Syrie: L'Eglise orthodoxe russe va envoyer 1,3 million de dollars aux victimes du conflit
Collecte dans toutes les paroisses
Moscou, 31 juillet 2013 (Apic) L’Eglise orthodoxe russe va envoyer quelque 1,3 million de dollars aux victimes du conflit qui ensanglante la Syrie, annonce l’édition du 31 juillet 2013 du quotidien russe «Izvestia». Le patriarche Cyrille de Moscou avait lancé fin juin un appel à la solidarité avec les chrétiens de Syrie.
Le chef de l’Eglise orthodoxe russe avait demandé à toutes les paroisses d’organiser une collecte de fonds le dimanche 30 juin. L’argent a été versé au Département synodal pour la charité de l’Eglise orthodoxe russe, chargé de coordonner cette initiative. L’argent recueilli va être transféré au Patriarcat d’Antioche, à Damas.
«L’Eglise d’Antioche aide les victimes du conflit militaire. On distribue des couvertures, des matelas, de la nourriture et des produits d’hygiène aux personnes en difficultés dans diverses régions. Ainsi, notre aide sera très importante. Pour sa part, le patriarcat d’Antioche a promis de fournir un rapport détaillé sur la répartition de l’argent destiné aux victimes du conflit et réuni par l’Eglise russe», a déclaré Vassili Roulinski, porte-parole du comité synodal pour la charité et le service social, cité par l’agence de presse russe Ria Novosti.
Plus de 5’000 personnes meurent chaque mois en Syrie
Fin juin, le patriarche russe Cyrille avait appelé les croyants à venir en aide aux victimes du conflit syrien en rappelant que le peuple russe avait vécu quelque chose de semblable. «Pendant la Révolution (bolchevique, ndr), la guerre civile et les persécutions contre l’Eglise, des milliers de nos compatriotes ont été tués. Nous ne devons pas regarder avec indifférence une nouvelle effusion de sang innocent. Une récolte de dons a été organisée à cet effet par l’Eglise orthodoxe russe afin de venir en aide aux Syriens dans le besoin», a-t-il déclaré.
Selon l’ONU, depuis juillet 2012, plus de 5’000 personnes meurent chaque mois en Syrie. En deux années de conflit, près de 93’000 personnes ont trouvé la mort. Le chef de la commission indépendante de l’ONU chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme en Syrie a déclaré pendant la réunion de l’Assemblée générale de l’ONU que le conflit syrien avait causé un préjudice de 60 à 80 milliards de dollars à l’économie du pays.
Evgueni Satanovski, président de l’Institut du Proche-Orient, a déclaré que près de 100 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire la Syrie après la fin du conflit armé. «La guerre civile se poursuit en Syrie. Le pays est ruiné et détruit. Les réfugiés et les personnes déplacées se comptent par millions. La communauté orthodoxe est nombreuse dans le pays. L’argent recueilli par l’Eglise orthodoxe russe est un soutien qui n’est pas négligeable pour elle», a-t-il déclaré.
«Nous devons empêcher la disparition des chrétiens au Proche-Orient»
«La tragédie qui frappe la Syrie risque de provoquer la disparition des chrétiens dans ce pays. Si cela arrive, cette tendance se propagera aux pays voisins. Nous devons empêcher la disparition des chrétiens au Proche-Orient», ont estimé les chefs de toutes les Eglises orthodoxes réunis la semaine dernière à Moscou pour les cérémonies du 1025e anniversaire de la christianisation de la Russie ancienne.
«Si les chrétiens meurent dans les hostilités et les conflits, comme c’est déjà le cas en Syrie, où s’ils sont obligés de quitter le Proche-Orient, ce sera une tragédie pour les Eglises orthodoxes et pour l’ensemble de la culture mondiale», a déclaré à cette occasion le chef de l’Eglise orthodoxe russe.
«Ce sera une catastrophe de civilisation. Les sources de notre religion se trouvent dans cette région qui abrite des patriarcats anciens dont les représentants sont ici présents», a-t-il ajouté le patriarche Cyrille de Moscou. Au cours d’une rencontre au Kremlin le 25 juillet, le texte de la déclaration commune des prélats orthodoxes a été remis au président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine par le patriarche Cyrille de Moscou.
Des chrétiens persécutés partout dans le monde
Elevant la voix «en faveur de nos frères-chrétiens persécutés aujourd’hui pour leur foi dans différentes régions du monde», les prélats citent notamment des cas de tortures et d’assassinats de chrétiens au Nigeria, au Pakistan, en Afghanistan, en Inde, au Kosovo, «où des sanctuaires chrétiens sont profanés et de nombreuses églises détruites et de multiples personnes sont privées de la possibilité de se rendre sur les tombes de leurs parents et de prier Dieu sur la terre de leurs ancêtres».
La situation au Proche Orient inspire également «une profonde inquiétude» aux chefs des Eglises orthodoxes. «Un grand nombre des pays de cette région ont été happés par une vague de violence et de terreur, dont les chrétiens sont les victimes. La Libye, où il ne reste presque plus de chrétiens, est déchirée entre groupements ethniques rivaux. Les actes terroristes ne cessent pas en Irak, où il ne reste plus qu’un dixième du million et demi de chrétiens qui y vivaient. La situation en Egypte devient de plus en plus alarmante, l’opposition étant entrée dans une énième phase sanglante, tandis qu’on y observe un exode massif de la population chrétienne».
«Extermination massive des chrétiens» en Syrie
«La situation est aujourd’hui particulièrement tragique en Syrie», peut-on lire dans le message des chefs des Eglises orthodoxes (https://mospat.ru/fr/2013/07/25/news89183/). «Dans le feu d’une guerre fratricide, il se produit une extermination massive des chrétiens et des représentants d’autres groupes religieux, écartés de leur villes et villages de naissance, des lieux où ils ont voisiné pendant des siècles avec les représentants d’autres traditions religieuses».
«Les groupuscules militarisés ne reculent devant aucun moyen pour parvenir à leurs fins. Leurs membres radicaux vont toujours plus loin dans leurs exactions criminelles. D’épouvantables scènes de violence, les exécutions publiques, l’humiliation de la dignité humaine et le bafouement des droits de la personne deviennent habituels. Les enlèvements et les assassinats, souvent perpétrés pour des raisons vénales, font désormais partie du quotidien. Les extrémistes n’hésitent pas à offenser les responsables religieux, traditionnellement respectés en Orient».
Les prélats orthodoxes déplorent le fait que «les médias internationaux, de même que de nombreux hommes politiques, passent sous silence la tragédie des chrétiens du Proche Orient». (apic/rianovosti/mospat/be)