Le Père Maes dénonce le «nettoyage ethnique» visant les chrétiens
Syrie: Le Monastère de Saint-Jacques le Mutilé dans le collimateur des djihadistes
Rome/Qarah, 4 juillet 2013 (Apic) Le Monastère Saint-Jacques-le-Mutilé, situé entre Damas et Homs, est dans le collimateur des djihadistes. Appartenant au diocèse gréco-catholique de Homs, Hama et Yabroud, cet édifice religieux du 6ème siècle est en grand danger, rapporte le 4 juillet 2013 l’agence d’information vaticane Fides.
Le Père belge Daniel Maes, un religieux prémontré de l’Abbaye de Postel âgé de 75 ans, est menacé par les groupes djihadistes qui entendent l’éliminer et envahir le monastère Saint Jacques le mutilé (Mar Yakub), à Qarah. Le monastère se trouve dans une zone de frontière entre les groupes belligérants et pourrait être occupé afin de devenir une base logistique militaire des rebelles.
Bombardements par des hélicoptères
Après la mort du Père François Mourad, assassiné par des militants islamistes dans le couvent franciscain de Ghassanieh, la communauté chrétienne de Syrie est fortement préoccupée. «Toutes les lignes de communication avec le monastère sont interrompues». L’alarme est parvenue à l’Agence Fides par l’intermédiaire de responsables catholiques syriens et de parents des moines résidant au Monastère Saint-Jacques. Ils sont de neuf nationalités différentes, y compris européennes.
Le Père Maes a enseigné la théologie morale en Belgique pendant 20 ans et réside dans ce monastère depuis 2010, où il est directeur du séminaire. Le monastère de Qarah est une structure antique qui a été restaurée. Elle abrite une communauté monastique féminine, placée sous la conduite d’une religieuse palestino-libanaise, Sœur Agnès Mariam de la Croix, qui s’est enrichie au fil du temps d’une communauté religieuse masculine et de familles de laïcs chrétiens, sunnites et alaouites.
Au cours de ces derniers mois, le monastère s’est trouvé au centre d’affrontements violents et a été touché et endommagé par des bombardements d’hélicoptères de l’armée régulière qui, vraisemblablement, entendaient frapper des dépôts d’armes dans les galeries et les fossés proches du monastère. Ils étaient utilisés à l’époque byzantine pour accumuler des provisions d’eau.
Logique de haine sectaire
Depuis quelque temps, le monastère accueille et assiste des familles de réfugiés, indépendamment de leur appartenance religieuse. Le Père Maes a des contacts étroits avec des groupes de Syriens se trouvant en France, en Belgique et aux Pays-Bas qui, au travers d’associations de bénévolat, lui envoient des aides humanitaires.
Le prêtre a dénoncé le «nettoyage ethnique» visant les chrétiens à Qusayr, lorsque la petite ville a été prise par les rebelles et les groupes djihadistes. «Les villages chrétiens environnants ont été détruits et tous les fidèles qui pouvaient être capturés ont été tués suivant une logique de haine sectaire», a-t-il écrit au cours de ces dernières semaines à l’Agence Fides.
Salafistes et fondamentalistes veulent imposer une dictature totalitaire
«Pendant des décennies, chrétiens et musulmans ont vécu en paix en Syrie. Si des bandes criminelles peuvent terroriser les civils, ceci n’est-il pas contraire aux lois internationales ? Qui protégera les innocents et pourra garantir l’avenir de ce pays ?», lance le Père Maes. «Les jeunes sont déçus parce que les puissances étrangères leur dictent les priorités. Les musulmans modérés sont préoccupés parce que les salafistes et les fondamentalistes veulent imposer une dictature totalitaire de type religieux. Les citoyens sont terrorisés parce qu’ils sont les victimes innocentes de bandes armées».
Selon lui, «le régime syrien avait depuis longtemps perdu toute crédibilité. Aujourd’hui, il est urgent de faire survivre la Syrie. Le peuple syrien lui-même doit réformer le pays, selon un processus de vraie démocratie». Pour le religieux belge, ce peuple, de manière autonome, doit garantir «l’égalité de traitement à tous». (apic/fides/be)