisse Georges Cottier, cité par NCR. Il a jugé que la miséricorde s’étendait même «aux plus grands pécheurs». Le prélat helvétique a admis qu’il y a des cas dans lesquels les funérailles peuvent être refusées. Mais il a estimé que ces cas devaient être le plus rare possible, parce que «tout le monde a besoin de la prière». Pour Erich Priebke, le cardinal avait préconisé de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter le scandale, notamment «une cérémonie simple et sobre».(apic/ag/rz)