Rome : L’Autorité d’information financière du Vatican présente son premier rapport d’activité
Six activités financières suspectes en 2012
Rome, 22 mai 2013 (Apic) L’Autorité d’information financière du Vatican (AIF) a présenté, le 22 mai 2013, son premier rapport sur son activité de surveillance et de prévention en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Le document fait état d’une activité suspecte identifiée en 2011 et de 6 en 2012.
Dans son rapport d’une douzaine de pages accompagné de nombreuses annexes, le directeur de l’AIF, le Suisse René Brülhart, souligne combien le Vatican veut être un partenaire efficace au niveau mondial qui agisse en «cohérence avec une mission sur le plan moral».
Nouvelles initiatives
L’exigence concrète d’établir un système interne solide et efficace a donné lieu à de nouvelles initiatives, comme le gel immédiat des avoirs de personnes susceptibles de menacer la paix et la sécurité internationale. Cette exigence a conduit en outre à lancer le processus d’adhésion au ‘groupe Egmont’. Ce forum international créé en 1995 réunit les unités d’information financière de 133 Etats et juridictions, chargées de recevoir et de traiter les déclarations de soupçon de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Juste avant de travailler pour le Vatican, René Brülhart avait été vice-président d’Egmont.
Selon l’avocat suisse, également ancien directeur de la ›Financial intelligence unit’ (FIU) du Liechtenstein, il s’agit de répondre à l’exigence d’un système interne efficace et durable sur le plan institutionnel, juridique et technique. Face aux défis à venir, le Saint-Siège et l’Etat de la Cité du Vatican doivent faire preuve de persévérance.
Activités suspectes
Par ailleurs, la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège a adopté, le 3 avril 2012, une liste de sujets, notamment sur la base de résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu, «identifiés comme destinataires d’un gel de leurs avoirs dans la mesure où ils menacent la paix et la sécurité internationale». «Le même jour, l’AIF a procédé au gel immédiat des avoirs et des ressources économiques potentiellement attribuables à des sujets présents sur cette liste».
Le rapport fait état d’une activité suspecte identifiée en 2011 et de six en 2012. Cette augmentation est «due au renforcement du système d’information et de collaboration au niveau interne et international» voulu par le Vatican. Et René Brülhart d’interpréter cette augmentation comme la preuve de l’efficacité du système d’information de l’AIF.
Parmi les autres chiffres révélés par le rapport annuel, figure le nombre de déclarations de «transport transfrontalier» d’argent liquide d’un montant supérieur à 10’000 euros. En 2011, à partir du mois d’avril, on a constaté quelque 660 déclarations en entrée et quelque 1’900 en sortie. En 2012, près de 600 transferts d’une somme de plus de 10’000 euros vers le Vatican ont été enregistrés, contre près de 1’800 sorties.
Les recommandations de Moneyval appliquées en 2013
Selon un communiqué publié par le Bureau de presse du Saint-Siège, l’AIF prévoit de renforcer en 2013 le système de prévention et de lutte contre le blanchiment d’argent et du financement du terrorisme, «y compris l’application des recommandations de Moneyval», l’organisme du Conseil de l’Europe qui évalue les efforts des Etats en la matière.
Devant la presse, René Brülhart a précisé que l’activité d’enquête de Moneyval ne concernait pas uniquement l’activité de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR, la Banque du Vatican), mais de l’ensemble du Saint-Siège.
Le directeur de l’AIF a annoncé sa volonté de produire chaque année un rapport complet. Il a aussi indiqué que les pouvoirs de l’AIF seraient renforcés dans les mois à venir. (apic/imedia/cp/mp)