Brésil: Bilan au lendemain des JMJ de Rio
Un pape adulé, une organisation critiquée
Rio de Janeiro, 30 juillet 2013 (Apic) Au terme de son premier voyage pastoral, le pape François laisse au Brésil l’image d’un homme simple, accessible et réellement attaché à une Eglise qui doit se tenir au côté des plus pauvres. En revanche, les critiques pleuvent sur les lacunes dans l’organisation de ces 28èmes Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ).
Devant l’église de Santa Rosa de Lima, dans le nord de Rio de Janeiro, quatre cars sont sur le point de partir. Des dizaines de jeunes Argentins, Chiliens et Brésiliens se donnent une dernière accolade entre rires et larmes écrasées. Les traits tirés, le Père Luiz Antonio Lopes Pereira, prêtre de la paroisse et coordinateur de la pastorale des favelas de Rio de Janeiro, souhaite lui aussi bon voyage à ces jeunes pèlerins qu’il a accueillis durant les 28èmes Journées Mondiales de la Jeunesse. «Pendant toute cette semaine, nous avons hébergé et nourri plus de 3’500 pèlerins, sourit-il. Cela a représenté beaucoup de travail pour tous les paroissiens qui ont donné énormément de leur temps et de leur énergie pour que cela se passe bien».
«Le pape m’a donné une tape sur l’épaule pour m’encourager»
Satisfait d’avoir pu offrir l’hospitalité, les pensées du Père Luiz Antonio sont néanmoins encore largement tournées vers la communauté de Varginha, un quartier de la favela de Manguinhos, à Rio de Janeiro. Celle-là même que le pape François a visité le jeudi 25 juillet. «Je l’ai accueilli dans notre petite chapelle, se souvient le prêtre. J’ai été présenté à lui par l’archevêque de Rio de Janeiro, Mgr Orani Joao Tempesta. J’ai pu lui expliquer le travail qu’accomplit la pastorale dans les 1’300 favelas de la ville. Il m’a rappelé à quel point il était attaché à la présence de l’Eglise au côté des plus démunis et, en me tapant affectueusement sur l’épaule, il m’a encouragé à continuer. Je l’ai trouvé très simple et surtout très accessible.»
Un pape qui aime les gens
«Accessible». Voilà le mot qui revient dans toutes les bouches pour décrire le pape François lors de ce premier voyage pastoral effectué au Brésil. «Si, durant ses interventions publiques, construites de manière simple mais structurée, il a rarement improvisé, ses déplacements dans la papamobile ouverte ont, en revanche, été l’occasion de démontrer à quel point le pontife aime le contact avec les gens, analyse Jamil Chade, éditorialiste au quotidien «O Estado de Sao Paulo». Son attitude a été en cohérence avec ses appels pour que l’Eglise catholique qu’il dirige aujourd’hui soit plus simple et plus proche des gens».
Pluie de critiques sur l’organisation
Si le bilan pastoral des JMJ et l’espoir suscité auprès des jeunes catholiques est considéré comme largement positif, ces 28èmes JMJ n’en cristallisent pas moins de nombreuses critiques, essentiellement liées à une organisation jugée déficiente sur de nombreux points. Pannes répétées dans les transports publics, choix discutable de Guaratiba, le lieu prévu initialement pour la veillée et la messe de clôture mais abandonné pour cause de mauvais temps, gestion souvent incompréhensible de la zone de Copacabana…
Le maire de Rio donne un zéro
Même le maire de Rio de Janeiro, Eduardo Paes, n’a pu qu’admettre les manquements dans l’organisation, allant jusqu’à attribuer aux services municipaux et de l’Etat la «note zéro». Les forces de l’ordre ont été au centre des critiques. Elles ont ainsi été quotidiennement huées par des riverains, outrés de se voir empêchés de sortir ou de rentrer chez eux… une heure avant le passage du pontife et souvent plus d’une demi-heure après son départ de la plage de Copacabana. Généralement pour de bien obscures «raisons de sécurité». Un déficit de maîtrise qui, à moins d’un an de la Coupe du Monde de football, inquiète d’ailleurs de nombreux observateurs. Ces derniers ne manquent pas de souligner que les supporters de foot sont souvent plus difficiles à gérer que des pèlerins.
«Avec ce pape, quelque chose a changé»
Reste que pour la plupart des Brésiliens, la venue du pape restera un excellent souvenir. A l’image de Maria, 24 ans, une habitante du Complexe de l’Allemand, l’une des plus grandes favelas de Rio de Janeiro, venue assister, comme 3,2 millions de personnes, à la messe de clôture de ces JMJ, dimanche 28 juillet, sur la plage de Copacabana. «Je suis née catholique, mais vers l’âge de 18 ans, j’ai commencé à me détourner de l’Eglise, explique cette coiffeuse. Mais je sens qu’avec ce pape, quelque chose a changé. Et pas seulement pour moi. J’ai vu plein de gens dans mon quartier être heureux de découvrir un homme si simple, si accessible, si proche des gens pauvres. Du coup, je crois que, comme beaucoup de gens, je vais aller à la messe dimanche prochain». De quoi conforter le Père Luis Antonio dans ses convictions : «Si l’Eglise catholique va vers les gens, les gens iront vers l’Eglise catholique». (apic/jcg)