Exploitation politique des préjugés racistes
Italie: Les Italiens sont des «analphabètes religieux», selon une enquête de Gfk Eurisko
Rome, 28 août 2013 (Apic) Les Italiens sont des «analphabètes religieux», selon une enquête de l’Institut de sondage Gfk Eurisko, effectuée pour le compte de la «Chiesa Evangelica Valdese», l’Eglise évangélique vaudoise d’Italie. Bien que 90% des Italiens prétendent avoir reçu une éducation «catholique», ils sont plus de 50% à avoir des idées confuses sur les auteurs de la Bible et seuls 16% sont en mesure de placer en ordre chronologique Noé, Abraham, Moïse et Jésus.
Professeur en sciences politiques à l’Université de Rome «La Sapienzia», le politologue Paolo Naso, cité par l’agence de presse de la Conférence épiscopale italienne SIR, estime qu’»ignorer ou ne pas disposer des clés de compréhension de la réalité religieuse signifie manquer à la citoyenneté sociale, à la dynamique de l’intégration, à la simple coexistence dans l’espace public». L’enquête montre que moins de deux Italiens sur dix sont en mesure de citer les Dix Commandements et le 41% ne sait pas en citer un seul.
Ces résultats ont été présentés à l’occasion du Synode des Eglises méthodiste et vaudoise d’Italie, qui se tient du 25 au 30 août 2013 dans la «capitale des Vaudois» du Piémont, à Torre Pellice, dans la province de Turin. 180 délégués, dont la moitié sont des laïcs, sont réunis dans la «Genève italienne», venant de toute l’Italie et de l’étranger. Ils ont pris connaissance avec une certaine surprise des résultats de l’étude portant le titre de «Sainte ignorance. Les Italiens, le pluralisme des diverses fois, l’analphabétisme religieux».
Catholiques et ignorants des réalités religieuses de leur pays
L’agence SIR a évoqué cette réalité avec Paolo Naso, coordinateur de la Commission d’études de la Fédération des Eglises évangéliques en Italie (Fcei). Le professeur relève que bien qu’un nombre élevé de personnes se définissent sans hésitation comme catholiques, «à cette identité correspond un analphabétisme religieux absolu». Citant de nombreux exemples, il souligne que le phénomène s’est accentué d’année en année, Il concerne plus particulièrement les jeunes.
A la question, par exemple, de savoir qui a initié la réforme protestante, près de 50% des Italiens savent que c’est Luther, mais si l’on pose la même question à des jeunes de moins de 30 ans, qui ne sont pas si éloignés de leurs années d’étude, ils ne sont plus que 31% à donner une réponse exacte.
La présence musulmane en question
«C’est préoccupant», estime-t-il, car il existe à ses yeux une corrélation importante entre racisme et analphabétisme religieux. Cela concerne particulièrement la vue qu’ont les Italiens de la présence musulmane dans le pays. Seon lui, c’est le résultat de la diffusion, par certains milieux politiques, de thèses sur le «choc des civilisations». Certains partis en ont fait leur fonds de commerce. «Les effets négatifs en termes de préjugés sont malheureusement sous les yeux de tous, quand les logiques discriminatoires et d’exclusion deviennent le sens commun». (apic/sir/be)